le Pirate Forum
    RECONSTRUCTION dans la Manche : Valognes, Saint-Lô, …

  
Bombardée en juin 1944, l'église de Valognes a été reconstruite en béton armé, en intégrant le chœur et une partie du transept épargnés par les bombes, suivant un projet de l'architecte Yves-Marie Froidevaux.

[1]

[2]

[3]

Photos au Leica R5, Super-Elmar 15 mm, APX-100, exposée à 1/4 de seconde à la main levée

Si vous avez quelque chose à en dire, votre sentiment devant ce type d'architecture m'intéresse.
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NOTE : sujet et photos sous contrat avec les éditions Eyrolles

  
De l'intérieur, c'est assez original et ma foi suffisamment lumineux pour apporter un plus à l'architecture d'origine. Mais je crains le pire vu de l'extérieur, non ?

Intéressante recherche de "contraste" : section très (trop) réduite des colonnes et voûtes en "champignons" (?).
Bien que, sur la deuxième photo, il me semble voir un arc brisé en béton armé et je me pose des questions sur certains raccords entre parties anciennes et nouvelles.
Mais celui qu'on aperçoit sur la [3] semble relativement convaincant.
Enfin, les photos (ou le texte) ne permettent pas de juger, avec le recul par rapport à 1944, si la partie ancienne valait vraiment cet "effort".
(Á ce propos, je suppose que nous verrons bientôt des reconstructions plus "radicales".)
    Valognes centre : réponses

  
Le cas de Valognes est intéressant à étudier à deux titres :
  • la ville était avant le bombardement d'une richesse architecturale nettement au-dessus de la moyenne, avec en particulier un patrimoine des XVII et XVIIIe siècles tout à fait exceptionnel
  • les bombardements du 6 juin 1944 ont nettement démoli intégralement une moitié de la ville, et quasiment épargné l'autre, l'église étant au pivot de ces démolitions : non seulement à la limite de la zone bombardée, mais elle-même partiellement conservée.
Il y a eu débat lors de la reconstruction : fallait-il démolir les vestiges, reconstruire à l'identique, ou reconstruire en consolidant les vestiges et mettre en évidence les deux époques de construction ? Cette dernière solution a été adoptée.

La reconstruction de la ville elle-même s'est faite suivant divers principes :
  • reconstruire parcelle par parcelle, en fonction de l'état avant bombardement
  • opérer des remembrements et moderniser la ville (élargir les rues, en créer de nouvelles)
  • faire table rase.
A Valognes, en raison certainement de la richesse architecturale de la ville, la reconstruction a été menée avec soin, sans table rase. Néanmoins, il n'y avait plus rien, dans les zones reconstruites. C'est donc une sorte de projet intermédiaire qui a vu le jour, qui respecte dans ses implantations à la fois l'idée de conservation d'une ambiance, et l'idée de modernisation. Les densités et les gabarits correspondent généralement à ce qui existait avant ; la richesse plus ou moins grande des architectures aussi (modestes, banales, soignées, exceptionnelles : les architectes ont reconstitué ainsi des bâtiments qui, à travers un langage architectural des années 1940 transcrivait l'état avant démolition : quartiers denses, moins denses, riches ou moins riches, tout en créant des nouveautés : élargissements de rues, etc.

[4]
La nouvelle flèche vue depuis la rue des Religieuses, non bombardée. On y trouve de fameux hôtels particuliers, comme celui-ci.

[5]
Cette flèche a été rebâtie sur la partie conservée de l'église Saint-Malo. Le lanterneau du transept est également nouveau.

[6]
La partie reconstruite de l'église est volontairement très discrète et presque banale, vue de l'extérieur. Ici partie donnant sur un quartier épargné par les bombardements,

[7]
et depuis le quartier épargné, vers la nouvelle place de l'église : la greffe de la nouvelle nef a été faite au moyen d'une architecture d'une grande neutralité.

[8]
Le chevet, qui n'a pas été démoli, est en revanche entouré par des quartiers neufs : l'architecture est bien une architecture des années 1940, mais l'écriture urbaine et les implantations sont d'esprit traditionnel.

[9]
Comme expliqué rapidement plus haut, d'autres quartiers ont été reconstruits avec des densités nettement inférieures, correspondant à ce qui existait avant 1944 : c'est l'application simple d'une politique de dédommagement des propriétaires atteints par les démolitions. En arrière plan : la flèche et le lanterneau de l'église.

Voici un autre exemple de reconstruction d'édifice public : l'hôtel de ville à côté du Palais de Justice, épargné par les destructions :

[10].

