le Pirate Forum
    Winterreise

  
Avril 1945, quelque part dans les environs de Berlin, une mère tente de survivre avec ses 5 enfants pendant que la folie continue de s'abattre sur l'Europe.
N'ayant plus de toit, ils ont vécu des mois dans la forêt, hébergés un temps dans la maison du garde-forestier.
En hommage à ma grand-mère, j'ai voulu marcher dans ses pas.

Un vrai voyage d'hiver










Templin... J'entends encore les voix disparues citer son nom.




Quelques traces de l'occupation soviétique




Beutel : petit village désert où commence la forêt.
Ils venaient s'y ravitailler entre les alarmes. C'était un jeu pour les enfants.
Une angoisse pour la mère.








Cette chère forêt qui les a protégés










Et cachée derrière les arbres, la maison du garde forestier



    Rep : Winterreise

Je crois comprendre ton émotion et ton désir d'effectuer ce "pélerinage" mais la folie n'a-t-elle pas été de laisser venir au pouvoir un système basé sur la haine et l'extermination?

  
Hum... Excuse ma franchise, Solange, mais c'est un peu "tarte à la crème" ta réaction non ?

C'est à mon sens difficile de comparer une histoire individuelle avec l'Histoire collective, de faire la part des responsabilités. Là, je vois un travail sur la mémoire familiale, sans parti pris.
Il est certain qu'il est légitime de se poser beaucoup de questions sur ce que savaient, ou ne savaient pas, les allemands de 1945 sur les camps, et je suis curieux de savoir ce que Marielle pourrait nous en dire.
Mais là, ce n'est, me semble-t-il, pas l'objet.
Coin.

Souriceau lurkant a écrit :
Hum... Excuse ma franchise, Solange, mais c'est un peu "tarte à la crème" ta réaction non ?...
J'aurais du développer mon commentaire qui ne visait pas l'histoire d'une famille particulière et encore moins le ressenti de Marielle. Je voulais seulement exprimer la réflexion que je me suis faite en lisant "pendant que la folie continue de s'abattre sur l'Europe" et je suis aussi consciente que les conditions qui ont amené l'Allemagne (et l'Autriche) à basculer vers le nazisme sont, en partie, externes à ces pays. Je sais (aussi) que l'anti-sémitisme rongeait les esprits dans toute l'Europe depuis la fin du XIXème siècle, en particulier dans la "bonne" société française.
Par ailleurs, je suis aussi issue des tumultes de l'Histoire qui ont amené ma famille à fuir les débris de l'Autriche-Hongrie et à venir s'installer en Lorraine pour connaitre, de nouveau, l'exode et la destruction de leur maison quelque années plus tard. Il se fait aussi que j'ai passé mon enfance parmi un petit groupe de familles allemandes et autrichiennes "invitées" à venir travailler en France dès 1946. Mes enfants sont d'ailleurs le résultat de cette nouvelle "folie" de l'Histoire et je crois donc être particulièrement sensible et concernée par cet épisode de l'histoire européenne.
Ces quelques mots ne sont pas à lire comme une justification de ma part mais plutôt comme une clarification de mon commentaire initial.

Oui Solange, nous avons tous souffert de la folie idéologique de certains érigée en système. Venue du coeur de l'Europe. La famille maternelle de mon épouse a connu le même parcours que la tienne. Nous devions aller à Vienne sur ses traces. Remis d'année en année nous y sommes pas allés. Pas ensemble; nous n'irons plus maintenant. Ma propre famille maternelle vient pour des raisons semblables de Lorraine. Je n'ai pas pu retracer les sources au XIXème siècle, oublié le nom de leur vallée d'origine entendue dans mon enfance, et pas sur les actes de naissance des enfants du début du XXème siècle.

Le drame est que nous assistons à une montée rampante de nouvelles intolérances.

Merci de ton commentaire. :?

Pour illustrer brièvement ce à quoi je faisais allusion :


http://www.mediapart.fr/journal/interna ... a-pauvrete

  
Merci de ta précision Solange. J'ai sans doute pour ma part réagi de façon un peu trop épidermique, ma famille et celle de ma compagne ayant eu à vivre de très près cette folie.

Ce que j'ai pu voir de la vie des familles allemandes pendant la dernière phase de la guerre, à travers quelques rares reportages, c'est que le mot "folie" n'est pas usurpé.
Coin.
    Le courage des faibles

  
Etonnant de trouver cette série émouvante de marielle alors qu'hier au soir je me suis "laissé" entraîner à regarder Les insurgés (Film d'Edouard Zwick, 2008).
Il paraît qu'on ne refait pas l'histoire ... néanmoins ce matin m'est revenue en tête la question que je me posais à la fin du film "Que ferions-nous aujourd'hui, dans de pareilles circonstances ?"
NB. Je trouve que la série de marielle mérite de figurer dans les galeries car ici, en ascenseur, les images ne sont pas vraiment mises en valeur...
  • Message par HB, lundi 23 janvier 2012 à 14h04
    citer

  
Série ô combien émouvante de Marielle. Elle a su nous transmettre ce qu'elle avait en souvenirs à l'intérieur d'elle même. Elle sait faire :bise:

  
Il s'agit ici d'un voyage intime sur les traces de ma famille maternelle, famille prise dans la tourmente de la guerre comme des millions d'autres.

