le Pirate Forum

  
Nous arrivons à Siem Reap, dernière étape de notre voyage, pour la découverte des temples angkoriens. Nous percevons immédiatement que Siem Reap est une ville différente de celles que nous avons vues: des hôtels, à la taille souvent démesurée, se construisent un peu partout financés par des capitaux étrangers. Ils sont souvent laids, donnant à la ville un air de parc d’attraction!
Autre détail, au restaurant les plats sont servis les uns après les autres, alors qu’avant, dans le Cambodge «profond», les plats étaient apportés en même temps sur la table comme c’est l’habitude en Asie.

Notre guide nous fit découvrir un guide d’Angkor écrit par Maurice Glaize, architecte, qui oeuvra sur le site pour l’Ecole Française d’Extrème-Orient, édité pour la première fois à Saigon en 1944. Il fut réédité à plusieurs reprises. Mon édition est la sixième chez J. Maisonneuve Editeur. Ce guide décrit dans une belle langue française les sites d’Angkor accompagnés de plan. Une mine de renseignements et un plaisir de lecture.

Angkor Vat


Angkot Vat est le temple le plus emblématique du site. Il a été construit sous le règne Suryavarman II qui régna de 1113 à 1150. Ankor Vat est un rectangle de 1500 mètres sur 1300 mètres. A l’intérieur de ce rectangle, un mur d’enceinte enferme un espace de 1025 mètres sur 800 mètres. Ankot Vat est le seul temple qui s’ouvre à l’Ouest et non à l’Est. Une hypothèse a été avancée: le temple Angkor Vat aurait été construit par Suryavarman II dans le but de devenir le temple funéraire de ses propres cendres avec une ouverture à l’ouest comme le sont les monuments funéraires indo-javanais.

Le plus ancien écrit qui fait mentionne les site d’Angkot Vat est l’oeuvre d’un voyageur chinois Tcheou Ta-Kouan à la fin du XIII° siècle (Mémoires sur les coutumes du Cambodge).

Je ne suis pas satisfait de mes photos du temple d’Angkor Vat. J’ai eu des difficultés à appréhender ce vaste monument


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Pour éviter la foule, nous entrons par la porte est d'Angkor Vat.
Enceinte extérieure composée d'un haut mur en latérite


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Les célèbres Prasats en forme d'épis de mais se dressent devant nous


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L'intérieur du temple est décoré de sublimes devatas, divinités féminines, et de fausses fenêtres à balustres tournés


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Il est surprenant de voir que les pieds semblent grossiers par rapport à la finesse des traits du visage et du torse


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La galerie de base (dite galerie des bas-reliefs) accessible à la masse des fidèles s'étend sur 187 mètres fois 215 mètres. Les bas-reliefs d'une hauteur de deux mètres tout le long de la galerie représentent un kilomètre de surface totale. On y trouve bien évidemment des épisodes du Mahâbharata et du Ramayana sans oublier bien évidemment le célèbre barattage de la mer de lait!


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Galerie des bas-reliefs visibles sur la droite


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Le barattage de la mer le lait


Nous n'étions bien évidemment pas les seuls sur le site, il y avait des touristes.....


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et Bouddha

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Temple de Prah Kô (Roulos)

Le temple funéraire de Prah Kô situé à Roulos date de la fin du IX° siècle. Je vous poste quelques photos car les lintaux en grès méritent d’être vus.

«On remarquera.....ceux (les lintaux) plus sobres mais à l’état de neuf des fausses portes de la tour médiane, à garuda central tenant la branche, surmontés d’une charmente frise de petites têtes alignées»
Maurice Glaize



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Face est du temple


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Tour ouest


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Linteau avec motif de Garuda
Le Garuda est un oiseau divin à corps humain ennemi des nâgas (stylisation mythique du cobra) et monture de Vishnou


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Il reste un fragment de stuc ancien, chose très rare, fixé sur la pierre. Il semblerait qu’à l’origine une partie des temples était recouvert de stuc.

Autres linteaux dans le temple Lolei à Roulos dont l'architecture ressemble à celui de Prah Kô


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Le Ta Prohm


Le Ta Prohm a été consacré en 1186 par Jayavarman VII qui l'a dédié à sa mère. Ce monastère royal abritait plus de dix mille personnes couvre une superficie d'un hectare. A l'extérieur, 3140 villages et 79 365 personnes étaient affectées au service du temple.

