le Pirate Forum

Merci infiniment à Jacques de prendre de son temps et d'expliquer avec clarté cet enjeu phénoménal et vital pour l'Homme.

Non initié dans ce domaine, tout comme Laurent, cet exposé limpide et construit avec beaucoup de subtilités et de précisions, ne peut que conduire à nous interroger sur un "phénomène" qui par sa force, son ampleur, sa complexité nous échappe.

Il apparaît tout de même un consensus sur les causes anthropiques du changement climatique que nous vivons, causes auxquelles "s'ajoutent" ou se mêlent des phénomènes naturels dont on ne sait pas grand chose, ou si peu. Tout le monde n'est pas encore d'accord avec cela !

Réchauffement climatique ? Il y a quelque chose d'abstrait dans les chiffres : +0,2°C à +0,3°C par décennie à l'échelle mondiale au moins pendant deux décennies, et ensuite ? Quels sont les scénarios ? On ne peut tout de même pas se contenter de dire que Franck Fenner a raison et que le problème auquel nous sommes confrontés n'a aucune solution, qu'il est trop tard et depuis longtemps.

Quelles vont être les conséquences immédiates de cette augmentation de la température ? Quel impact sur les peuples ? L'Eau potable va probablement être au premier rang des enjeux, quelles sont les stratégies d'adaptation ? Quels impacts économiques et quels enjeux pour des pays aussi différents que la Norvège, l'Inde, le Brésil, la Chine et les Maldives...

Notre esprit est probablement trop cartésien. Il aime les relations de cause à effet limpides et si possible expliquées entre la pub et le journal de 20H. En Mastère création d'entreprise, à l'ESC, où il m'arrive d'être jury des études de cas, labellisé HEC, la majorité des étudiants veut faire "Finances" reléguant le "Développement Durable", "la taxe carbone", l'impact C02, à de simples phénomènes de mode dont on se passerait bien.

Dans les clubs d'Entreprises, c'est encore pire, c'est le carnet de commandes de demain matin qui est la seule et unique priorité.
"Le Leica 50mm Summilux est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux"
    La suite

  
Les médias

Entre en scène la quatrième catégorie, celle des caisses de résonance médiatiques. Ayant pour cible explicite l’opinion publique, des personnages publics (scientifiques, technocrates, journalistes, …) capitalisent sur les catégories précédentes pour composer un bouillon aux relents populistes, dont l’ingrédient dominant est le complot (des scientifiques, des écologistes, …) contre le bon peuple, appelé par une entreprise occulte internationale à faire des efforts aussi exorbitants qu'inutiles. Comme dans un spectacle de Guignol, le public est appelé à alerter les décideurs qui, abusés par des discours savants, n’auraient rien vu de ce qui se tramait dans leur dos.

Il est symptomatique de constater que très souvent, ces « sceptiques médiatiques » invoquent la technologie comme recours unique aux avatars de la technologie : comme la catégorie précédente, ils reconnaissent donc la force de la science tout en la contestant dans un champ précis – à les croire les seuls chercheurs en sciences du climat seraient ainsi incompétents et malhonnêtes. Ce qui a provoqué récemment des actions collectives, à leur tour contestées dans la presse par d’éminentes figures scientifiques ou philosophiques n’hésitant pas à s’ériger en nouveaux sophistes épistémologiques, dans un confort assuré par leur incompétence sur le fond, selon le bon vieux principe populaire « moi, je n’y connais rien, mais ce que j’en pense… ».

De fil en aiguille, il est évident que l’action contre le changement climatique passera par sinon une révolution, au moins une évolution de nos paradigmes économiques. Dans ce contexte, des intérêts sont en jeu. La motivation des « sceptiques » leur appartient, bien que l’on ait suspecté quelques « téléguidages », à travers l’action de certains lobbies Nord-américains, ou encore des prises de position « officielles » de l’académie des sciences de Russie ; on ne peut non plus oublier les méthodes apparues récemment, fondées sur le dénigrement public et utilisant pour ce faire des méthodes illégales telles que le piratage de serveurs de courrier.

