le Pirate Forum

  
Un laboratoire de géochimie, dans les années 80... Là où j'eu le plaisir de travailler pour ma thèse de 3ème cycle.

Tout était fait à la main, verre soufflé, raccords rodés, graisse à vide, ...
On y trouvait des substances qui feraient aujourd'hui frissonner : amiante, tétrachlorure de carbone, brome, BrF5 (pentafluorure de brome - une recherche google montre bien le problème !), mercure, ...

Les manips consistaient à attaquer des minéraux pour en extraire l'oxygène structural, ou encore l'hydrogène, le carbone. Ensuite on en faisait une analyse isotopique pour déterminer leurs conditions de formation. Tout un art !









Photos Canon A1 et ektachrome bien passée
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

  
Nostalgie scientifique....
Toute une époque :wink:
    et pendant ce temps...

  
à peu près au même moment, nous étions à l'école d'architecture en atelier, où nous avions nos tables à dessin à demeure, et, au rythme des rouleaux de calque d'étude déroulés, pliés et coupés d'une main experte, nous crayonnions en chantonnant, gommions, échangions lames de rasoir Gillette et rapidographes, discutions de l'avantage d'utiliser plutôt les Mecanorma ou les Rotring, essuyions nos doigts tachés d'entre de chine, allions de table en table examiner l'avancement et les idées des uns et des autres. Pour juger de la qualité d'un rendu, ombré au crayon ou au lavis, nous allions nous plonger dans les odeurs d'ammoniaque de la machine à tirer, puis nous affichions et palabrions des heures.
Les problèmes géométriques étaient résolus au moyen de grandes épures au té et à l'équerre, la RDM (résistance des matériaux) se calculait à la règle à calcul, et la main s'exerçait pendant les séances de dessin de modèle vivants.

Les maquettes étaient en carton, et les photomontages se faisaient sous l'agrandisseur au labo.

C'était vraiment une autre époque.

J'essaie de ne pas être nostalgique.

J'ai fait une fois des photos, une seule fois. Je ne sais pas où est le film.
  • Message par paga, lundi 6 avril 2015 à 12h06
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hédoniste nihiliste
Il n'y avait pas d'iPhone, ni d'emails, ni de téléphones portables, et le Canon A1 était un super appareil, a la pointe.
La télévision avait 3 chaines, on s'écrivait encore des lettres, avec du papier... des Télex ou des Fax pour le travail.

:lol:
  • Message par jbz, lundi 6 avril 2015 à 15h20
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Je me souviens de temps ou je réalisais une alimentation haute tension (30kV) embarquable sur ballon stratosphérique. L'huile de paraffine étant un excellant isolant, nous l'achetions par bidons de 5 litres chez le pharmacien du coin. Le peu qui gouttait au sol transformaient le labo en patinoire.
Un coup de trichloréthylène (que nous approvisionnions également par bidons de 5 litres), et tout rentrait dans l'ordre.
Le pharmacien devait se poser des questions. Encore que notre réputation était faite. Un de mes collègues disait que l'O. de M. était le seul hôpital psychiatrique de la région parisienne où les fous entraient et sortaient librement.

  
jbz a écrit :
Un coup de trichloréthylène (que nous approvisionnions également par bidons de 5 litres), et tout rentrait dans l'ordre.

Ciel, le trichlo !
J'en avais toujours une bouteille d'un litre en réserve, car nous l'utilisions pour nettoyer les calques avant tirages ou finition du rendu avec un tampon de coton hydrophile bien imprégné. Cela servait à effacer toute trace de crayon et ne conserver que les tracés à l'encre de chine.
On pouvait ensuite soit le conserver tel quel, soit faire le rendu définitif au crayon, dans le cas de rendus d'ombres à la mine de plomb.
  • Message par jbz, lundi 6 avril 2015 à 23h55
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En plus, les inhalations de trichlo sont excellentes pour la santé.

  
Ah, le trichlo, nous l'utilisions pour dissoudre du brai, un bitume solide qui assurait certaines étanchéités. Trichlo, bitume, que du bonheur !
Plus tard j'ai fait de la "voie humide", acide fluorhydrique, perchlorique, ...
La santé ça va (je touche du bois).