Je cite monsieur Glaize:

" Bien que cette force inlassable de la végétation soit à l'origine de tant d'irréparables désastres, l'Ecole Française d'Extrème -Orient de devait de laisser un temple au moins d'Angkor, à titre d'exemple, en cet "état de nature" qui fit jadis l'émerveillement des premiers explorateurs, montrant ainsi par comparaison l'importance de l'effort qu'elle a déjà accompli dans son oeuvre de sauvegarde des vieilles pierres. Elle a choisi Ta Prohm, l'un des plus importants, l'un des mieux assimilés par la jungle au point de n'être plus que partie assimilée de cette jungle."

Et Maurice Glaize de nous donner des indications de visite:

"Nous demandons en échange au touriste de se laisser lui-même gagner au charme de ta Prohm, de lui consacrer mieux que quelques instants, et de vibrer sans contrainte au gré de sa sensibilité "

Deux espèces d'arbres sont essentiellement rencontrés: le Ceiba pentadra ou kapokier et Ficus Religiosa.


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Terrasse et Gopura, pavillon d'entrée des diverses enceintes des temples


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Fausse fenêtre à ballustres


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Devata


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Prasat

  
Kbal Spean, la rivière aux mille linguas

Pour changer des temples, je vous invite à une promenade dans la forêt à la recherche de la rivière aux mille linguas.
Un sentier en montée conduit en une vingtaine de minute à l'un des affluents du Siem Ram qui descend en torrent. Bien évidemment, en cette saison sèche le débit reste modéré. Cette région fut habitée au XI° siècle qui gravèrent dans la roche des symboles divins et une multitude de linguas d'où le nom de rivière aux mille linguas




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au fond représentation de Vishnou avec en avant plan un ensemble de linguas


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Shiva avec à sa droite le taureau Nandin, véhicule de Shiva, chevauché par Uma, épouse de Shiva connue également sous le nom de Parvati


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ensemble de linguas dravés dans le lit du torrent


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Cascade située en aval de cet ensemble

  
J'ignorais totalement l'existence de la rivière aux mille linguas.
C'est étonnant, et magnifique !

On doit être sans voix, lorsqu'on est au milieu des folles ruines de ce temps d'Angkor mangé par les arbres géants ?
  • Message par HB, mardi 30 mars 2010 à 17h39
    citer

  
Fantastique ces arbres géants :wink: Après une telle promenade, cette cascade doit être agréable :wink: Un bonne douche à poil :lol:

  
Le voyage va doucement sur sa fin mais je vous garde quelques surprises
La suite prochainement, certainement pendant le week-end pascal car contaminé par les maudits virus je suis HS ce soir....
bonne nuit à vous tous
et merci encore pour l'intérêt que vous portez à cette série, ce qui m'encourage à poursuivre

  
Je suis émerveillée par ces arbres géants qui semblent phagocyter les ruines.
Un sacré défi pour les Monuments Historiques et une éventuelle restauration (ou maintien à l'identique des temples et de la végétation) : laisser les arbres manger les ruines sans que celles-ci ne disparaissent totalement, le tout dans une croissance végétale inexorable.

Quant à la rivière, quelle douceur ce doit être !

  
Coignet
On doit être sans voix, lorsqu'on est au milieu des folles ruines de ce temps d'Angkor mangé par les arbres géants ?


C'est vraiment impressionnant d'être au milieu de cette végétation qui tente d'engloutir ces temples. Au Ta Prhom, le touristes fort nombreux, ce temple restant l'archétype du temple envahi par les fromagers, gâchent une peu le ressenti. Heureusement, d'autres temples peu visités laissent aller à la rêverie......

  
Le Banteay Srei


Situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est des grands temples angkoriens, le Banteay Srei, seconde moitié du X° siècle, tient une place à part. De taille réduite, il surprend dès l’arrivée par la richesse de sa décoration. Il ne fut découvert par un officier français qu’en 1914. Il fut dégagé et restauré sou la direction de M. Marchal avec la technique de l’anastylose qui consiste à numéroter chaque pièce puis à les ré-assembler tel un jeu de construction.

Par ailleurs, ce temple fut la cible d’André Malraux accompagné de son épouse Clara lors de son expédition visant à rapporter pour les vendre des statues khmers en 1923. Ils seront arrêtés à Phnom Pehn puis finalement relâchés après intervention du gouvernement français. En 1934, il publie La Voie royale, version romancée de son expédition. J’ai relu ce roman avant mon départ et je l’ai trouvé fort daté.