On ne peut s'empêcher de s'interroger simplement. J'ai eu plusieurs fois à faire réaliser et maintenir des sites web. J'en connais le coût. Pour un laboratoire public, faire un site web représente un gros effort financier. Alors devant ces sites "sceptiques" à la mise en page impeccable, régulièrement tenus à jour, je me demande parfois : qui paie ?

Il convient cependant de ne pas tomber dans une théorie du complot « à l’envers » : c’est précisément la relative faiblesse de la science qui fait en un sens sa force, elle n’a nul besoin de recourir à l’argument d’autorité pour s’établir. Mais, comme signalé de manière récurrente par l'historienne des sciences Naomi Oreskes, il demeure que dans cette tourmente, la recherche sur le climat paie probablement le fait qu’elle n'a pas occupé le terrain de l’opinion : le GIEC reste aujourd’hui un outil d’expertise au service des décideurs, donc des technocrates, plus que du public, or la vérité est plus que jamais, dans nos sociétés, une construction sociale.
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

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Un exposé intéressant, mais pourvu d'un point de vue très axé, auquel il manque l'opposition.
Je n'ai pas spécialement envie de me lancer là-dedans, parce que j'ai déjà donné sur le sujet sur des foras et que c'est inutile et très chronophage, mais il me semble important de soulever quelques questions:

- quid de l'excentricité, l'inclinaison, et la précession de l'orbite terrestre sur les variations climatiques?
- quid du déplacement du pôle magnétique (et ses inversions régulières)?
- quid du refroidissement du noyau sur le réchauffement en surface? (ben oui, la chaleur que perd le noyau, avant de se disperser dans l'atmosphère, passe par la surface terrestre, et les couches atmosphériques)

si mes informations sont toujours d'actualité, aucun de ces 3 points n'est encore quantifié dans leur participation au global change.

Pour ma part, si je reste persuadé qu'une modification climatique est en cours, mais difficile à définir, surtout si on se base sur les travaux de Milankovic, la part anthropique n'est peut-être pas si importante que ce que les angoissés du climat voudraient faire admettre.

Alors, agir, oui, culpabiliser, non, et malheureusement, le mode actuel est plus penché vers la culpabilisation.

  
Ce ne sont pas des angoissés du climat, ce sont des spécialistes dont la tache consiste en l'évaluation de la part de l'influence de l'activité humaine sur l'évolution du climat.
Ils étudient des variations à l'échelle du siècle, et non des dizaines de millénaires.
S'il est difficile d'admettre, pour des esprits non préparés et non outillés comme les nôtres, que la mutation de nos modes de vie depuis 150 ans a modifié le climat, reconnaissons qu'il serait encore plus difficile de comprendre comment des modifications climatiques qui se font à l'échelle géologique seraient perceptibles sur quelques décennies.

D'autre part, j'ai, comme tout le monde, eu la possibilité de lire les réactions de ceux qui nous expliquent qu'il faut se référer à Milankovic. Ma réaction à ce sujet est la suivante : peut-on vraiment imaginer, sans crainte du ridicule, que les chercheurs du GIEC ignorent des éléments présents sur wikipedia et dans les livres de vulgarisation pour enfants ?

Je crois que ce qui déconsidère le plus les travaux du GIEC, dans la perception collective, ce n'est pas les fuites organisées, les affaires de publication de courriels, et autres choses orchestrées en effet par certains médias, mais l'action publique telle qu'elle est menée, et annoncée. Que les mêmes responsables politiques puissent, à distance d'un an ou deux, annoncer que leur lutte prioritaire est la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, puis sembler ne valider aucune des décisions annoncées, pour passer à autre chose, fait beaucoup pour le discrédit de cette cause, donnant l'impression qu'il s'agit d'une invention destinée à masquer des faits plus importants : par exemple la récession économique et l'action gouvernementale à ce sujet.
Car le plus important de la thèse des climato-septiques ne repose pas dans la démonstration d'autres thèses crédibles concernant l'évolution du climat (ils n'en ont pas, ils recyclent leurs cours de collège : pôle magnétique, écliptique, taches solaires), mais repose sur la distillation du soupçon qu'un discours public est tenu par les politiques pour nous tromper.