Photos au Leica R5, 15mm (photo 8), 24mm (photo 7 et 10 —recadrée), 60mm (photos 4, 6 et 9), 90mm (photo 5).
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NOTE : sujet et photos sous contrat avec les éditions Eyrolles

  
Passionnant autant que didactique.
ça donne envie d'apprendre l'urbanisme. Je participe en ce moment à une réflexion sur les relations science-société, et mon avis est de prendre le point de vue en partant de choses évidentes (le téléphone, les lunettes, ...).
Là c'est pareil : dans quel espace vivons-nous ?
Sacrée question...
    SAINT-LÔ, quartier de l'église

  
C'est bien ainsi que je tente de poser la question.
Montrer comment se constituent les paysages urbains dans lequels nous vivons.
Je commence par petites touches, avec des objets architecturaux aisés à identifier, ayant subi des accidents exceptionnels !

Pour information, cette photo d'archives montre les soldats américains dynamitant les restes de la façade ouest de l'église de Valognes, en raison du danger que représente le risque d'écroulement de ces vestiges.

[0]…
Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA Source: http://www.archivesnormandie39-45.org
libre de droits, mentions obligatoires


Je continue ci-dessous avec Saint-Lô.
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Saint-Lô a été bombardée les 6 et 7 juin 1944 par les alliés, avec une violence particulière : 95% du centre ville est en ruine. En effet, il s'agissait à la fois d'anéantir les centres de commandement qui y étaient installés, et de couper une importante voie de communication.

[0]…
Conseil Régional de Basse-Normandie / National Archives USA Source: http://www.archivesnormandie39-45.org
libre de droits, mentions obligatoires


Contrairement à ce qui a été décidé à Valognes, dont une partie importante du centre historique avait été conservée, le projet de reconstruction de Saint-Lô dirigé par l'architecte André Hilt s'appuie sur une véritable table rase, non seulement du parcellaire, mais aussi du réseau viaire, ainsi que de l'implantation des fonctions urbaines.
Autour de l'église Notre-Dame s'étendait le centre historique dense et commerçant. Avec la reconstruction, ce sont les institutions qui y prennent place, comme la Préfecture et les Services fiscaux, avec une organisation urbaine aérée, aux tracés orthogonaux ; aux anciennes rues tortueuses et étroites sont substituées des avenues larges et régulières.

[11]

Deux éléments forts de l'ancienne ville sont conservés : les remparts, qui ont été scrupuleusement réhabilités,

[12]

délimitant ainsi la ville haute et ses faubourgs, eux aussi intégralement reconstruits,

[13]

et l'église Notre-Dame, en grande partie ruinée, qui est reconstruite, comme à Valognes, en faisant le choix de mettre en évidence les traces du bombardement.

[14]

Mais ici, le parti est encore plus affirmé par l'architecte Yves-Marie Froideveaux : les ruines sont consolidées, et données à voir telles quelles, les parties neuves étant bâties de manière à ce que les raccords visibles en façade entre neuf et ancien ruiné soient immédiatement perçus.

L'église Notre Dame conserve ainsi partiellement sa silhouette, désormais entourée d'un quartier aéré des années 1940, à l'architecture relativement anonyme.

[15]

Leica R5, Super-Elmar 15 mm (vues 12, 14 et 15) , 24 mm (vue 11 et 13), APX-100
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NOTE : sujet et photos sous contrat avec les éditions Eyrolles

  
Je trouve le sujet, les sujets - Valognes et Saint-Lô - absolument passionnants.
C'était une question (la reconstruction des villes après la guerre) que je ne m'étais jamais posée avant que tu en parles.
Tes exemples, choisis visiblement pour leur opposition radicale (reconstruction "à l'identique" à Valognes, et "table rase" à St-Lô) sont démonstratifs. Tes explications limpides.
Pour St-Lô, aurais-tu une photo de l'église reconstruite prise de plus près, que l'on voie mieux les vestiges des bombardements qu'ils ont voulu garder pour la mémoire collective ?
Il est intéressant de constater qu'à St-Lô, ils ont fait le choix de ne garder que ce qui pouvait constituer un symbole fort aux yeux du monde : l'église, et les remparts. Mais rien de la vraie vie humaine, qui a en plus été délocalisée. On imagine la détresse des populations (leur soulagement d'être relogées a sans doute apaisé leur détresse ?)

Intéressante aussi ta démarche qui consiste à essayer de savoir pourquoi tel ou tel choix de reconstruction a été fait. Comme le dit Paul, pote, ci-dessus, dans quel espace vivons-nous ? Ces choix guident non seulement le paysage urbain pour des générations, mais vont-ils, de ce fait, également modeler la vie de ces générations ?
En un mot, les habitants de Valognes ont-il le même vécu commun désormais que ceux de Saint-Lô ? Ou se "souviennent-ils" de la catastrophe en des termes différents dans leur vie propre ?

Continue de nous faire partager ton travail. C'est passionnant tant par le sujet (la Normandie a bercé mon enfance, mais jamais, hormis la connaissance de la bataille de Normandie par le Débarquement sur les plages, omniprésent là-bas dans le souvenir, je n'avais même pensé aux villes détruites et aux souffrances de ces populations, aux difficultés rencontrées et aux questions soulevées pour justement que la vie reprenne du mieux possible) que par ta manière de l'appréhender.

