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La ville japonaise

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 0h00
Ici, je vais tenter de décrire, par petites touches progressives, la ville japonaise telle que la découvre le visiteur.

Tokyo, Ryogoku



Toute participation est bienvenue.

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 4h09
par paga
Chouette composition, les lignes de fuites sont bien visibles et le lampadaire génère un tension extra.
Mais il me semble voir des problèmes de développement (traces blanches en haut de la photo) :?:

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 9h02
C'est exact. Ces bandes sombres sur le négatif démarrent exactement entre les perforations, et se déploient un peu en éventail.
Je trouve cela curieux car habituellement, c'est depuis les perforations que ce type de marques, résultat d'une mauvaise agitation, se développe.
De plus, ces marques ne sont présentes que sur cette photo, et sont absentes de l'ensemble des 5 films développés dans la même cuve, y compris de la photo juste à côté, prise quelques secondes avant, avec la même optique et le même ciel.

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 10h42
J'aime, comme d'habitude, la pureté de tes cadrages Laurent, tout y trouve sa place d'une façon naturelle on dirait.

PeP

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 10h47
par HB
Cadrage et composition parfaite, l'oeil du photographe-architecte ou l'inverse :wink:

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 11h19
par Garp
C'est au 28mm à bascule ?

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 11h20
28 sans bascule
Juste à décentrement :D:

Attendez-vous à de belles choses, car :pic s'est vraiment fait plaisir avec cette optique :lol:

Il est à voir ici !

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 11h23
par Garp
Je possède le nouveau 24 (bascule & décentrement :bla: ), c'est une optique remarquable :D:

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 11h27
par HB
Faut-il savoir encore s'en servir :lol:

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 11h28
Ton 24 ne va pas sur les F ou F2... Alors... ce n'est pas une optique pour :pic

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 11h30
par HB
:-x Nous nous travaillons avec l'ancien, du solide :lol:

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 11h32
Pour en revenir à la photo présentée ici :
une petite critique (je sais, c'est facile...)

Je trouve dommage que le lampadaire "touche" l'immeuble. J'aurais préféré un minime décalage.
Sinon, cette photo augure bien des suivantes ! :pyrhlov:

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 11h48
Comme les autres pirates, j'apprécie la composition et le cadrage. Je ne sais pas pourquoi mais j'imagine fort bien cette photo comme modèle pour un dessin à l'encre noir dans une BD.

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 13h32
J'attends la suite avec curiosité également.
:-)

Message Publié : lundi 21 février 2011 à 20h03
Je ne m'attendais pas à provoquer tant de commentaires !
Merci à tous.

L'un des traits frappants de la ville japonaise est la différence d'échelle très prononcée entre les bâtiments des grands axes, dont l'architecture est de style international, et qui accueillent les sièges de sociétés, bureaux, hôtels, grands magasins, banques etc., et les quartiers qui sont immédiatement à l'arrière, constitués essentiellement de petites maisons, qui sont toujours de structures légères, et parfois encore de bois.

Ici, à Kurashiki.



Le Japon possède comme nous de grands ensembles de logement collectif dont la grâce est exclue.



Quel que soit le quartier en dehors des grands axes, le réseau électrique est toujours très présent.



Message Publié : lundi 21 février 2011 à 20h31
Outre le réseau électrique (les espèces de bonbonnes sont me semble-t-il des transformateurs), on y trouve certainement le réseau de fibre optique permettant l'accès à internet dans la plupart des villes nippones.
Ces réseaux ne sont pas enterrés, et sont donc beaucoup plus faciles à rétablir après un tremblement de terre (en même temps que bien moins chers à construire - idem les maisons légères).

Passée cette digression... tes photos me font énormément penser à des photos (cadrage, densité) de Raymond Depardon, que j'aime beaucoup.

Message Publié : mardi 22 février 2011 à 21h51

Message Publié : mardi 22 février 2011 à 22h17
Tiens, Harajuku aussi ! :pyrhlov:




Même le long des grands axes, lorsqu'on s'éloigne des quartiers d'affaires et des grandes gares, le parcellaire est resté en majorité de petite taille.
L'effet produit par ces constructions de grande hauteur sur de petites emprises foncières est renforcé par la séparation physique entre les bâtiments, pour des raisons sismiques.

Tokyo, Bakurocho




Les grandes villes sont traversées par des lignes aériennes de chemin de fer. Elles sont presque intégralement occupées, par des commerces, des marchés couverts, des restaurants.

Tokyo, Marunouchi



Message Publié : mercredi 23 février 2011 à 6h29
Vous rendez toujours aussi finement la ville qui m'a adopté, j'ai l'impression que les photos couleur seraient plus évocatrices de ce monde actuel, alors que quand je vois celles en n&b je retrouve plus l'univers d'Ozu, malgré la présence d'éléments concrets de notre temps... voitures...

Qu'est ce que vous en pensez?