Je suis tout à fait d'accord avec la réaction de Laurent !

Il n'est pas certain, de toutes façons, que des causes naturelles n'engendrent pas des changements brutaux. Si je considère les seules modifications des paysages, c'est une évidence. Prenons par exemple le seul cours de l'Adour qui au Moyen-Âge se jetait dans l'Atlantique à Capbreton et qui aujourd'hui se jette comme chacun sait à Bayonne, soit une quarantaine de kilomètres plus au sud. Il a fallu une formidable tempête pour que cela arrive ! J'ai vécu "Hugo" en Guadeloupe pour savoir qu'en une nuit, une ravine peut se déplacer de plusieurs centaines de mètres.

La conclusion de Jacques est éclairante : "...(...) la vérité est plus que jamais, dans nos sociétés, une construction sociale."

Sans avoir besoin de douter de la sincérité des politiques, et tu soulignes bien Laurent, le décalage entre le discours et les actes, je pense que leurs actions sont avant tout électoralistes.
C'est ainsi dans des politiques où le clivage entre la gauche et la droite a un sens, mais c'est aussi le cas pour tout le reste, là où précisément devrait se dégager un consensus : le climat, le logement, les transports...

Je n'ai qu'une crainte quant à moi, c'est que les politiques ne détiennent en réalité aucun pouvoir, et que ce dernier est avant tout économique, et qu'en plus cela risque de s'accentuer par des déséquilibres nés ne serait-ce que par un accès à l'eau potable devenu la priorité majeure pour quelques millions d'individus.
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  • Message par insoL, mercredi 7 juillet 2010 à 9h59
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Merci à vous, Coignet et Jmichel33 !
Vous m'épargnez la peine d'achever la rédaction du petit texte que je préparais et qui allait dans le même sens que les vôtres … Quoique en plus pessimiste, car on ne peut prévoir la résultante des multiples forces en action dans tous les domaines.
Faut, faudra, faudrait … Il aurait fallu.

  
Jmichel33 parle d'un consensus politique à propos de climat, logement et transports.
Rien n'est moins certain et moins évident.
Le consensus n'existe absolument pas à propos de politique de logement et de transport.
Par exemple, les transports publics, en particulier le train, sont financés par l'État pour une part, et par le voyageur pour une autre part. Le débat est permanent à propos de la répartition entre ces deux modes de financement. Suivant que l'on se trouve à gauche ou à droite, les conclusions sont différentes.
Concernant le logement, il n'y a non plus aucun consensus : se loger est-il affaire collective, ou privée ? L'État encourage-t-il l'accession, ou la production de logement public ? L'État participe-t-il à la production de logement ou non ? Suivant la couleur politique, on trouve des attitudes radicalement différentes. Il est vrai que les gouvernements qui se sont succédés depuis 40 ans ont appliqué, bon-an mal-an, des politiques relativement proches, semblant refléter un consensus général moyen. Mais on voit tout de même se succéder des orientations différentes dans leur détails, et, suivant les gouvernements, on va financer plutôt l'aide à la pierre, ou la production de locatif social public.