Vivement la suite !
  • Message par insoL, vendredi 31 août 2007 à 14h19
    citer

J'ai longtemps pensé et professé le contraire, mais je crois que la vie des gens adapte l'environnement plus que celui-ci n'a d'influence sur leur comportement.
Peu importe la forme de la fenêtre, ou celle du parcellaire, par rapport à un mode de vie (pour autant que les liens sociaux soient préservés ! ; cf. problème des cités françaises)

Bien entendu, tous les décideurs en matière d'aménagement du territoire imaginent pouvoir "modeler la vie de générations" (Marielle), mais aucun aménagement spatial n'aura l'impact qu'ont eu, par exemple, la contraception ou l'allongement de l'espérance de vie.

Ainsi, quel que soit le continent, on peut constater que l'intrusion de "révolutions techniques" comme la télévision, la téléphonie portable, l'Internet (ou "le tout à l'égoût") modifient étonnamment peu les comportements de manière — vraiment — fondamentale.

Après la guerre, pour autant que l'essentiel du tissu social et familial ait été préservé, la vie a repris ses droits, presque, comme si rien ne s'était passé et, avec le temps, quasi rien ne distingue ces "villes-martyres" des autres, sauf pour le spécialiste !

C'est tout l'intérêt du travail de Coignet dont j'attends les suites avec beaucoup de curiosité.
Merci à lui.

  
Comment s'est constitué ce nouveau cadre bâti ? Comment les rôles des uns et des autres a-t-il été réparti (institutions, locales et nationales, professionnels, associations locales) ? Comment ont été vécues ces premières expériences, en France, d'un urbanisme décidé par un État centralisé ?
Comment ont-elles porté en germe l'urbanisme des années qui ont suivi, dans les années 50 à 70 ?
Où en sont les origines (les années 30, et les premières réflexions sur la reconstruction du gouvernement de Vichy, à la suite des bombardements de 39-40) ?
Pourquoi ensuite les ZUP et les villes nouvelles ?
Les villes reconstruites sont-elles des villes nouvelles ?

Voilà ce que je souhaite comprendre et explorer, à travers des études de cas détaillées (archives départementales et municipales, du Ministère de la Reconstruction, des architectes, des associations).

Ce n'est qu'un embryon de début.

Quant à répondre à la question du rôle de l'urbanisme sur l'état d'une société, ou du pourquoi une société produit-elle tel urbanisme, je ne me risque pas à le faire maintenant.

Au moins, comprendre pourquoi c'est ainsi, en partant de l'analyse de ce qui existe, et du cadre de sa constitution. Base d'attaque modeste, mais qui donnera, je l'espère, des enseignements.

Passionnants!!! de toute beaute
merci de partager...

eric
    BÂTIMENTS PUBLICS 1

  
Il y a aussi la reconstruction ex-nihilo.
Elle concerne la plupart des immeubles et maisons de ville, qui n'ont pas eu droit à ce type de traîtement jouant d'un mariage des vestiges et du nouveau.
Elle concerne également les bâtiments publics.

A cette occasion, on voit se dessiner un vocabulaire architectural spécifique, dont on sent nettement, à travers un moyen d'expression presque unique, le béton armé, qu'il tente d'exprimer les fonctions, et le poids des institutions, avec un langage parfois en totale opposition avec celui qui aurait été employé quelques décennies plus tôt, et parfois dans la continuité logique.

Exprimer le poids des institutions, c'est le rôle évident de ce type de bâtiments :
la Banque de France à Saint-Lô,

[16]

le Palais de Justice et la Préfecture à Coutances.

[17]

Pour ce type de bâtiments, c'est encore la pierre qui domine, et, bien que marquée par les années d'entre-deux-guerres, l'architecture fait largement appel aux canons classiques, pour exprimer à la fois la pérennité, et probablement la puissance.

Quand il s'agit de recevoir des créations artistiques, le parti architectural se fait parfois plus ambitieux et moderniste, inspiré des revues architecturales de l'époque, comme ici avec le théâtre de Saint-Lô : l'abandon des références aux Beaux-Arts est manifeste.

[18]

Ici, bien que le programme soit plus modeste, pour ce cinéma de La-Haye-du-Puits, c'est encore l'esprit moderniste qui s'exprime, loin du kitch Art-Déco habituellement utilisé pour les salles de cinéma d'avant-guerre.

[19]

C'est aussi l'occasion de tenter de faire ce que le béton armé permet depuis seulement quelques décennies, comme ce mur de résille armée porteuse, dans la salle des fêtes de Saint-Lô : ce n'est plus la respectabilité qui est ainsi inscrite dans la ville pour ce programme municipal, mais ce que l'on considère alors comme l'audace architecturale.

[20]

Avec la gare de Coutances, c'est un tout autre langage qui s'exprime, à la fois sobre et technique : c'est une rupture avec les gares du XIXe siècle et leurs architectures à base de références néo-classiques : ici, on est désormais fonctionnel.

