le Pirate Forum
    Jüdisches Museum & mémorial de l'Holocauste de Berlin

  
Inauguré en septembre 2001, le Jüdisches Museum Berlin est l'oeuvre de l'architecte Libeskind. Intitulé "Between the lines" par l'architecte lui-même, il s'agit d'un immense bâtiment tout en ruptures, en symboles, en signes, en forme d'éclair, ou en étoile de David éclatée, dont la visite se poursuit selon 3 axes qui symbolisent les 3 chemins de la destinée du peuple juif : l'holocauste, l'exil et la continuité.

L'extérieur est en zinc, étincelant au soleil, et on devine déjà les brisures sur la façade.
Les stèles penchées symbolisent l'exil, dans ce qu'il avait d'incertain


Lignes brisées qui sont autant de fenêtres pour faire entrer la lumière dans le bâtiment (pas d'éclairage artificiel)


L'entrée se fait en descente, lignes brisées, ruptures, pour symboliser, je pense, l'horreur, le gouffre dans lequel ont été précipités ces millions d'êtres humains.


De longs couloirs, éclairés par la lumière naturelle, en feux croisés qui mènent à différents axes : ces chemins de la destinée. Ici, comme les noms sur les parois l'indiquent, le chemin de l'Holocauste


Une salle terrifiante : Shalechet ("feuilles mortes")


Des milliers de visages anonymes engloutis dans un hurlement silencieux


Au bout du chemin de l'Holocauste : la Tour de l'Holocauste, qui rappelle les chambres mortuaires. Eclairée à 20m de haut par la lumière du jour qui filtre à travers les parois de béton


Sur le chemin de la continuité, des escaliers qui mènent vers un arbre de voeux, et une exposition sur la vie des Juifs d'Europe au fil des siècles. Brisures, toujours, sur ce chemin


Brisures, ruptures à l'extérieur aussi, dans les jardins du musée


Visite bouleversante.
Pardon si je n'en rends qu'une maigre image...

L'architecte Libeskind signe avec ce musée sa première grande réalisation. Il a depuis été choisi pour réaliser le nouveau World Trade Center de New York sur Ground Zero

Nokia N95

Quelques photos ont aussi été prises au M (film non développé) : si certaines sont intéressantes, je les rajouterai plus tard

  
J'ai du mal à avoir un avis sur un bâtiment au travers de photographies. C'est là toute l'ambiguité des revues d'architecture. Sans plan, pas de perception réelle du travail de l'architecte.
Mais le travail de la photographe me semble excellent.
Il transmet de quoi donner envie de connaître le lieu, et découvrir si ce qu'on perçoit est dû aux photos, ou au bâtiment ?

Terrifiant ! profondément terrifiant ...
  • Message par insoL, vendredi 19 octobre 2007 à 8h52
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Comme Coignet, j'hésite.
Car cette scénographie me met mal à l'aise.
C'est sans doute le but recherché, mais cela aussi me met mal à l'aise et j'ai des craintes à propos du futur WTC sur Ground Zero.
Cette architecture "expressionniste" (?) me paraît disproportionnée par rapport à l'effet produit.
(Dès lors qu'il ne s'agit que du rapport entre l'effort produit et ses effets et non d'un rapport, supposé, avec la démesure absolue du génocide perpétré par les nazis.)

Par contre, le reportage de Marielle est très réussi et je suis épaté par l'usage qu'elle fait du Nokia N95 (faut-il tout bazarder ?) :oops:

  
J'irai à Berlin d'ici une dizaine de jours, avec l'un de mes fils (qui apprend l'allemand au lycée).
J'irai voir ce bâtiment à cette occasion, ce qui me permettra d'avoir un jugement étayé.
La mise en scène, aux références effectivement expressionnistes semble "fonctionner".
Je m'interroge sur l'utilité de ce type de mise en scène, sous la forme d'une architecture, d'un bâtiment complet, et non d'une scénographie plus réduite, d'une oeuvre picturale ou sculpturale (Guernica, le cri...).
C'est certainement pour frapper les esprits. Est-il vraiment nécessaire de le faire à ce point, avec des moyens si monumentaux (dans tous les sens du terme, y compris financiers) ?
Mais il faudrait aussi se demander ce qu'est l'architecture, pour en débattre avec sérieux, non ?