À propos de climat, pour simplifier, des attitudes différentes se retrouvent également, même si l'ensemble de la classe politique, en certains moments de présentation devant les électeurs, va un peu flatter tel ou tel personnage public qui semble refléter des préoccupations publiques partagées par une majorité de français.
En effet, dans quel but et pour qui agirions-nous, à l'échelle française et européenne, sachant que les modifications climatiques en cours, infimes, changeront peu de choses dans nos contrées tempérées ? S'il n'y a plus tel type de poisson en Atlantique, on ira les chercher ailleurs. Si notre capacité à faire pousser du maïs se réduit, on fera pousser de la canne à sucre…
Mais si certains territoires d'Asie pauvre sont menacés dans leur économie, si certains pays d'Afrique connaissent des famines pires que celles du siècle dernier, et si cela avait un lien avec notre manière de consommer et produire, agirions-nous ? On peut penser que la manière de penser cette géopolitique climatique est différente suivant la sensibilité politique.

insoL nous annonce qu'il se trouve épargné d'achever une rédaction en cours. C'est du sadisme, car peut-être aurions-nous aimé le lire ?

@ coignet
Concernant le logement, tu as raison, malheureusement ! À l'exception (à ma connaissance) de Didier Migaud qui sur Grenoble, a engagé une vraie réflexion sur la politique du logement en y faisant participer architectes, sociologues, promoteurs privés, gestionnaires publics et professionnels de l'Immobilier dont j'étais.
Nous ne pouvons que déplorer l'absence de consensus politique sur de tels sujets , y compris sur ceux qui concernent les enjeux liés aux changements climatiques !
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  • Message par insoL, mercredi 7 juillet 2010 à 11h41
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insoL nous annonce qu'il se trouve épargné d'achever une rédaction en cours. C'est du sadisme, car peut-être aurions-nous aimé le lire ?


Vous n'avez rien raté parce que, entre macrocosme et microcosme, systémique et théorie du chaos, je ne m'en sortais pas ! :rollr:

D'autant qu'il faut se rendre à l'évidence
que la vérité est plus que jamais, dans nos sociétés, une construction sociale.
:shock:
Faut, faudra, faudrait … Il aurait fallu.

et ce d'autant qu'anthropique et entropique sont homophones !
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  • Message par insoL, mercredi 7 juillet 2010 à 15h39
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… et, souvent, synonymes ? :cool:
Faut, faudra, faudrait … Il aurait fallu.
  • Message par Al, mercredi 7 juillet 2010 à 21h30
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Intéressant ces derniers post. Lorsque l'on voit le consensus qui s'y dessine, que l'on retrouve à un niveau global, on peut quand même un peu s'étonner du peu de considération que les théories ou avis contraires suscitent.
Il me parait important , ne serait que d'un point vue liberté , qu'ils puissent s'exprimer. Mais ils sont au mieux ostracisés voir ridiculisés.

Je vous rassure ce n'est pas parce que l'on regarde ou consulte des exposés dissidents que l'on va traiter son médecin de charlatans ou chaque scientifique.

Comme le signale naufrageur des points ne sont toujours pas abordés.

On n'arrive pas à expliquer l'optimum du Moyen Age ( plus chaud qu'aujourd'hui) ni la période de glaciation des 16 et 17e s ( quoique il semblerai qu'une explosion volcanique puisse expliquer cette dernière). Certes depuis un siècle il y a réchauffement et de manière concomitante l'activité humaine a fortement évolué. Est ce la cause principale?
On devrait pouvoir laisser, au moins, les analyses contradictoires s'installer. Ce n'est pas le cas, c'est dommageable et cela pose quand même la question de la motivation sous jacente de cette majorité qui soutient la cause humaine dans le réchauffement.
Si les sceptiques ont complètement tort, laissons les, ils se ridiculiserons par eux mêmes.

Plus haut on interroge aussi sur les moyens, les intérêts qui sont derrière les sceptiques.
On peut facilement retourner l'argument : le GIEC, l'IPCC bénéficient de ressources et de subventions considérables, gouvernementales et non gouvernementales. Ils n'étudient qu'un seul paradigme la cause humaine, pourquoi ne financent ils pas d'autres recherches ou ne les publient ils pas? Beaucoup d'industries, comme le logement, le transport, les biotechs y ont parfaitement intérêt : il va falloir rénover, renouveler, modifier etc... Ce sont des marchés considérables.
Cela ne me choque pas si l'on permet aussi le financement d'autres recherches.