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extérieur avec entrée exposée à l'est



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intérieur du temple
les statues d'origine sont au musée de Phnom Pehn



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bâtiment situé à l'intérieur appelé bibliothèque


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détail
meurtre du roi Kamça par Krishna





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nous retrouvons nos amis, Kala en haut et Garuda en bas


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vue de l'ouest des trois prasats du temple


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vue sud-ouest du temple avec ses trois prasats


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fronton du gropura d'accès à la voir processionnelle
  • Message par HB, jeudi 1 avril 2010 à 8h43
    citer

  
Encore une belle visite composée de très belles images, merci Michel :wink: Je suis un peu déçu d'apprendre que Malraux était un voleur :oops:

  
HB
Encore une belle visite composée de très belles images, merci Michel :wink: Je suis un peu déçu d'apprendre que Malraux était un voleur :oops:


pour plus d'informations:
http://www.capsurlemonde.org/cambodge/angkor/malraux.html

une erreur de jeunesse :wink:
  • Message par HB, jeudi 1 avril 2010 à 10h25
    citer

  
C'est vrai que ce n'est pas le premier, ni le dernier :wink:

  
Le Bayon

Le bayon est construit fin du XII° siècle ou début du XIII° siècle sous le règne de Jayavarman VII. Les remparts extérieurs forment un carré de trois kilomètres de côté, formant le domaine d’Angkor Thom. Le dégagement du temple par l’école française s’étala de 1911 à 1913.


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La porte méridionale bordée de rangées de dieux et de démons


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Bassin


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Le bayon

Pierre Loti écrit au début du siècle:
Il fallait «en pleine mêlée de lianes et de ronces ruisselantes, se frayer un chemin à coups de bâton. La forêt l’enlace étroitement de toutes parts, l’étouffe te le broie: d’immenses figuiers des ruines, achevant de le détruire, y sont installés partout jusqu’au sommet de ses tours qui lui servent de pédiestal. Voici les portes : des racines, comme des vieilles chevelures, les drapent de mille franges»

Face au Bayon, la première impression est celle d’un temple sans unité, surchargé. En regardant mes photos, j’avais l’impression de ne rien distinguer. J’ai constaté que sur des photos de livres, je rencontre la même difficulté à avoir une vue d’ensemble du bâtiment.


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Arrivé à la terrasse tout change. Les grands visages en pierre sont omniprésents. Un climat de sérénité s’installe.

Maurice Glaize écrit:

«Sur la terrasse supérieure le calme renaît. Saisi par l’impassabilité de ces faces de pierre, on ne pense plus à la vision d’ensemble, à la confusion des plans : errant de l’un à l’autre de ces 200 visages, loin des proportions usuelles et des canons d’architecte, on est pris par ces images plastiques où l’intention se concentre
. Peu à peu le chaos s’ordonne, et l’on s’aperçoit que ce foisonnement de tours est fait d’éléments conjugués groupés au centre en une sorte de gerbe. La bâtisse ne compte plus, mais son symbole.»


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"Le Bayon est moins une oeuvre d'architecte que la traduction dans le monde des formes des spéculations d'âme d'un grand mystique, le roi bouddhiste Jayavarman VII. Les quatre visages de chaque tour regardant aux quatres ponits cardinaux sont, en tant qu'images du bodhisattva Lokeçvara, le signe de l'omniprésence." Maurice Glaize

"Sur la terrasse supérieure, dont on fera le tour complet, on se trouve soudain en plein mystère : où qu'on aille, on se sent dominé et suivi par ces faces de Lokeçvara aux multiples présences, écrasé d'autre part par la masse du groupe central." Maurice Glaize


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Une Aspara


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Bas-relief avec scène d'accouchement en bas au centre

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Intéressant, le voyage !

J'aime surtout ton regard sur les regards des cambodgiens.
Ils dégagent une sorte de joie de vivre attachante. Ils sourient de leurs yeux, ce qui est plutôt rare.
touche pas à mon hamac !
http://barnackla404.blogspot.com/

  
Garontinho a écrit:
Ils sourient de leurs yeux, ce qui est plutôt rare


Quelle belle formulation, Juan

J'ai été surpris par la facilité et la gentillesse avec laquelle ils ont accepté d'être pris en photo. J'ai pris beaucoup de plaisir à photographier tous ces visages. Je pense souvent à eux et à leur sourire. Leur vie matérielle est beaucoup plus difficile que la nôtre. Pourtant ils gardent une joie de vivre que l'occident a perdu.

Je vais essayer de terminer ce fil durant le week-end (rassurez-vous, il n'y a plus qu'une seule série de photos)

  
Proteus
Je vais essayer de terminer ce fil durant le week-end (rassurez-vous, il n'y a plus qu'une seule série de photos)

Je ne pense pas qu'il y ait des Pirates inquiets à suivre ta série :-x
Par curiosité iras-tu jusqu'à faire un editing (comme on dit chez les amis voisins) afin de réaliser un beau livre ?
NB. je trouve l'expression de garotinho très belle et juste :D:
  • Message par HB, samedi 10 avril 2010 à 8h11
    citer

  
Ils sourient aussi avec leur coeur, merci Michel, on ne se lasse pas :wink:

  
Tromer a écrit:
Par curiosité iras-tu jusqu'à faire un editing (comme on dit chez les amis voisins) afin de réaliser un beau livre ?