Très attachée à ma bi appartenance, je vibre d'émotion de la même manière quand je me rends dans la maison familiale de Normandie que lorsque je marche dans une forêt du Nord de Berlin.

Tout au long de ma vie, ma mère m'a parlé de ces mois passés dans la forêt quand elle était enfant. J'avais envie d'aller voir de moi-même, d'autant plus motivée — malgré le froid de l'hiver... — que j'ai récemment entrepris de le lui faire raconter — et de l'enregistrer : "Raconte-moi tes souvenirs, comme ils viennent, chronologiquement ou non", le tout dans un souci de précision historique — la vie vue par les yeux d'un enfant né dans les années 30 en Allemagne.

Parallèlement, nous avons entrepris, ma mère et moi, de retranscrire les journaux intimes de ma grand-mère, qui a relaté, jour après jour, cette fuite angoissée mais aussi la vie quotidienne d'une mère de famille avec 5 enfants, ses joies de mère, ses angoisses concernant les siens dont elle n'a plus de nouvelles depuis des mois, ses petits bonheurs de trouver une cigarette, d'avoir du linge propre, de faire un gâteau pour profiter de la vie (car "serons-nous encore vivants demain ?"), le tout entrecoupé d'allusions à la Grande Histoire (mort de Roosevelt, bombardement de Dresde).
Et bien sûr, ses questionnements sur les raisons profondes de ce qui leur arrive, collectivement.

Une question qu'elle pose à son journal : "Lebt noch ein Gott ? Und er kann dies mit ansehen ?"

Autant vous dire que c'est passionnant, tout en étant extraordinairement émouvant.

Vous savez maintenant pourquoi j'ai entrepris ce Winterreise.

_________________________________________________________________________________________________________

Tromer a écrit :
NB. Je trouve que la série de marielle mérite de figurer dans les galeries car ici, en ascenseur, les images ne sont pas vraiment mises en valeur...

J'y songe :del

  
marielle a écrit :
J'y songe :del

C'est maintenant chose faite
:bise:

  
À voir si tu en as envie, ou si cela t'intéresse, mais je trouve qu'il y a là matière à un projet éditorial.
Coin.

@Marielle,

Brigitte, mon épouse, avait le souvenir précis du livret de famille de son grand-père, aux armes impériales austro-hongroises, resté aux mains de sa tante, devenue alzheimer, et détruit par sa cousine. Plus de moyens simples de retrouver les traces dans un moment difficile. Un rendez-vous qui ne s'est pas fait. Heureux pour toi que tu aies pu faire un si beau voyage aussi dans le temps, et cette recherche européenne.

  
Je ne sais pas si le choix de voyager "léger" a motivé marielle à faire ce carnet de voyage avec le téléfaune, mais je trouve le rendu exceptionnel et vraiment à la hauteur du projet.
Comme quoi, même avec peu de matériel, quand le sujet est bon et que l'oeil est bien entraîné, les résultats sont fort agréables.
Mais peut-être allons-nous prochainement découvrir une grave belle série en noir et blanc :-)
_______________________________________________________
A la Saint François de Sales pas facile de faire des vannes à deux balles
  • Message par insoL, mardi 24 janvier 2012 à 14h16
    citer

À priori, je suis opposé à ce type de traitement ou rendu.
Mais ici, c'est en parfaite adéquation avec l'émotion suscitée par ce pèlerinage et les souvenirs des temps horrifiques.
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
J'ai regardé et lu avec émotion le récit de Marielle sur l'histoire de sa famille.
Bien que n'ayant pas connu cette période, je suis sensibilisé à cette période. Surement parce que je suis né et j'ai grandi en Lorraine, parce que mes parents et grands-parents m'ont beaucoup parlé de cette époque lorsque j'étais enfant: fuite de mon père chez une tante à Lyon pour échapper au STO, passage de la ligne de démarcation la nuit par ma grand-mère maternelle accompagnée de sa fille, ma mère en l'occurrence.

  
A vous tous, merci pour vos remarques qui me vont droit au coeur.
Comme toujours, dans ces petites séries à l'iFaune agrémenté d'Hipstamatic, tout a commencé par un jeu (en regardant la campagne enneigée à travers la fenêtre du train), et puis le soir, en visionnant mes photos sur mon ordinateur, je me suis dit qu'il y avait matière à vous raconter une histoire.
Tant mieux si le récit en images vous plait ainsi !