S'adapter à une hausse des températures de 2°C est il insurmontable (rappel c'est une prévision)? Avec humour je note que des flamands, des danois, des suédois semblent parfaitement s'adapter dans le lubéron, l'andalousie, l'algarve, la différence avec Malmö est un "peu" supérieure à 2°C en moyenne.

Une bonne question est aussi où sont les régions qui vont voir leur température augmenter, celles stagner et celles refroidir. En effet la hausse n'est pas uniforme loin de là et donc l'adaptation à prévoir n'est pas uniforme. D'autant plus que cette hausse est très progressive et donc ne devrait pas poser d'énorme problème.

bonne soirée
    Epilogue

  
Pour la petite histoire le flux géothermique terrestre est environ 1/10000éme du flux énergétique solaire. Je reviendrai sur cette situation étrange où un interlocuteur de bonne foi, fort sympathique j'en suis sûr, se sent légitime à proposer une hypothèse vérifiée fausse en 10 secondes sur google, à une personne qui a passé 20 années de sa vie à travailler sur le sujet ; et qui propose un débat contradictoire, pain béni des médias, comme moyen d'apporter un éclairage décisif - pourquoi pas un débat contradictoire sur la rotondité de la Terre ?

En guise d'épilogue, un mot philosophique, donc personnel. J'avais imaginé faire la liste des incertitudes scientifiques, nombreuses, mais l'exercice est difficile à livrer à un public non averti (par exemple, le rôle récemment découvert du champ de turbulence dans le contrôle de la circulation océanique profonde, ainsi que sur le forçage par le vent dans la circulation de surface).


Epilogue : la tragédie des communs

Des acteurs exposés plus haut, on décrit ainsi la question classique de la « tragédie des communs » à la sauce rationnelle, alors même qu’il a souvent été démontré, notamment par le récent prix Nobel d’économie E. Ostrom, que ces communs étaient bien plus durablement gérés par des communautés sociales plutôt que par des « dispositifs rationnels ». La question qui sous-tend cette problématique, théorisée notamment par J.P. Dupuy à la suite de l’école allemande Arendt - Anders – Jonas, est celle du statut de l’avenir dans nos sociétés. Plus particulièrement du caractère « sacré » de l’avenir, en ce sens qu’il contient le présent tout en lui étant extérieur.

En forçant le trait, on pourrait dire qu’il est attendu du progrès, donc de la science, qu’il sacrifie le progrès au nom de ce même progrès. Ainsi un rituel du débat, dans son incarnation sociale, sacrifiera ici les OGM, là le nucléaire, toujours sur des bases considérées comme « scientifiques » (le cancer, les risques génétiques, …), étant attendu de ce rituel que le développement puisse ainsi être rendu par ailleurs « durable ». Mais cela n’est pas agir.

L’humanité est confrontée à une problématique d’une effrayante et inédite complexité : complexité des phénomènes, de leurs causes et de leurs effets, complexité des défis à relever dans le contexte historique, complexité de mise en œuvre concrète dans un « corps social mondial » d’une hétérogénéité vertigineuse. Et par conséquence, complexité dans la communication : comment expliquer simplement à un citoyen, clé de voute de l’action par « ce qui relie ensemble le devoir et le vouloir », un contexte qu’aucun expert ne maîtrise dans sa totalité ?
Et pourtant, c’est là qu’est le véritable enjeu du débat scientifique sur le changement climatique. Comme l’ont suggéré les auteurs de la récente communication de Hartwell, il est urgent de placer ce débat, à la suite de Jonas, sur la question de la dignité humaine : « pas plus que l’espérance, la peur ne doit inciter à remettre à plus tard la véritable fin – la prospérité de l’homme sans diminution de son humanité – et, en attendant, à détruire cette même fin par les moyens. C’est ce que feraient des moyens qui ne respecteraient pas les hommes de leur propre temps. »

