le Pirate Forum

  
Bien sûr qu'il faut citer ses sources.
Mais dans ce cas, je ne pouvais pas ne pas situer l'auteur de cette compilation, et sa période de parution.
Lorsque je cite son Histoire de l'armée allemande et ses Éclaircissements sur Mein Kampf, c'est bien pour situer un acteur politique particulier des années 39-44, et je l'ai fait, peut-être à tort, en usant d'un certain second degré.
Quant à son Histoire de l'armée allemande dont le dernier tome De Vienne à Prague (1938-1939) paraît à la fin de 1939, si elle est vraiment une référence, elle ne peut l'être qu'avec la précaution d'une lecture avertie.

Aujourd'hui, comme hier, la longue liste ne cesse de s'allonger.

On ne meurt plus "pour la France", on meurt "au combat" et il ne reste alors de ceux là que le souvenir de leurs rires, de leur jeunesse, de leur enthousiasme et puis une pauvre boite avec quelques lettres, des photos, des insignes, des médailles...

http://www.dailymotion.com/video/xdt0li ... eve-c_news

  
Je vais jouer mon habituel rôle de casse-b.
Tant pis si je lasse...

On ne peut pas, une seule seconde, mettre sur le même plan un soldat de métier mort dans l'exercice de ses fonctions, (comme un gendarme, un pompier, et même d'autres membres de profession dangereuse), et un soldat conscrit de 14-18, qui par loyauté et nationalisme, sa vie étant a priori dédiée à autre chose, participe à une boucherie organisée par des Etats dont les objectifs le dépassent, et dont on pourra aisément dire qu'ils lui ont volé sa vie.

Le traumatisme de 14-18 a durablement modifié le comportement d'une partie de la population de manière suffisamment importante pour que puisse se développer dans l'entre-deux-guerres un type de mouvement pacifiste qui a mené à la Collaboration.
Ce dernier point concerne mon ultime réaction à la publication sur notre site d'un extrait de livre de Benoist-Méchin.

Oui tu as raison de souligner tous ces points.

C'est vrai aussi qu'il y a eu trois sortes de collaborateurs, si l'on schématise : des fascistes, des voyous et des pacifistes. C'est à cette dernière "catégorie" qu'appartient Benoist-Méchin, intellectuel traumatisé par 14-18, et illuminé par le discours allemand de la fin des années 30 qui ne parlait que de paix, et dont les positions durant la guerre étaient sans doute pire que celles des nationaux-socialistes qui l'ont d'ailleurs écarté pour cela.

Je ne sais pas, si j'avais eu 20 ans en 1940, quels sont les choix que j'aurais fait. Mon grand-père, qui a continué la guerre puisqu'il faisait partie de la 2è DB, m'a déclaré qu'il n'avait fait aucun choix, que cela s'était fait comme cela, d'ailleurs contre l'avis de ma grand-mère qu'il n'a pas vue pendant 5 ans.
"Le Leica 50mm Summilux est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux"

Il faut faire attention quand même , tous les pacifistes de l'entre deux guerre n'ont pas donné des collaborateurs, on peut citer Guy Mollet par exemple qui est passé du pacifisme au statut de prisonnier de guerre puis à celui de résistant, il y en a eu d'autres.
Dans la classification des collaborateurs indiquée par Jmichel33, me semble-t-il, il en manque une qui est constituée des Lâches qui n'ont pas voulu prendre position et qui ont profité de la situation, elle me semble même la catégorie la plus nombreuse.
Enfin concernant Benoist Mechin, je ne suis pas sûr que sa collaboration ne soit liée qu'à son pacifisme, il avait dés le début des années 30 manifesté une très nette adhésion aux écrits de Hitler (Mein Kampf 1925) qui ont conduit à son livre sur Mein kampf publié en 1939.
Ayant lu il y a quelques années la prose de Hitler , je n'y ai pas trouvé la moindre idée pacifiste même au second degré.

J'approuve entièrement le post de zznortz.

Parmi les oeuvres de JBM

Éclaircissements sur Mein Kampf d'Adolph Hitler, le Livre qui a changé la face du Monde (1939).

La suite de son oeuvre montre sa fascination pour les Empires.

"Il est un journaliste particulièrement au fait des questions internationales et travaille de 1925 à 1927 pour l'agence d'information américaine International News Service (en) du magnat de la presse Hearst. Il collabore ensuite à l'Europe nouvelle de Louise Weiss. Elle le congédie plus tard, lui reprochant son admiration pour Hitler auquel il a consacré une biographie, retraçant son ascension.