Message Publié : vendredi 4 mars 2011 à 5h45
J'y ai repensé plusieurs fois en regardant ce qui a été posté, et cela ne me saute pas aux yeux.
Peut-être ai-je trop vu les films d'Ozu en couleur, comme Voyage à Tokyo, ou Le goût du saké.
Mais peut-être surtout certaines de ces photos, indépendamment de l'usage de la couleur, montrent une sorte de Japon éternel, et d'autres non, cela indépendamment du fait qu'il s'agisse de quartiers anciens ou non.
Il y a aussi la manière si reconnaissable d'Ozu de cadrer, de manière presque toujours frontale, utilisant avant et arrières plans dans une subtile hiérarchie, à hauteur d'homme.
La ville japonaise mêle de manière très particulière des espaces particulièrement gigantesques et inhospitaliers et des successions de petits lieux de vie hétéroclites, et sans prétention affichée. On est à mille lieux, à la fois de l'esprit du pavillon à la française de nos quartiers d'habitations individuelles, et de la ville d'urbaniste, calibrée et hiérarchisée de nos quartiers denses.

Message Publié : vendredi 4 mars 2011 à 9h32
coignet
Il y a aussi la manière si reconnaissable d'Ozu de cadrer, de manière presque toujours frontale, utilisant avant et arrières plans dans une subtile hiérarchie, à hauteur d'homme.

Une anecdote à ce propos. En tournage à Tokyo nous nous sommes rendus chez un loueur de matériel de prise de vues. Le caméraman avait besoin de quelques accessoires. Ce qui m'avait frappé c'est qu'on ne trouvait là que quelques pieds pour caméra de dimensions "normales", c'est à dire pour un opérateur debout avec son optique à 1,6 mètres de haut environ. Notre manière "occidentale". Il y avait en revanche des pieds en quantité pour des positions de caméra qui correspondent à une hauteur de prise de vues de 1 mètre, voire moins : la hauteur à laquelle on filme un personnage assis par terre. Typiquement le type de pied qu'on utilise très peu chez nous. La hauteur de caméra établit un autre rapport entre les personnages et les avant ou arrière-plan. Il est intéressant de regarder certains films japonais en se concentrant sur les hauteurs de caméra. C'est frappant.

Les images des pirates voyageurs me rappellent aussi les principes de construction adaptés aux risques de séismes, avec tous les bâtiments espacés de plusieurs dizaines de centimètres, systématiquement. Paradoxalement, il manque de place et ces espaces sont souvent perdus. On voit bien ça sur les photos de ville.

Il y a aussi ces réseaux électriques parfois très chargés. La distribution en 110 volts impose des câbles plus gros et il y a par endroit des faisceaux "touffus". ça apparaît bien dans les photos.

Message Publié : vendredi 4 mars 2011 à 13h33
Je regardais avec intérêt et attention ces photos de la ville japonaise. Je partage l'avis de PeppinOMeccanicO sur l'impression cinématographique ressentie entre le noir/blanc et la couleur.
Photographier la ville avec ses habitants dans ce qu'elle peut avoir de plus banal est, à mon avis, un exercice difficile. Ici le résultat est vraiment bon (avis émis sans aucune flatterie :-x ). Je pense Laurent a utilisé dans cette dernière série son objectif à décentrement comme dans la série précédente.
J'attends la suite :D: :D:

Message Publié : vendredi 4 mars 2011 à 13h37
par HB
Je partage aussi l'avis de Peppino, et j'ai toutefois une préférence pour la couleur :wink:

Message Publié : vendredi 4 mars 2011 à 15h54
Oui, tout au 28mm à décentrement.
J'utilise cette optique depuis un an dans toutes mes photographies de travail, pour faire des séries analytiques que je développe avec une idée en tête : la question posée, la réponse à apporter, un regard professionnel diagnostic déformé (ou conformé) par la manière de gérer la ville en France.
Ici nous sommes dans un autre monde du point de vue de la signification de l'architecture, de sa pérennité, de la vision de la cohérence urbaine, et je l'ai utilisé avec liberté pour appréhender des choses qui ne me sont pas familières.
Il m'a fallu revenir pour trouver mieux comment regarder au travers de l'appareil photo, chose que je n'avais pas su faire (à mon avis) l'an dernier.

Concernant le point de vue particulier du cinéaste dans les intérieurs japonais, qui se vivent à un mètre du sol, l'anecdote de Védédé est intéressante !
En effet, le cinéma japonais est filmé —comme le nôtre— à hauteur d'œil, mais, dans les maisons, cette hauteur n'est pas la même.
De plus, l'enchaînement des espaces est également de tout autre nature.
Le cinéma d'Ozu est de ce point de vue particulièrement intéressant. Je conseille particulièrement son film Bonjour, dont l'image ci-contre est extraite.

Message Publié : dimanche 13 mars 2011 à 9h41
J'ai regardé Bonjour d'Ozu, c'est le premier film d'Ozu que je vois :rollr: , et Fin d'automne en pensant à ce qui est écrit plus haut sur la hauteur de la caméra. Quelques éléments m'ont frappé: la précision des plans avec des cadres dans les cadres, la couleur sans doute due au choix de la pellicule et la musique de sonorité très occidentale.
Mais j'oublie le principal: j'ai été séduit par le cinéma d'Ozu.