Il y avait aussi les photos de lames minces de roches. Vers 76-77 j'en avais réalisé pour le fun en plaçant directement la lame dans un agrandisseur, entre deux polariseurs plastiques, puis en exposant un plan-film 4"x5" panchromatique, lui-même placé ensuite dans l'agrandisseur (un Priox) pour faire des agrandissements géants.

PLus tard, c'était sérieux : j'utilisais un microscope Leica avec une sortie photo. Mise au point et exposition étaient un peu délicates.

Voilà quelques ektas de cette grande époque :

Transmission, lumière dite "naturelle"






Transmission, lumière polarisée




Réflexion, lumière naturelle.





Et vos photos, elles sont où ? :D
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

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  • Message par jbz, mardi 7 avril 2015 à 21h53
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Ici par exemple, l'équipe de l'O. de M. qui travaillait sur l'expérience ISOCAM du satellite ISO, années 90:

http://jeanberezne.wix.com/home#!iso/c1zk2

J'ai aussi des photos de manips. J'en mettrai quand j'aurai regagné ma base.

Il parait que quand tu ne ris pas, tu ne vis pas.

  
@Jacques, Pote : je trouve ça très beau !
  • Message par Piga, mardi 21 avril 2015 à 6h47
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:-)
Plog
    Eclipse de soleil, 30 juin 1973 à Atar, Mauritanie
  • Message par jbz, mercredi 22 avril 2015 à 9h15
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Faire de l'astronomie, ça consistait d'abord à faire de la manutention.
Quelques mois avant de prendre ma retraite, en 2005, j'entendais un astrophysicien expliquer qu'il avait obtenu 60 000 heures de temps de calcul pour l'un de ses doctorants. J'ai alors décidé de m'insérer dans le cycle des séminaires du jeudi pour remettre les horloges astronomiques à l'heure.






Déchargement du matériel


Livraison de l'azote liquide




Montage d'une des manips: mesure de rapports isotopiques dans la couronne solaire


Dans le cryostat, la caméra électronique, imagerie de la couronne


Le pupitre de commande de la caméra électronique


Utilisation de matériel de l'état (le miroir) à des fins personnelles.


    Première image astronomique infra-rouge européenne, Pic du Midi de Bigorre, novembre 1984
  • Message par jbz, mercredi 22 avril 2015 à 10h24
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Un détecteur infra-rouge 8x8 (64 pixels) utilisé pour le guidage de certains missiles venait d'être déclassifié. Il était conçu pour détecter des flux forts, les moteurs thermiques des cibles, avec des temps de réponse courts. Il était refroidi à l'azote liquide. Les servants remplissaient un petit dewar juste avant son lancement.
Pour les astronomes le jeu consistait à vérifier la théorie qui prédisait que, refroidi à l'hélium liquide, il permettrait de détecter des flux faibles avec de longs temps de pose. C'était une manip de faisabilité avant de se lancer dans la définition d'un détecteur haute résolution , 32x32 (1024 pixels) :lol: , destiné à être embarqué dans la caméra ISOCAM du satellite ISO.

Nous avions le télescope pour une dizaine de nuits. La météo ne nous a offert qu'une nuit d'observation. Mais la manip fonctionnait toutes les nuits, dans l'espoir d'une éclaircie. Et en novembre, les nuits sont longues, et plus encore en infra-rouge. Surveillance technique et surveillance du ciel, la tension était très forte. De temps en temps, nous décompressions.




L'un de ces joyeux drilles est devenu par la suite membre de l'Académie des Sciences.
Celui qui arbore un Polaroïd est jbz.







Nous avons obtenu l'image d'une étoile double qui, avec les tests de laboratoire, a permis de valider l'hypothèse. L'image originale, égarée, était la photo polaroïd d'un écran d'oscillo, montrant une matrice de 8x8 pixels rectangulaires. Deux de ces pixels avaient reçu le flux des composantes de cette étoile double. Les données scientifiques étaient enregistrées, déjà, sur disque dur.

L'image ci-dessus est une image de test. Elle résulte d'un "traitement" visant à la lisser et à l'afficher sur une imprimante à aiguilles.

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