Benoist-Méchin fait preuve d'opinions ouvertement favorables à Hitler et au nazisme. Il voit en Hitler un régénérateur de l'Europe, puis celle-ci une fois dominée, son fédérateur. Pacifiste, partisan d'un rapprochement avec l'Allemagne, il devient un familier d'Otto Abetz, l'homme de Hitler en France au sein notamment du Comité France–Allemagne dont il est membre. Il avait adhéré dés 1936 au PPF de Jacques Doriot.

Par exemple, dans son livre, Éclaircissements sur Mein Kampf, publié en 1939 chez Albin-Michel, il note à propos de Hitler : « C’est un visionnaire qui a décidé de réaliser son rêve avec le réalisme d'un homme d'État ».
in Wikipedia (fiche honnête)

C'est un fort curieux pacifiste, qui le fit adhérer au PPF dès 1936 comme indiqué.

Pour moi pacifiste dans le cas de JBM est un masque opportuniste.

  
lorsque j'écrivais ceci, page précédente :
Je le suis généralement beaucoup moins par Jacques Benoist-Méchin, auteur de ce choix de textes de soldats paru en 1942.
Je tiens donc à préciser, quelle que soit la qualité de cette belle phrase d'un soldat dans la tourmente, qu'ici, nous n'hébergeons pas volontiers les publications des amis de Charles Maurras et de Brasillac, et ce, tout en reconnaissant l'intérêt historique de son ouvrage Histoire de l'armée allemande ou de Éclaircissements sur Mein Kampf, fort opportunément parus en 1939.
Une publication comme celle qui est citée ici servait un certain type de mouvement pacifiste comme celui de cet ami de Jacques Doriot et de son PPF, également familier d'Otto Abetz, animateur du Comité France–Allemagne.
c'était bien pour expliquer qui est le personnage, et situer ce type de pacifisme très particulier qui s'exprime préférentiellement en vantant ceux qui préparent la guerre totale, et leurs thuriféraires.

Bien sûr, on ne peut s'arrêter à une énumération qui présente comme seuls pacifistes ces personnages sulfureux amis de Maurras et de Doriot.
Beaucoup de mouvements politiques ont été tout particulièrement ambigus dans ces années de confusion, mais pas tous !

Jmichel33 va un tout petit peu vite en besogne en écrivant "illuminé par le discours allemand de la fin des années 30 qui ne parlait que de paix", car c'était loin d'être le cas, malgré quelques faux-nez comme les associations d'amitié franco-allemande.

Je ne sais pas si je "vais vite en besogne", mais ce que je sais, c'est que le "pacifisme" d'entre-deux-guerres est considéré "politiquement correct" non seulement des deux côtés du Rhin, mais aussi en Angleterre.
Les propos de Neville Chamberlain, à sa descente d'avion, revenant de la conférence de Munich, où il décrit Adolf Hitler comme "le plus grand artisan de la paix de l'histoire", est assez significatif.
Seul, je crois, Churchill s'était élevé contre ces propos dans cette phrase célèbre : 'Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre"
"Le Leica 50mm Summilux est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux"

  
Tout le monde a en mémoire le célèbre « Moi, qui n’ai cessé de lutter pour la paix, qui depuis bien des années lui avais fait d’avance le sacrifice de ma vie, je n’en puis éprouver de joie et je me sens partagé entre un lâche soulagement et la honte. » de Léon Blum, dans Le Populaire du 1er octobre 1938.

La traduction de Chamberlain me paraît étrange. Dans mes souvenirs, il aurait plutôt dit quelque chose de ce genre : « le chancelier est un homme sur qui l'on peut compter s'il a engagé sa parole ». Erreur certes, mais moins ridicule.
    P..... 100 ans !

  
En novembre 2007, le site alors tout jeune, je me plongeais dans un souvenir d'enfance que j'ose, sept années plus tard, exhumer en ce 11 novembre, jour particulier où il m'est impossible de ne pas me souvenir ....