Je suis tout à fait d'accord avec insoL concernant la qualité du reportage de notre envoyée spéciale berlinoise.

  
Quelques autres photos, développées aujourd'hui, prises le même jour :
Une grande salle, destinée initialement à y recueillir, gravés sur les murs, les noms des victimes de la Shoah. Il y ont renoncé pour la rendre encore plus "universelle"


La croisée des chemins de vie, croisée de lumière


L'engloutissement dans le néant


Lignes brisées dans les escaliers du chemin de la continuité
(bon, c'est quasiment la même que celle en couleurs, mais je l'aime bien)

Leica M7 + Summilux 50 + APX400 dans Perceptol

  
J'ai une question (que l'on peut certainement trouver sur internet) mais je demande ici.

Le bâtiment n'est-il qu'une mise en scène, comme elle est montrée ici, ou y-a-t-il aussi une partie musée, montrant des documents, car on ne voit que des salles vides, sur ces photos.

  
coignet
Le bâtiment n'est-il qu'une mise en scène, comme elle est montrée ici, ou y-a-t-il aussi une partie musée, montrant des documents, car on ne voit que des salles vides, sur ces photos.

C'est un peu les deux
Essentiellement une mise en scène, de grands espaces vides, sensés provoquer la réflexion, l'émotion.
Et aussi des documents :
- le long du chemin de l'Holocauste : des vitrines avec des lettres, valises, objets des déportés
- au bout du chemin de la continuité : un véritable musée de l'histoire des juifs en Europe
- dans une salle "interactive", des documents visuels, films, témoignages, documentaires

Mais je crois vraiment que l'architecte n'a voulu en faire qu'un bâtiment-manifeste. Une sorte d'architecture philosophique. Il ne ressemble à aucun véritable musée que je connais.
Ton regard m'intéresse.

Voir ici et ici et encore ici et pour les germanophones ici

  
Une autre visite, quelques semaines plus tard.







M7 + summilux 50 + APX400

  
Je reste très réservé et dubitatif devant cette chose (plus ou moins architecturale, plus ou moins muséographique), que j'ai visitée récemment.
J'en causerai bientôt, avec quelques photos.

En attendant, comme il semble qu'en Allemagne on ait quelque mauvaise conscience par rapport aux juifs, il y a d'autres lieux de mémoire.

Celui-ci est assez fort, sorte de parc de tombes comme échouées en ordre dans un sol meuble :



visitable de jour comme de nuit



on peut même profiter du panorama, et acheter des souvenirs…



Leica R5, elmarit 24 mm, de nuit, poses longues (entre 2 et 8 sec), film Neopan 1600 à 800 ISO

  
Comme exprimé plus haut, je suis dubitatif devant la "chose".

Ce n'est pas vraiment un musée, ni vraiment un bâtiment.

Pourtant, il y a bien une façade sur rue :



On accède au bâtiment depuis le hall du musée riverain, en commençant par une descente aux enfers :



Puis on croise des espaces plus ou moins indéfinis, destinés à figer l'horreur ; des enfants s'y amusent...



On emprunte ensuite un escalier qui va nulle part :



Puis on erre sous des signalétiques évoquant un monde disparu.



L'architecture s'obstine, de manière rarement légère, à nous rappeler sa violence supposée.



Voici donc mon sentiment : pas un musée, pas un bâtiment au sens où on l'entend habituellement, mais un mausolée-manifeste, dont le message est triple :
- les juifs sont des gens comme les autres,
- ils ont été massivement déportés
- cette dernière chose est très mal.

Avant de sortir, on nous signale qu'on n'est peut-être pas totalement la merveilleuse personne sans a priori dont la société moderne rêve.



Du bon sentiment, de l'émotion, pas d'Histoire...
De l'architecture ? Je ne sais pas, il va falloir redéfinir le mot.

insoL : à l'aide : qu'est-ce que l'architecture ?
  • Message par insoL, samedi 1 décembre 2007 à 17h34
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insoL : à l'aide : qu'est-ce que l'architecture ?


