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La série de La Diva, Les traces de la guerre à Berlin m'a décidé à poster cette série.



Voici la première, cette photo, à première vue ne présente aucun intérêt, que ce soit pour le paysage ou pour sa composition.
Elle ne prend que du sens que lorsque l'on connait le lieu où elle a été prise.
Nous sommes à l'endroit où la "sélection" était faite à l'arrivée des trains de déportés à Auschwitz


Les déportés "sélectionnés" pour le travail forcé étaient placés en quarantaine dans cette baraque


Plus loin voici l'endroit de la destruction de tant d'hommes, de femmes et d'enfants. Ce sont les ruines d'une des chambres à gaz, détruite par les SS lors de l'abandon du camp avant l'arrivée des Soviétiques.
Plus loin dans la banlieue de la ville d'Auschwitz le premier camp où étaient enfermés les prisonniers de guerre russes, les déportés politiques de toute l'Europe



Voilà je poste cette série le 8 mai, pour que l'on n'oublie pas.

  
Merci, Victor S (alias Leon T, alias...) pour ce témoignage bouleversant.

Victor S
Voilà je poste cette série le 8 mai, pour que l'on n'oublie pas.

Je ne crois pas qu'une horreur pareille, ses traces, et ses souvenirs, puissent s'oublier dans la mémoire humaine.
Mais pour les générations futures, il est sans doute important que la mémoire soit entretenue.
Tu as donc raison de le souligner, de la même manière que les Allemands d'aujourd'hui ont raison de construire ces signes de repentance au coeur même de leur capitale, contre l'oubli, pour que la mémoire ne soit pas seulement passive, mais active, et réactivée au quotidien.

  
Diva : je dois réagir. Je ne suis pas d'accord sur l'interprétation que tu fais de ces signes et monuments nombreux en Allemagne.

Ce ne sont pas nécessairement des signes de repentance, et c'est d'ailleurs ce qui est intéressant et fondamental : ce sont des signes de souvenir.
On parle de barbarie nazie, et de libération des nazis, en Allemagne. Ce n'est pas de la repentance. Comme c'est sur cette terre que se sont déroulées ces exactions, il faut bien entendu que cette mémoire n'y soit pas perdue, et que les historiens y travaillent.

En France, reconnaître que Vichy n'est pas la République et que la continuité de l'État a été assurée dans de scandaleuses conditions n'est pas non plus de la repentance, mais la reconnaissance d'un fait.

C'est ce qu'une certaine droite actuellement au pouvoir ne comprend pas très bien (ou feint de ne pas comprendre). Et c'est ce qu'une certaine gauche qui se croit plus morale que les autres tente d'instrumentaliser, de manière très immorale, justement.

Cela dit, Victor-Léon, merci pour tes images.

  
coignet
Diva : je dois réagir. Je ne suis pas d'accord sur l'interprétation que tu fais de ces signes et monuments nombreux en Allemagne.

Ce ne sont pas nécessairement des signes de repentance, et c'est d'ailleurs ce qui est intéressant et fondamental : ce sont des signes de souvenir.

La discussion est intéressante : repentance ou souvenir

Pendant des décennies - jusqu'à très récemment - les jeunes allemands que j'ai cotoyés (nés après la guerre, de ma génération) se sentaient directement et personnellement responsables de ce que leurs parents et grands-parents avaient fait, ou laissé faire.
Honteux de leur pays aussi. Avec l'envie d'assumer eux les fautes de leurs pères.
C'est ce qui ressortait des discussions que j'ai pu avoir avec certains.

C'est pour celà que je vois dans ce Mémorial de l'Holocauste une repentance. Ils construisent au coeur de leur ville, à un endroit historique (à 2 pas du Reichstag) un monument pour les générations futures. Ce n'est pas une auto-flagellation, c'est un signe donné au monde entier de leur faute collective (à mon sens), qui ne doit ni être cachée, ni être oubliée (Dans Mémorial, il y a bien entendu Mémoire).
Car pour la seule Mémoire, pour les seuls Souvenirs, point n'est besoin de construire de nouveaux endroits. Les camps, transformés en musées-lieux de souvenir, auraient pu suffire.

Mais ce n'est là que mon pauvre avis.

NB : plus personnellement, ayant des ascendances allemandes directes, je ressens ces lieux comme des lieux d'expiation des fautes que je n'ai pas commises.

  
Tu as raison à propos de notre génération.
J'ai fait le même constat sans ambiguité au Japon : les gens de notre génération (40-50 ans) nés nettement après la guerre, mais dans un monde qui ne l'a alors pas encore oubliée, se sentent concernés par ce qu'ils pensent être les actes collectifs de leurs parents, et choisissent d'en assumer une part collective, non seulement de repentance, mais aussi de honte.

On trouve aussi cela chez les allemands.
Est-ce cette génération là qui est maintenant au pouvoir et souhaite qu'il n'y ait pas oubli ? Car la "poussée" des mémoriaux est récente.

La génération qui a fait la guerre, et celle qui l'a vécue enfant, a cherché à reconstruire l'Allemagne en allant de l'avant, dans un état d'esprit totalement dénué d'idéologie exprimée, et un esprit de travail et de devoir. Ils ont bâti l'Allemagne florissante d'après-guerre. Leurs enfants (notre génération) ont eu une forte demande de compréhension de ce qui s'était passé, et en ont porté une certaine culpabilité. Arrive maintenant, aussi bien au Japon, qu'en Allemagne, une génération pour qui tout ceci est de l'histoire ancienne.
Il y a certainement urgence à leur rappeler de quoi il s'agit, et il me semble que cela peut expliquer le développement sans précédent de lieux de mémoire en Allemagne : peur de l'oubli.

Et je pense, justement, que ces dernières édifications diverses, de monuments, de lieux de recueillement, de centre de recherche et d'histoire, se font dans un esprit d'ancrage dans les mémoires et non de repentance : le temps n'est plus à la repentance, mais à l'histoire.

A Berlin, cette histoire est d'autant plus complexe, que l'Est a fait l'économie d'une réflexion sur ces questions. Passant directement d'une dictature à une autre, il leur a été pour ainsi dire interdit de faire un travail de réflexion sur ce qu'a été le nazisme ; ils ont de plus été élevés dans l'idée que ce n'était pas eux mais les autres.
Devoir parfois côte à côte, presque dans les même lieux, célébrer l'héroïsme des troupes soviétiques en 1944-45, et la chute du mur, doit créer de sacrés téléscopages…

Voir alors tes sujets Berlin : traces de guerre, et Berlin : vestiges d'un mur.

Il y a -1944 jours payés jusqu'au 31/12/2018
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