[21]

Leica R5, Super-Elmar 15 mm (vues 16 et 19) , elmarit 24 mm (vues 18 recadrée, 20 et 21), elmarit 60 mm (vue 17), ADOX-25 à 50 ISO
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NOTE : sujet et photos sous contrat avec les éditions Eyrolles

  
Merci. Très intéressant le fil, surtout vu d'ici où l'on ne respecte absolument pas le patrimoine ou le paysage urbain de la ville où j'habite.

Borges disait qu'en levant la tête on reconnaissait immédiatement l'esprit des argentins. Hétéroclite, anarchique...pire encore :?

A côté d'une maison style italien, un building moche suivie d'un immeuble hausmannien... et puis un terrain vague.
touche pas à mon hamac !
http://barnackla404.blogspot.com/

  
La prise de conscience que le paysage urbain fait partie de notre paysage commun, de notre patrimoine, comme on dit de nos jours, est relativement récente, et surtout européenne. Elle suppose un État fort, une conscience collective de l'intérêt commun, une culture architecturale, un respect du cadre de vie intégré dans les mentalités.
En Europe, les disparités sont criantes, et la France, si elle est inventeuse de nombre de notions en matière d'urbanisme et de protection (à la fin du XIXe siècle, et dans les années 1940 (loi de 1943 sur le périmètre des monuments historiques par exemple), est loin d'être le meilleur exemple. L'Allemagne, l'Autriche, gèrent admirablement l'équilibre entre protection et constructions neuves, expansion urbaine et respect des paysages agricoles, limitation des banlieues infinies, qui se développement de manière si terrible chez nous.
Il faut faire l'expérience toute simple d'entrer dans une grande ville allemande ou autrichienne en voiture ou en train, puis de faire de même en France (Paris, Lyon ou Marseille), puis comparer le temps passé à rouler en banlieue avant d'entrer en ville constituée.
Par exemple, Vienne, entre 0 et 5 mn, Paris, entre 20 et 40 mn.

  
BÂTIMENTS D'HABITATION

1. Thèmes architecturaux

Si s'est posée la question de l'attitude à adopter pour la reconstruction des bâtiments les plus lourds de sens (comme les églises), celle de l'implantation et du style des bâtiments publics et des services, ce qui a dû être traîté en urgence, pour répondre à la demande des sinistrés dont la plus grande partie vivait en baraquements provisoires, c'est la reconstruction de l'habitat.
Suivant les villes et les quartiers, il s'agit d'habitat individuel, ou d'immeubles collectifs.

Les rythmes, les volumes, dans la plus grande partie des cas, font appel à des références à la tradition régionale : grands toits d'ardoise ou de tuiles plates, souches de cheminées, chiens assis et lucarnes.

[22] coignet & éditions Eyrolles
Lessay

En façade, on constate une grande homogénéité générale des matériaux et techniques employés, la pierre et le béton armé étant dominants. La pierre provient soit de récupération, soit de carrières locales, et sa mise en œuvre, sur un temps très court, généralement exécutée avec soin, est très datée. Les joints de mortier de ciment sont larges, les blocs équarris de manière plus ou moins régulière, de taille moyenne.

[23] coignet & éditions Eyrolles

Le cadres de baies, sauf exception rare, liée à un programme d'exception, sont en béton armé, dont les traîtements sont soignés, et correspondent au goût de l'époque : essentiellement des bétons bouchardés.

[24] coignet & éditions Eyrolles

La qualité plus ou moins grande des détails est liée à la valeur des bâtiments avant leur destruction. La valeur de reconstruction à neuf des bâtiments détruits a été estimée, et la mise en œuvre des nouvelles constructions est plus ou moins luxueuse, en rapport avec ces estimations.

[25] coignet & éditions Eyrolles

Si dans la majeure partie des cas, c'est une sorte d'architecture régionaliste, très homogène, qui a été utilisée dans les villes reconstruites, certains ensembles portent plus nettement la marque d'une recherche contemporaine. Ici, cet immeuble de la place de la mairie de Saint-Lô a été dessiné avec l'intention manifeste d'apporter un caractère monumental et urbain, suivant les canons en vogue dans les années 40-50.

[26] coignet & éditions Eyrolles

Les audaces architecturales sont rares dans le domaine de la reconstruction de l'habitat. Lorsqu'elles se manifestent, elles peuvent être pour le moins curieuses. Ci-dessous, dans les quartiers est de Saint-Lô, un essai de mise en œuvre de panneaux préfabriqués de béton armé, avec une finition de graviers apparents.

[27] coignet & éditions Eyrolles
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2. Typologie (esquisse d'esquisse)

C'est essentiellement sous la forme de constructions à l'alignement sur rue que la reconstruction a été menée. Parfois, sur l'ancien tracé des rues, la plupart du temps, sur des tracés remaniés, et, plus rarement, après un travail de recomposition totale de l'espace urbain (cas de Saint-Lô).

A Coutances, le parti d'urbanisme a été élaboré en respectant le plus possible les anciens tracés de rues, et les bâtiments nouveaux sont généralement à l'emplacement qu'occupaient les bâtiments détruits. Ils en ont de manière logique les gabarits.
Ici, un alignement dense sur la rue principale, constitué d'immeubles d'habitation.