Je ne devais avoir guère plus de 7 ou 8 ans et je passais toutes les grandes vacances dans la petite maison des grands parents. Comme bien des garçons à cet âge je me régalais à jouer à la guerre me fabriquant des sabres, poignards et autres fusils dans des planches de bois, difficilement découpées mais ornées de quelques clous et lanières. Chevauchant un vieux vélo je partais chaque matin à l’assaut des troupes ennemies que je décimais dans faillir. Ma cible préférée était un talus régulièrement envahi par les orties que je me délectais à sabrer tels de féroces ennemis dont le seul but était de s’attaquer à mes cuisses dénudées, me laissant de glorieuses mais très douloureuses marques de combats. Je veillais à ce que personne ne m’observe dans cette noble aventure mais il arrivait bien souvent, sans doute alerté par mes cris vengeurs, que le grand père me surprenne. Systématiquement je me faisais traiter de grand couillon et quand l’occasion se présentait, il me désarmait et jetait mes armes sur le tas de paille, tout au fond du grenier.
Connaissant mon courage pour y grimper vu le nombre de rats qui s’y ébattaient joyeusement, il était tranquille de ne pas les retrouver dans mes mains… Ce grand père que j’aimais par ailleurs plus que tout, car c’est avec lui que le petit citadin que j’étais apprenait tant de choses de la vie, me plongeait dans ces moments dans une terrible déception. Mais les vacances continuaient…et d’autres planches et bâtons se transformaient. Les jours de pluie mes petits soldats, en plomb pour les plus anciens et en plastiques pour les plus récents trouvés dans les paquets de café, étaient soigneusement rangés sur les lignes dessinées sur la nappe en toile cirée. Les batailles faisaient rage et je n’étais pas avare de bruitages et autres commentaires belliqueux. Ce qui faisait rire la grand-mère mais énervait le grand père qui, d’un coup de casquette qu’il ne quittait que pour dormir ou entrer dans les églises, envoyait valdinguer mes armées soudainement en déroute. « La guerre, la guerre, il ne sait que jouer à ça ! » disait-il avec un air furieux. Je le trouvais bien sévère mais je rangeais les soldats dans la boite en fer et la grand-mère levant les yeux au ciel le traitait de « vieux bourri ». J’évitais donc, lorsque cela était possible, de déclencher cette colère chez le grand père me demandant ce qui pouvait bien me valoir cette réaction « antimilitaire » de la part de celui chez qui trônait pourtant dans un cadre, au milieu des assiettes posées sur le vaisselier, une paire de médailles militaires au tissu délavé. J’eus la réponse un dimanche matin et c’est sans doute ce dernier 11 novembre qui m’a rappelé cette histoire jamais oubliée finalement. L’habitude était prise, ce jour de la semaine, de faire « la grande toilette du dimanche ». La maison étant petite tout se faisait aux yeux de tout le monde : du moins ceux qui étaient présents. Le cérémonial était toujours le même. D’abord rasage avec blaireau et coupe-chou, plus toilette « du haut » dans la bassine de l’évier, la même que celle qui servait à faire la vaisselle. La toilette « du bas » se faisait derrière le paravent déplié pour l’occasion ! Ce jour-là j’osais poser une question que j’avais bien des fois retenue. « Dis pépé, c’est quoi cette cicatrice sous ton épaule à gauche ? » La réponse tomba, un classique du genre : « T’occupes ! ». J’insistais pourtant et secondé par la grand-mère j’obtins un récit qui me glaça les os. Aujourd’hui encore !

« Nous étions dans une tranchée, près de Douaumont. L’heure de la charge approchait et nous étions les copains et moi serrés les uns contre les autres, morts de trouille. On attendait le coup de sifflet pour sortir et monter à l’assaut. J’ai ressenti une chaleur terrible dans mon bras, ça ma projeté en arrière, mais comme nous étions sur plusieurs rangs je ne suis pas tombé. Je me suis retourné en tenant mon bras. Le gars derrière moi avait un trou au milieu du front. Une balle de mitrailleuse m’avait transpercé et avait tué le copain derrière ». Il n’en dit pas davantage ; ce n’était pas nécessaire.

J’ai recommencé à jouer à la guerre. Mais plus tout à fait comme avant…







Cathédrale de Séez - Orne
  • Message par Piga, vendredi 14 novembre 2014 à 10h30
    citer

  
Bonjour,

Très beau, ce texte de Tromer que je me souvenais avoir lu il y a quelques années.

Alors, pour lui rendre hommage...




...première fois que je rencontrais un Poilu dans sa tenue bleu horizon. Sans doute avait-il été repeint pour le centenaire.

NB : c'est le monument au mort de Vassy-sous-Pisy ; vous ne connaissez pas ? C'est sur la route de Bierry-les-belles-fontaines.
NB2 : je n'ai pas de telle histoire à raconter. Je n'ai appris que longtemps après sa mort que mon grand-père maternel avait passé toute cette guerre dans les tranchées. Il n'en parlait jamais.
Plog

  
Piga a écrit :
Je n'ai appris que longtemps après sa mort que mon grand-père maternel avait passé toute cette guerre dans les tranchées. Il n'en parlait jamais.

Mon grand père maternel était aussi dans les tranchées, mais de l'autre côté... Il s'est laissé aller une seule fois à m'en parler. Avec de l'effroi dans les yeux et des sanglots dans sa voix.
    le 11 Novembre c'est Veterans Day
  • Message par paga, lundi 17 novembre 2014 à 4h54
    citer

hédoniste nihiliste
La semaine dernière donc, je me suis glissé dans la foule de la 5eme Avenue, pour le fameux défilé:







... à suivre ...