Je vous souhaite une bonne nuit.
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    Re: Epilogue

En complément de cet épilogue percutant, on pourra peut-être lire cet article où l'on apprend que les gentils sont innocents et que les méchants climato-sceptiques sont bien isolés:
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/developpement-durable-1/d/climategate-un-rapport-independant-blanchit-le-giec_24400/
http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/07/08/le-travail-des-experts-du-climat-lave-de-tout-soupcon_1385165_3244.html
    Re: Epilogue

Jacques, pote
Pour la petite histoire le flux géothermique terrestre est environ 1/10000éme du flux énergétique solaire. Je reviendrai sur cette situation étrange où un interlocuteur de bonne foi, fort sympathique j'en suis sûr, se sent légitime à proposer une hypothèse vérifiée fausse en 10 secondes sur google, à une personne qui a passé 20 années de sa vie à travailler sur le sujet ; et qui propose un débat contradictoire, pain béni des médias, comme moyen d'apporter un éclairage décisif - pourquoi pas un débat contradictoire sur la rotondité de la Terre ?


juste pour la petite histoire, si je pose la question, en dépit des éléments que tu dis avoir trouvé sur le net, c'est que je tiens, de source sûre, que la question n'est pas évacuée dans les labos qui bossent sur ce problème de réchauffement climatique.
alors, de bonne foi, oui, j'ai mes raisons de poser la question, sympathique, ça c'est pas forcément gagné :salue mais légitime, peut-être .... ou pas, je ne suis pas là pour me justifier d'avoir posé la question dans cet exposé.
Un débat sur la question? non, je n'en ai aucune envie, ça c'est clair, je pose des questions, je ne me lancerai certainement pas dans un exposé, comme je l'ai bien précisé en début de mon précédent post.
l'argument des 20 ans de travail, oui, mais non, j'en ai autant à propos de ma source universitaire, qui n'arrive pas tout à fait aux conclusions que tu exposes, vos engagements étant certainement les mêmes.
Mais je constate qu'adroitement, de la même manière que les rapports du GIEC, tu escamotes les éléments relatifs à la précession ou la polarité changeante de notre gigantesque aimant qu'est notre Terre, te focalisant sur l'élément le plus insignifiant (participant cependant à l'équation globale) pour le démonter.
C'est dommage....

@coignet, les angoissés du climat ne sont pas, à mes yeux, les scientifiques, mais plutot les médias, les politiques, et tous ceux dont ce n'est pas le métier, mais qui appellent à la guerre climatique, juste pour le coté percutant de ce problème. Solange le souligne très bien
gentils sont innocents et que les méchants climato-sceptiques
, cet antagonisme est largement attisé par les médias, et les pseudos défenseurs de l'environnement qui consomment des milliers de litres de carburant pour se balader sur le globe pour "attirer" l'attention sur le sujet....

38,5°C au mercure de mon jardin cet après-midi.

Échalottes (déjà récoltées) et oignons rouges extraordinaires, Haricots plats d'Espagne, Pomme de Terre Noirmoutier (déjà récoltées), la taille des gourmands des tomates a déjà eu son effet sur la récolte à venir.