[28] coignet & éditions Eyrolles
Coutances

Si l'exemple ci-dessus est relativement austère, ce qui est probablement lié à la qualité des immeubles détruits, d'autres ont été réalisés avec plus de soin, comme ici, à quelques centaines de mètres dans la même rue de Coutances.

[29] coignet & éditions Eyrolles
Coutances - à gauche, immeuble reconstruit, à droite, immeuble de la fin du XIXe siècle

Même lorsque l'espace urbain est réorganisé et que les alignements sont nouveaux, c'est la référence à l'habitat antérieur, construit à l'alignement, qui est la norme. L'architecture emprunte aux canons des années quarante (baies larges horizontales, encadrements et bandeaux très présents), et à l'architecture traditionnelle régionale (volumes des toitures). La morphologie ancienne, commerces à rez-de-chaussées et habitat dans les étages, est reconstituée.

[30] coignet & éditions Eyrolles
Périers, place principale

Même lorsqu'il s'agissait de petites propriétés, comme ce commerce et son logement associé, la reconstruction prend en compte la restitution de ce qui a pré-existé. Ce petit ensemble est typique de l'ensemble des constructions nouvelles en Cotentin après la guerre : un commerce au rez-de-chaussée, et un étage d'habitation constitué d'une façade de moellons de pierre.

[31] coignet & éditions Eyrolles
Commerce à La-Haye-du-Puits

Si une mise en œuvre presque unique des matériaux domine nettement dans l'ensemble des villes reconstruites de la Manche, on trouve, comme ici à Valognes, qui a fait l'objet d'un soin tout particulier, des ensembles de nature différente suivant les îlots, et qui peuvent faire appel à des matériaux plus nobles, comme ici la pierre de taille. Généralement, la richesse de ce qui a été reconstruit est liée à celle des bâtiments antérieurs.

[32] coignet & éditions Eyrolles
Valognes, avenue de la Division Leclerc

Ici, par exemple, à Coutances, c'est une rue résidentielle aisée qui a été restituée, chaque maison étant différente de sa voisine.

[33] coignet & éditions Eyrolles
Coutances

Souvent, les ensembles d'habitation denses sont conçus autour de rues fermées, irrigant de grands îlots dont l'usage est semi-privé. Les porches sous-immeubles ont été une des solutions couramment employées, pour créer des espaces arrières aux immeubles, à l'écart du reste de la vie urbaine.

[34] coignet & éditions Eyrolles
Coutances

On y trouve des abris de jardins, des garages pour les voitures, des accès arrières aux bâtiments d'habitation dont l'autre façade comporte généralement des commerces.

[35] coignet & éditions Eyrolles
Coutances

Dans la majeure partie des cas, les constructions nouvelles jouxtent d'anciens alignements. La partie ouest de la place principale de La-Haye-du-Puits a été épargnée par les bombardements, alors que l'autre rive de la place a été entièrement détruite.

[36] coignet & éditions Eyrolles
La-Haye-du-Puits, façades non détruites
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BÂTIMENTS D'HABITATION

3. Espaces privatifs, hiérarchie des espaces d'habitation

L'urbanisme moderne doit répondre à une nouvelle donne, relativement récente : la place de la voiture dans la ville. D'autre part, les habitants souhaitaient retrouver un cadre de vie proche de celui qu'ils avaient perdu.
Dans les petites villes normandes, la vie est encore essentiellement rurale, et les habitations en ville comportent, depuis les rues commerçantes de villes relativement peu étendues, des accès à des jardins, des cours intérieures, ainsi qu'à des chemins vers la campagne et les champs.
Les urbanistes ont à la fois en grande partie reconstitué la hiérarchie antérieure entre façades urbaines et façades privatives et d'aspect plus rural, et recréé les grands cœurs d'îlot donnant sur des jardins, ou de petites voies secondaires.

Ci-dessous, dans la partie non bombardée de Périers, à l'arrière des maisons et petits immeubles de la rue principale, on accède par des porches aux jardins et à la campagne.

[37] coignet & éditions Eyrolles
Périers

Cette hiérarchie entre avant et arrière, représentation et espaces privatifs, a été la base de l'aménagement conçu pour la reconstruction des villes. Par exemple, ci-dessous, en plein cœur de Coutances, l'arrière des immeubles commerçants du centre ville donne sur des cours privatives, accessibles entre des alignements de garages pour les voitures.

[38] coignet & éditions Eyrolles
Coutances

A Périers, l'ensemble des îlots reconstruits comporte une façade très urbaine, ordonnancée, généralement avec un commerce ou un service au rez-de-chaussée, et une façade arrière donnant sur des courettes et une rue secondaire, accessible en voiture pour le stationnement des riverains.
Ce qui est intéressant, c'est que contrairement à ce qui serait organisé aujourd'hui, ce ne sont que les pièces secondaires et de service qui donnent sur la façade arrière. On ne se préoccupe pas encore, à l'époque, de créer les lieux de vie sur le côté le moins bruyant et le moins passant.
Voici une rue secondaire à l'arrière d'immeubles d'habitation dans le centre de Périers.