J'ai effectivement réalisé un livre (format équivalent 21-29,7) sur Aperture3. Commandé mercredi soir via internet, je l'ai reçu vendredi matin à mon lieu de travail :shock2:
Je suis très satisfait du résultat. Certaines photos paraissent un peu moins contrastées que sur mon écran d'ordinateur. Mais je trouve que la qualité de l'impression est bonne (mais je n'ai pas l'oeil d'un pirate pro :-x :wink: )

  
La région de Koh Ker

Maurice Glaize écrivait en 1944

"L'excursion de Beng Méaléa, qui à elle seule demande une journée, peut se combiner avec une partie de chasse, la région étant riche en petit et gros gibier et même en fauves : tigres, panthères et éléphant, troupeaux de boeufs et bufles sauvages peuplent la forêt jusqu'au Prah Khan de Kompong Svay à l'est"


La route pour se rendre à Koh Ker, éphémère capitale de l'empire sous le règne de Jayavarman IV en 928, reste difficile et longue: 3 heures aller dont une heure de piste. Cette région fut truffée de mines lors de la déroute des khmers rouges lors de l'attaque des vietniamiens. Elle fut déminées tardivement grâce à l'intervention de la communauté européenne.


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Le Prasat Thom, temple montagne de 30 mètres de haut, surprend par sa forme pyramidale.



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mur d'enceinte


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douve à l'extérieur du mur d'enceinte

Aux environs du temple, plusieurs prasats on été érigés dont un qui contient un gigantesque lingua qui est resté en l'état, ce qui est exceptionnel, les autres ayant été volés.


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Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons au Beng Méaléa , un chaos d'éboulis qui lui confère un charme particulier. Mais je vous rassure tout de suite, je n'ai pas chassé le tigre. Actuellement aucun programme n'est prévu pour le remettre en état.


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Un bel exemple de Nâga à cinq têtes d'origine hindouiste


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Je termine ce récit photographique de mon voyage au Cambodge par un sourire d'enfant. Ces sourires nous ont accompagnés durant ces deux semaines passées au Cambodge. J'espère qu'à travers ces photos j'ai réussi à montrer que j'ai pris un immense plaisirs à photographier tous ces visages. Merci aux cambodgiens d'avoir accepté d'être photographiés. Et merci à vous d'avoir suivi ce fil.


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  • Message par HB, dimanche 11 avril 2010 à 16h19
    citer

  
J'ai vu que tu faisais référence à Pierre Loti, j'ai visité sa maison-musée à Rochefort :wink: J'adore le portrait de cette petite fille et peut-être son petit frère ? :bise:

  
HB
J'ai vu que tu faisais référence à Pierre Loti, j'ai visité sa maison-musée à Rochefort :wink: J'adore le portrait de cette petite fille et peut-être son petit frère ? :bise:


Henri, ne crois-tu pas qu'il s'agit plutôt de sa petite-soeur :?: :wink:
  • Message par HB, dimanche 11 avril 2010 à 19h55
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J'avais pas mes lunettes :lol:

  
coignet
Parce que j'ai pensé à une remarque de Jacques, Pote qui avait trouvé qu'il y avait trop de photos dans notre sujet Munichois.


Je reste fidèle à ma rectitude (n'y voir aucun allusion anatomique) : il y a trop de photos pour moi dans le fil de Michel. Je ne peux pas me concentrer sur autant d'images. Au bout d'un moment j'abandonne...

Ce qui est amusant, c'est que cet été notre cadet, étudiant en médecine (ça ne s'invente pas), va faire un séjour humanitaire au Cambodge, puis, avec des copains, "visitera un peu l'Asie" (ils prévoient de remonter jusque dans le Nord de la Chine).
Dans son cas, il n'y aura pas trop d'images, vu qu'il n'a pas d'appareil photo...
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

  
Jacques, Pote a écrit:
Je reste fidèle à ma rectitude (n'y voir aucun allusion anatomique) : il y a trop de photos pour moi dans le fil de Michel. Je ne peux pas me concentrer sur autant d'images. Au bout d'un moment j'abandonne...


Je comprends bien ton point de vue. Je suis également partisan des fils courts. En fait, je me suis laissé porter par mon enthousiasme tout en prenant soin de fractionner le fil.
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