:salue
    Veteran's Day - part 2
  • Message par paga, mardi 18 novembre 2014 à 3h43
    citer

hédoniste nihiliste






:salue
    Lettre à cabu

  
Mon Cher Cabu,
C’est stupide mais commençant cette lettre j’allais te demander comment tu allais … alors qu’on ne s’est pas vus depuis fort longtemps.

Depuis une semaine je ne cesse de penser à toi, un peu plus qu’aux autres. Va savoir. Sans doute cet attachement adolescent à ton Grand Duduche à qui, paraît-il, je ressemblais fort … à une époque lointaine.

Depuis une semaine beaucoup d’évènements se sont produits et c’est un peu le bordel dans les vies et dans les têtes. Je ne vais pas revenir en détail ; des plumes plus alertes que la mienne s’en chargent au quotidien. Je t’écris depuis ce petit rafiot que tu n’as sans doute jamais croisé sur ta route car c’est le seul endroit où il m’est permis de m’exprimer quelque peu. Je ne Facebouque pas,ni ne Twouitte … la chouma quoi ! Ici on vient poster des photos que certains viennent voir ou pas, on peut dire des bêtises, parfois des conneries. Ça dure depuis un certain temps : une petite bande sans prétention. Sauf qu'on n'a pas de comité de rédaction ni de grande tablée pour partager pinard et cochonnaille ...

Il ne faut pas que tu m’en veuilles si je ne suis pas allé à la grande marche de la semaine dernière. Je n’aime pas trop le monde et au-delà de dix personnes je me sens mal… et puis le côté un peu trop « officiel » me gênait un peu aussi. Mais je t’avoue que j’ai beaucoup pleuré. Oui comme beaucoup l’ont fait devant les caméras, sauf que moi j’étais dans mes charentaises, dans ma cuisine … J’ai pleuré de la connerie, de la violence, de la douleur des mères, des femmes, des frères, des sœurs, des enfants … qui m’ont renvoyé à mes propres douleurs vécues au départ des miens, aimés, et morts.

Bref, tu vas me manquer même si je n’achetais pas Charlie et que je vais continuer à ne pas l’acheter parce que mon humour a des limites. Mais tu vas me manquer car avec toi est partie un peu de l’ado qui survit en moi. Et ça, ça fait bien chier ! Pardonne mon langage un peu grossier mais connaissant tes fréquentations, je pense que tu vas supporter. En plus les mots ont rarement la finesse de tes traits de crayon …
A Paris, dans la rue où je gare ma voiture, il y a une école privée juive ; depuis dimanche il y a deux parachutistes en faction, mitraillette en bandoulière. J’ai rigolé en voyant les petites filles passer à côté d’eux en souriant. Je n’ai pu m’empêcher de penser à ta façon de les assassiner (les bérets rouges pas les petites filles) dans tes dessins. « Tu avais juste dix-huit ans, quand on t’a mis un béret rouge. Quand on t’a dit rentre dedans tout ce qui bouge … »

Cabu, je ne peux pas t’imaginer par terre avec des trous dans ton gros pull … hier j’ai entendu la lettre que la fille de Wolinski vient d’envoyer à son père. C’était une belle lettre ; elle m’a donné envie de t’écrire, à mon tour. À propos de Wolinski, quand il aura chopé un ange, peux-tu lui demander si c’est vrai, qu’ils n’ont pas de sexe ?

Je te laisse car je ne voudrais pas trop tarder à faire partir cette lettre en espérant qu’elle ne soit pas interceptée par des gros connards qui, paraît-il, peuvent nous couper l’internet …

Je vais aller voir la fille du proviseur. Elle n’a plus de petits seins pointus mais je suis certain que dans sa poitrine devenue lourde, son petit cœur est très triste.

NB. J'espère que tu vas apprécier le fil que j'ai choisi pour te faire parvenir ce courrier !
    dans un registre nettement plus ....'bucolique....si je peux me permettre

  • Message par Piga, samedi 14 mars 2015 à 20h55
    citer

  
...je comprends maintenant pourquoi il a baptisé "Terre Adélie" le bout de terre de l'Antarctique qu'il avait découvert :marteau:
c'était le prénom de son épouse
et cette terre est particulièrement froide
Plog
  • Message par Tidji, dimanche 15 mars 2015 à 10h50
    citer

et donc un vibrant et fier hommage de sa veuve :pique:



d'où peut-être l'idée qu'elle fut toute retournée et qu'elle avait les boules. :gaga:
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