[39] coignet & éditions Eyrolles
Périers

On retrouve, réalisée autrement par un autre architecte, une disposition semblable pour des maisons de ville à Montebourg.

[40] coignet & éditions Eyrolles
Montebourg

Parfois, c'est une véritable anarchie de volumes secondaires qui règne en ces façades sur cours, semblable à ce qui pouvait exister dans les quartiers anciens disparus.

[41] coignet & éditions Eyrolles
Montebourg

Mais généralement, l'espace a été dessiné, organisé, et on sent plutôt des projets d'architectes.

[42] coignet & éditions Eyrolles
Valognes

Et parfois, mais finalement relativement rarement, malgré la répétitivité de l'architecture et des morphologies, on sent se préfigurer des ambiances proches de ce que pourront être celles des grands ensembles des décennies à venir, comme ici en centre ville de Saint-Lô.

[43] coignet & éditions Eyrolles
Saint-Lo

Toutes photos au leica R5, avec 3,5:/15 mm, 2,8/24 mm, 2,8/60 mm, 2/90 mm.

  
Très intéressant, Coignet.
ça me fait tout chose de voir ainsi ma région, en particulier son aspect le moins "rieur", analysé ainsi de façon quasi clinique.
Coin.

  
Oui, clinique…, en effet.
C'est la base dont j'ai besoin pour aller plus loin, et vos avis m'intéressent.
Aujourd'hui donc, un nouveau chapitre : les bâtiments d'habitation.

Il y en aura un, d'ici quelques temps, sur les espaces urbains.
Bonne lecture… :roll:
  • Message par insoL, jeudi 20 septembre 2007 à 16h44
    citer

Très intéressant et même inattendu.
Mais j'ai peine à croire que certains "volumes secondaires" et garages pour voitures aient été construits avec l'entier acquiescement des autorités dites "responsables" ou conformément aux plans initiaux [35] [39] [40] [41] [43].

Car, tôt ou tard, le brol* reprend toujours ses droits (voir mon intervention ci-dessus et, pour ceci (*) : http://www.pirate-photo.fr/forum/viewtopic.php?t=255 )
Par contre, je suis étonné par le soin apporté à certains détails et par leur pérennité [25]

Finalement, les (re)constructeurs ne s'en sont pas si mal tirés et je reste abasourdi par l'effort accompli en, relativement, si peu de temps.

Ça va être passionnant de suivre ce travail.
Merci.

  
A propos de cette dernière partie, insoL
j'ai peine à croire que certains "volumes secondaires" et garages pour voitures aient été construits avec l'entier acquiescement des autorités
Dans certains cas, que ce soit avec leur acquiescement, ou non, ça date bien de ces années-là. Dans d'autres, c'est plus récent.
L'étude que je dois mener m'en dira plus, car je vais aussi chercher en archives les plans d'origine, et des photos de chantier. L'évolution depuis la construction m'intéresse également.

insoL
je reste abasourdi par l'effort accompli en, relativement, si peu de temps.
Il y a de quoi ! Et il semble que généralement, ça s'est plutôt bien passé entre les quatre principaux acteurs en rapport : le MRU (Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme), les élus locaux, les associations de sinistrés, et les architectes-urbanistes. Il y a évidemment des cas de désaccord, des cas de tension entre élus locaux et Ministère (qui les trouve trop exigents et le dit parfois avec peu de précautions), et des sinistrés qui s'inquiètent des délais et de ce à quoi ils auront droit (en particulier à Saint-Lô), il y a des architectes qui remettent en cause ce qu'on leur demande (en particulier à Coutances), mais globablement, ça se passe étonnamment bien, et ça va plutôt vite. Les bâtiments publics passent en second et ont été les derniers reconstruits, la priorité ayant été donnée aux logements.

insoL
je suis étonné par le soin apporté à certains détails et par leur pérennité
C'est réellement étonnant, quand on sait comment vieillissent mal beaucoup de bâtiments en béton armé beaucoup plus récents, des années 70-90… :exas: : ferrailles qui rouillent, parements qui éclatent.
Ici, la qualité générale de construction est superbe, les détails d'exécutions sont réalisés avec grand soin. Ce sont un peu toujours les mêmes, c'est assez répétitif, mais c'est remarquablement bien fait. Il ne doit pas y avoir plus de 10% de petits détails (corniches, cadres et appuis) qui se délabrent actuellement, alors que tout ça a maintenant quelques 55 à 60 ans.

On trouve des façades enduites, des cadres, bandeaux et appuis de béton, et des façades de pierre :

[44]
La-Haye-du-Puits, et Coutances

Qu'il s'agisse de bâtiments ambitieux ou plus modestes, les finitions sont généralement réalisées avec le même soin.