Souriceau lurkant a écrit :
À voir si tu en as envie, ou si cela t'intéresse, mais je trouve qu'il y a là matière à un projet éditorial.

Oui, Souriceau, je ne le sais que trop bien... Mais cela suppose un investissement en temps et en énergie qui me semble, actuellement, hors de ma portée (ayant d'autres thèmes de recherche et de travail...)
Mais pourquoi pas un jour ?

Tromer a écrit :
Mais peut-être allons-nous prochainement découvrir une grave belle série en noir et blanc :-)

Ce n'est pas impossible :wink:

Pour vous faire patienter :



Ces 3 angelots typiques de l'artisanat de cette région d'Allemagne (Harz et plus au sud encore, Erzgebirge) semblent avoir été fabriqués pour moi.
J'en avais déjà vus de toutes sortes, jouant de la musique, suspendus à des étoiles, ou portant des bougies, ou encore faisant tous les métiers de l'artisanat.
Mais des anges faisant des biscuits de Noël, ça, jamais... Ceux-ci m'attendaient, gentiment affairés dans une vitrine de Quedlinburg, et j'y ai vu un signe, puisque c'est justement dans cette ville que s'est perpétuée la tradition familiale ancestrale qui consiste à faire des biscuits de Noël la mère avec sa fille, et ainsi de générations en générations...
:bise:

  
J'aime beaucoup ces petits personnages.

Souriceau parle de projet éditorial.
Je crois qu'il faut raison garder, et conserver les choses à leur place. Si on y va ainsi, chaque moment de ma vie peut être projet éditorial...
C'est joli, très bien raconté, très à sa place sur un site internet, mais totalement immature et inabouti pour devenir un projet éditorial sérieux.
On peut parler de projet éditorial lorsqu'il y a maîtrise technique, et a priori un public.

Il y a en un pour visiter nos petites choses sur internet (et sur ce site, marielle n'est pas la plus mauvaise, loin s'en faut), mais certainement pas pour acheter la même chose dans un rayon de librairie.

C'est une histoire qui pourrait en effet se prêter à un vrai projet, d'autant que le récit personnel est à la mode. Mais, à mon avis pas humble, un vrai projet se fait avec des vraies photos, travaillées après avoir été sélectionnées sur un temps long, et non au petit hasard la chance de son Ailfaune avec hips-matique.

Il n'empêche qu'en effet, Marielle fait preuve ici comme souvent, d'un sens de la narration affirmé, et d'une grande aisance.

  
Tout ça n'est pas faux. Je verrai bien cependant un petit livre photo avec de beaux textes, histoire au moins d'en faire profiter la famille. Et pour la mémoire !

  
Je suis bien d'accord avec ce qui vient d'être écrit concernant la portée de mes photos, abordées, initialement comme je l'ai écrit, comme un jeu avec l'ail-Faune.

Mais je crois que Souriceau ne parlait pas de mes photos, mais de l'histoire vécue, des souvenirs racontés par ma mère, et de la matière présente dans les journaux de ma grand-mère : un peu "la vie quotidienne de la population du pays vaincu".

Mais y a-t-il encore un quelconque intérêt pour celà à notre époque — hormis l'intérêt familial, qui pour moi est très important, mais évidemment très personnel ?

marielle a écrit :
...Mais je crois que Souriceau ne parlait pas de mes photos, mais de l'histoire vécue, des souvenirs racontés par ma mère, et de la matière présente dans les journaux de ma grand-mère : un peu "la vie quotidienne de la population du pays vaincu"...
C'est aussi ce que j'ai compris du commentaire de Souriceau. :wink:

Si je peux me permettre de donner mon avis, j'aimerais dire que le recueil (et la publication) de tels témoignages est d'une grande importance. Ils font aussi partie de notre histoire commune et ce passé est encore assez proche (il a concerné à deux reprises nos parents et nos grands-parents au siècle dernier) pour avoir encore aujourd'hui une charge émotionnelle importante et mériter de ne pas être perdus. Le fait de pouvoir y associer des photos (je pense aussi à celles-ci ) ne peut, bien sur, qu'en accroitre l'intérêt et la richesse.

Je pense aussi que l'histoire de la vieille maison sur la cote normande et des générations qui y ont vécu pourrait constituer le matériau nécessaire à l'histoire très singulière du rapprochement de ces deux familles.

Importance de conserver ainsi ce qui était un "ici et maintenant" et est devenu un "ici et alors". :-)

  
marielle a écrit :
Mais je crois que Souriceau ne parlait pas de mes photos, mais de l'histoire vécue, des souvenirs racontés par ma mère, et de la matière présente dans les journaux de ma grand-mère : un peu "la vie quotidienne de la population du pays vaincu".


Exactement.
Coin.

  

  
C'est très beau mais a un goût de trop peu :roll:
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