Bonne question, que je ne me suis jamais posée, ayant cru avoir d'emblée "ma" réponse. :rollr:

Mais, provisoirement, je dirais que c'est un ensemble de rapports et d'échelles.
(forme / fonction(s) / mise en œuvre / pérennité / symbolique / etc.)

Et que, s'il fallait rechercher une définition, je pense qu'on ne la trouverait que sous la forme d'un "organigramme" très élaboré.

Le cas qui nous occupe ici, me semble vouloir concrétiser ce qui ne peut être qu'évoqué de manière fugace, non permanente ("Synagogengasse" ; "Judengasse" ; … restent des panneaux plus ou moins maladroitement accrochés, alors que … ), un escalier qui ne mène nulle part, c'est un cauchemar qui — "construit“ — devient ridicule (on y passe l'aspirateur une fois par semaine ?).
Et ces poutres, à la fois, dramatiquement entrecroisées et … stupidement inutiles ?

Bref, s'il y a sans doute des "effets" impressionnants (salle des "feuilles mortes", par exemple), il me semble que cela peut devenir facilement dérisoire … si l'on "s'y amuse" (!).
Quant au volume extérieur, il me semble d'une trivialité parfaitement contradictoire.

Edité le 5/12
Mon principal regret est qu'on n'y retrouve pas ce qui me paraît essentiel pour un "grand édifice symbolique" une sorte de "sublimation" d'un système constructif (cf. les cathédrales gothiques).

C'est pareil pour l'impressionnant dédale formé de parallélépipèdes en béton ; combien d'années faudra-t-il pour devoir en interdire la visite, pour raisons de sécurité, et devoir le démolir ?
Car, paradoxalement, ces blocs sont fragiles (cf. le mur de l'Atlantique).

Mais il n'empêche que je ne manquerais certainement pas la visite si je me rendais à Berlin et cela doit être un filon pour un photographe.

  
Il y a quelques mois, en visite à Berlin, notre cher Pirate s'exclamait, devant le mémorial de l'Holocauste
on peut même profiter du panorama, et acheter des souvenirs…
J'y suis donc retournée, avec des amies en visite pour le WE : profiter du panorama - sans acheter de souvenirs


Nikon Coolpix S200

  
pfouou !
Très bonne, cette dernière photo, tu as trouvé comment photographier les lieux !

  
Merci :oops: !
J'y suis à nouveau retournée, par grand soleil, pour des essais purement graphiques





Nikon S200

  
Je suis à mon tour retourné au mémorial de la déportation des juifs d'Europe, avec mes enfants, la semaine dernière.
J'ai tenté de le photographier d'une autre manière, qui témoigne mieux de ce qu'il est, et aussi un peu amusante.

Ce sont de petites rues, aux immeubles dont les assises seraient plus ou moins vascillantes



la transition depuis la vraie rue se faisant directement, sans barrières, ni signalétique particulièrement voyante.



Et on s'y promène réellement comme dans la rue



En sous-sol, sur la même trame, une exposition présente simplement, sans pathos inutiles, avec une mise en scène épurée, ce qu'a été la politique d'extermination.
Après cette première salle purement didactique, on marche au milieu de lettres et cartes postales de déportés à leurs amis et familles,



exposées au sol, sur le même rythme que les blocs de la rue,



puis on rencontre une présentation de familles juives et de leurs destins, réparties dans tous les pays d'Europe : que faisaient-ils, que sont-ils devenus ?



Retour vers la rue



ici photographiée par mon fils Guillaume



et ici par moi, sur une idée de mon fils Samuel.



Leica R5, 2/90 2/50 et 2,8/24, Fuji Neopan-400 dév in TMAX

  
La visite du sous-sol du Mémorial rend l'ensemble encore plus impressionnant, car l'histoire personnelle de chaque famille rencontre l'Histoire. Nous ne sommes plus devant des anonymes ou des chiffres abstraits, mais devant des familles, des sourires, des vies fauchées.

Dans l'une des salles : rien d'autre que des noms projetés sur les murs, et une voix qui tente d'en raconter l'histoire




En sortant, une rose posée sur un des blocs gris rend un hommage émouvant à tous ces visages entrevus

M7 + 1.4/50 + APX400, 10'30 dans Microphen

Il y a -1933 jours payés jusqu'au 31/12/2018
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