[45]
moellons bouchardés

Le moellon régulièrement équarri domine, avec des faces vues bouchardées, ou simplement clivées.

[46]
moellons à face clivée et grand bandeau/linteau de béton teinté bouchardé, Coutances

[47]
moellons et corniche de béton armé coulée en place, Lessay

[48]
moellons équarris, cadres de baies en ciment, corniche de béton brut coulée en place, Valognes

[49]
pierre de taille et corniche de béton brut coulée en place, Valognes

[50]
moellons, tableaux de baies en brique, appuis, linteaux et corniches en béton peint, coulé en place, La-Haye-du-Puits

[51]
moellons d'appareil, corniche de béton brut coulée en place, Montebourg

[52]
ensemble en béton armé bouchardé coulé en place, Montebourg

Parfois, on rencontre tout de même des problèmes de vieillissement, classiques avec le béton armé, mais c'est relativement peu fréquent :

[53]
Cadres de baies en ciment, Periers ; l'un des rares exemples de béton éclatés

Les plaques d'égoût sont-elles des années quarante ? :twisted:

[00]

Y'en a qui mettent n'importe quoi dans leurs posts… :bla:

  
C'est un véritable don que tu as de mettre à notre portée ton travail qui semble pourtant si spécialisé, de le rendre non seulement compréhensible mais passionnant.
Le texte est clair, limpide. Les photos sont choisies (et prises, cela va sans dire !) avec un soin particulier, comme si, au moment où tu as photographié, tu avais déjà ton propos en tête.
Les vues d'ensemble pour la compréhension globale, les détails pour souligner : on te suit avec intérêt !

Juste une remarque. Nous ne sommes pas tous des professionnels du bâtiment, ni des matériaux. Sans doute faudrait-il (peut-être pas ici, mais dans ton ouvrage futur) adjoindre un lexique : que signifie "bouchardé", ou "clivé" ou rappeler la différence entre moellons, pierre de taille, etc (tous n'auront pas lu attentivement - contrairement à moi - ton livre sur la maçonnerie de pierre)
  • Message par insoL, vendredi 21 septembre 2007 à 9h02
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J'avais oublié de dire combien j'apprécie ce beau N/B sobrement présenté et, désormais, je crois que je vais voir ces villes avec un autre regard.

En attendant une réponse de Coignet :
Bouchardé : martelé à la boucharde (marteau hérissé de dents pyramidales).
Clivage : rupture du matériau suivant son plan de cassure naturel le plus favorable (dit plan de clivage)
Moellon : petit bloc de pierre, brut ou plus ou moins équarri.
Pierre de taille : "la taille" peut désigner l'art de la stéréotomie mais, ici, la mise au format ainsi que l'aspect et l'état de surface du parement selon les outils utilisés.

(D'après "le petit Dicobat" car les livres de Coignet sont déjà mis en caisses en prévision d'un futur déménagement)
Bonne journée à tous et toutes.

PS : À propos de poster n'importe quoi, j'ai plutôt tendance à voir ces choses comme des polygones réguliers non convexes à 'n' sommets ou, comme ici, à voir une trame, grille ou pavage (math.) avec six angles de 60° aux sommets.

Mais, par ailleurs, je peux comprendre que l'on considère, le svastika (dextrogyre) avec antipathie. 8)

  
Merci à vous deux.
Ça me fait plaisir que les photos soient aussi appréciées.
Le sujet est austère, il s'intéresse à une période qui est généralement négligée, dans des villes petites et moyennes, qui n'ont pas eu l'honneur de monographies comme il en existe au sujet, par exemple, de la reconstruction du Havre.

Je cherche à mener une réflexion d'ampleur, espérant à la fois rendre justice à la qualité du travail qui a été mené là, faire (un peu) œuvre d'historien, et le faire avec un œil d'architecte et urbaniste, c'est à dire le compléter par un regard professionnel sur l'architecture et l'espace urbain.

Le travail sera mené sur trois plans :
- thématique : matériaux, architecture, typologie des logements, espaces publics, nouveaux bâtiments publics.
- monographies croisées de villes à partir de juin 44 : relations habitants/élus/administrations/État central/architectes ; morphologie de la ville avant, débats, et état après - évolution depuis la reconstruction.
- l'urbanisme en France : quels débats dans les années 30, ce qui se dessine dans les années 40 (dès la première reconstruction en 40, et après 44), ce qui sera pratiqué ensuite (ZUP, rénovations de centres-villes —RHI, villes nouvelles, réflexions actuelles sur la ville).
La réflexion sera appuyée sur de nombreuses photos (avant, après bombardements, après), et sur un travail sur plan (j'ai déjà recensé sur fond de plan l'ensemble des reconstructions, et les évolutions depuis la Reconstruction).