Le retard qu'il y avait en mai a été largement rattrapé.
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Je me doute un peu que mon avis vous importe peu, mais je vais le donner tout de même.
Il est très simple.
Il est des sujets qui occupent le débat public depuis quelques années, et qui sont difficiles à comprendre pour les non professionnels. Les travaux concernant le climat en font partie.
La brutalité avec laquelle le monde politique lance le sujet dans l'arène publique a tendance à rendre le sujet suspect : pourquoi soudainement faudrait-il s'inquiéter pour une évolution du climat, sachant que celui-ci a toujours été mouvant ?
Alors, de manière un peu naturelle, on a envie de suivre ceux qui contre attaquent, car on a un peu le sentiment qu'on se moque peut-être de nous.
Je suis aussi passé, largement, par cette phase un peu simplette fruit d'une réaction épidermique.
Et en effet, lorsqu'on est confronté, dans nos milieux professionnels, au nouveau vocabulaire, et aux nouvelles directives, on est un peu circonspect.
Dans mon domaine, la mode est au développement durable, concept relativement flou, manifestement, pour ceux qui, représentants de l'Etat, sont chargés de réfléchir à son application sur le terrain.
J'ai fait partie d'une mission d'étude pour le compte de l'Etat, et nous sommes arrivés à la conclusion qu'un projet d'aménagement, de quartier, d'architecture, qui répond à ces impératifs, une fois qu'il a répondu simplement à l'évolution de la réglementation concernant les matériaux, les nouvelles directives thermiques, est surtout un projet bien pensé, qui intègre les notions de confort, d'économie, d'adéquation entre matériaux et performances demandées, entre morphologie du terrain et structure du bâti, climat local et plan, etc. Finalement, rien de bien nouveau : le projet qui répondra aux exigences du développement durable est avant tout un projet pensé, économe, rationnel, durable, confortable. C'est de la paraphrase absolue, et dans le même temps, les budgets alloués à la construction publique se réduisent, les honoraires des concepteurs aussi.
On a ainsi un peu la sensation d'une certaine distance entre le discours public, et la pratique.

Est-ce que cela signifie pour autant que la question est stupide ? Que les conclusions avancées par de très nombreux scientifiques sont fausses ? Comment nous, spécialistes de tout autre chose, pourrions-nous avoir le culot de prétendre savoir mieux ?

Devant la constance des recherches internationales sur le sujet de ce changement climatique, depuis maintenant 20 ans que nous, public, en avons entendu parler pour la première fois, constatant que ce qui nous est communiqué s'affine, évolue, sans remettre en cause le diagnostic initial, j'ai fini par admettre, à contre-cœur, car il n'est pas facile de reconnaître qu'on a peut-être eu tort, l'intérêt de ces travaux.
Jacques, Pote, n'est pas pour rien dans cette évolution de ma part.

Du coup, je souhaitais ardemment qu'il nous explique les choses, qu'il nous fasse un état des lieux accessible intellectuellement aux non initiés que nous sommes, pour nous aider à comprendre les divers enjeux du débat.

Une certaine humilité me pousse à dire merci pour cet effort que je trouve remarquable (et le mot est faible), et j'ai du mal à concevoir qu'on puisse ne pas simplement dire merci pour le cours, et trouver de quoi le contredire.
A mon sens, ce serait un peu comme de ne pas reconnaître l'intérêt de l'exposé d'un cardiologue, pas exemple au hasard ( :gaga: ), qui nous expliquerait comment les artères se détériorent avec l'âge, et le rôle accélérateur de certains modes de vie, et de lui répondre qu'on connaît des fumeurs alcooliques mangeant exclusivement des salaisons, et qui sont en pleine santé à 90 ans.
  • Message par Al, jeudi 8 juillet 2010 à 19h09
    citer

La question n'est pas stupide loin de là.
Et Jacques peut, bien sur, continuer ses exposés car cela apporte bcp.

Mais en l'espèce, la thèse du réchauffement, il ne s'agit pas d'une démonstration de type cardiologique avec des faits démontrés et vérifiés, mais une observation, la température globale augmente, personne ne le conteste ou presque et une hypothèse de cause : humaine via le CO2. A partir de là des prévisions sont faites pour le futur.
C'est ma compréhension.
Il n'est pas anormal que des recherches puissent se poursuivre pour trouver d'autres causes, à vrai dire on peut se tromper. C'est ce qui me dérange il y a peu ou pas d'autre recherche et elles sont systématiquement discrédités.