Il n'y a rien à ajouter aux définitions données par insoL.
Concernant la finition bouchardée, je précise qu'elle a existé largement avant l'arrivée du béton, étant pratiquée aussi, comme le montre la photo 45, sur les parements de pierre. Voir aussi ce bel exemple, sur un mur de soutènement du XVIIIe siècle, sur le port de Port-Vendres :

photo Coignet et éditions Eyrolles
  • Message par nel, dimanche 23 septembre 2007 à 18h49
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Pour moi il y aura 2 questions :

A quelle époque peut on considérer que la phase de reconstruction s'achève ?
Et montreras tu comment ensuite l'urbanisme se déploie à partir du bâti de la reconstruction ?

Nous n'avons pas dans le sud de la France d'exemples d'urbanisme de reconstruction massive, c'est parfaitement passionnant.

  
On pourrait dire vers 1960 : c'est très long !
Pour les villes les plus détruites, il y a eu deux ans de déblaiements, évacuation des décombres, comblement de caves, récupérations : mise en sécurité et préparation avant travaux.
Et il y a eu 10 ans de travaux pour reloger tout le monde, avec des procédures complexes d'estimation de la valeur des bien détruits, remembrements, etc.
Pendant ce temps, les gens, les activités, étaient dans des baraquements provisoires en tous genres, dons de l'armée américaine, de pays voisins, d'associations, etc., dans la famille à la campagne, les administrations étaient déplacées, les fonctionnaires dispersés…
Les premiers relogés le sont dès les années 1947-48, et ça va durer jusque vers 1957.
Ce n'est que dans un deuxième temps qu'on a relogé les administrations et les divers services publics. Je crois que les dernières mairies sont inaugurées vers 1962.

Je ferai un topo précis là-dessus, une synthèse, dans quelques semaines.

Bien sûr, il est aussi intéressant de regarder comment ces villes se sont développées ensuite. Je n'en suis pas là, il faut encore du travail de terrain pour évaluer ça correctement. J'ai prévu au minimum trois ans de travail sur ce sujet.
A première vue, pas vraiment différemment de ce qu'on peut voir dans les autres viles anciennes.
Dans la Manche, en moyenne, l'expansion urbaine n'est pas très importante, beaucoup moins que dans le sud, et elle est bien mieux "tenue" : on sent une volonté de créer un urbanisme soigné, bien plus que dans notre sud.

  
insoL remarque avec justesse
Finalement, les (re)constructeurs ne s'en sont pas si mal tirés et je reste abasourdi par l'effort accompli en, relativement, si peu de temps.
En effet, un effort extraordinaire, au point que la construction de logements neufs est largement insuffisante en dehors des villes sinistrées, et que se développent des bidons-villes aux portes de Paris, les moyens manquant pour entretenir, simplement gérer, les centres anciens, et assurer le régulier renouvellement urbain nécessaire, après plusieurs décennies difficiles : se sont succédé la décennie suivant la crise de 29, celle de la Seconde-Guerre, puis la décennie de la Reconstruction : presque 30 ans d'insuffisance chronique.
A la fin des années 1950, les centres-ville sont dans un état catastrophique, comme à Paris aux Halles, où des rues sont fermées car les immeubles menacent ruine ; c'est dans ce contexte qu'est lancé par exemple l'appel de l'abbé Pierre en hiver 1954.

En 1958, la création de la procédure des ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité) est destinée à transférer cet effort extraordinaire à la création dans l'urgence de milliers de logements. L'effort financier est alors une nouvelle fois considérable, mais les moyens diffèrent, ainsi que les cadres.
Plus tard viendront aussi les opérations de rénovation de centre-villes.

C'est aussi le lien entre ces deux grands aventures de l'urbanisme français du XXe siècle que je souhaite explorer, la première en grande partie méconnue, et la seconde, aujourd'hui lourdement critiquée (il y a des raisons bien entendu).

  
Je découvre les mises à jours de ce fil. J’avoue mon émotion particulière à refaire cette promenade dans ces villes qui me sont chères, à travers le regard parfois chirurgical de Kim. Lorsque l’on est habitué à vivre ou à être passé tant de fois dans ces lieux, on finit par oublier ce qu’il a fallu comme travail pour reconstruire en quelques années ce que la folie meurtrière a, en quelques semaines, mis à terre. Il y a chez les « bas normands » beaucoup de pudeur à évoquer cette période noire de notre récente histoire et les croix si blanches des cimetières américains ravivent chez ceux qui auraient la mémoire courte, la fureur de la bataille… Je ne peux prétendre poster autant de photos que Kim de ces lieux où j’ai usé parfois mes sandales, voire mes shorts sur les bancs de certaines églises ici magnifiées. Le hasard a fait qu’au mois de juin dernier, je me trouvais à Coutances, avec en tête la si belle chanson de Dick Annegarn « Un dimanche après-midi à Coutances ». Sur les quelques photos gardées de cette belle et ensoleillée journée, j’en garde deux, pardon elles sont postées en couleur, pour remercier Kim pour son travail et pour montrer que la Normandie, même celle qui est « basse » en couleur, elle est belle. J’autorise Kim à les déplacer s’il trouve qu’elles n’ont pas leur place dans son beau travail. :D:

Le parc derrière la cathédrale


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