@Solange sur les gentils et les méchants, un article rapport d'une interview de Phil Jones directeur du CRU


"Data for vital 'hockey stick graph' has gone missing
There has been no global warming since 1995
Warming periods have happened before - but NOT due to man-made changes"
lien à cliquer

  
Al
Il n'est pas anormal que des recherches puissent se poursuivre pour trouver d'autres causes, à vrai dire on peut se tromper. C'est ce qui me dérange il y a peu ou pas d'autre recherche et elles sont systématiquement discrédités.

Bien sûr !
Mais ne n'ai pas la sensation qu'il n'y ait pas de recherche prenant en compte toutes les hypothèses possibles (je parle de sensation, pour bien marquer mon approche profane).
Je ne suis que lecteur de la presse quotidienne, et parfois de quelques mensuels comme l'Histoire, et j'ai lu de nombreux compte-rendus d'hypothèses de travail, concernant la recherche sur l'histoire du climat, les interrogations sur la capacité du système à recycler le CO2, le rôle de l'activité solaire dans les surchauffes localisées dans le temps, la modification historique des grands courants océaniques, et leur rôle dans l'évolution locale des climats, les essais de reconstitution de ce qu'a pu être l'atmosphère dans le passé à l'échelle géologique. Je n'ai jamais trouvé de réelles raisons de penser qu'il y aurait une parole dominante qui nous mente. Peut-être suis-je optimiste.
Ce qui m'étonne le plus, ce n'est pas que des conclusions un peu alarmantes soient rendues publiques, c'est plutôt que l'on fasse si peu pour y répondre, d'autant qu'il me semble entendre parler de problèmes de surproduction, de pollution, d'atteinte à l'environnement, de sur-utilisation de la combustion des énergies fossiles, des inquiétudes sur la répartition sanitaire de l'eau au niveau mondial, depuis bien plus longtemps que du réchauffement climatique lui-même. De plus, ce réchauffement est constaté, il me semble, depuis les années 50, bien avant que l'on pense à se demander si l'activité humaine pouvait jouer un rôle amplificateur.

Laurent,

Pour aller dans ton sens, je bosse sur un chantier assez important, la vitrine HQE pour le constructeur dans le cadre d'un PPP (siège d'un service de l'Etat).

Dans mon cas, la prise en compte de l'environnement, l'adaptation passe par des solutions, soit saugrenues (bassin à escargot sur le toit-terrasse par exemple), soit économiquement ou techniquement non viables (épaisseur d'isolant extérieur 2x plus importante que le voile béton et la couverture en pierre agrafée, je te laisse imaginer, toi qui bosses dans le milieu, ce que cela implique structurellement).

Alors, ok, pas de souci, je suis preneur de tout exposé, surtout bien présenté comme celui de Jacques, mais il ne faut cependant pas perdre de vue qu'il existe des pistes, des hypothèses, des recherches, qui ne sont pas publiques (volontairement ou non, je ne penses pas à un complot visant à faire taire tout ce qui ne serait pas dans le sens du vent aujourd'hui, contrairement aux détracteurs du GIEC), et qui tendent actuellement à tempérer les annonces médiatiques de ces dernières années (Al Gore, YAB, mais aussi Allègre ou Courtillot).

quant à le contredire, non, non, je ne contredis pas, j'ouvrais des pistes qui me semblaient pas ininteressantes. Mais le droit à contredire, il me semble que c'est inaliénable, vous savez le "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire"

Par contre, je persiste, et j'avoue que j'aimerai beaucoup, de sa part, un petit exposé sur l'influence des mouvements de l'axe de rotation du globe, vous savez, ce mouvement qui nous fait les saisons et dont l'inclinaison influe sur l'exposition au soleil.

  
Naufrageur
Mais je constate qu'adroitement, de la même manière que les rapports du GIEC, tu escamotes les éléments relatifs à la précession ou la polarité changeante de notre gigantesque aimant qu'est notre Terre, te focalisant sur l'élément le plus insignifiant (participant cependant à l'équation globale) pour le démonter.


Page précédente :
Jacques, pote
- A la surface de la Terre, l'énergie primaire provient du soleil sous forme rayonnée. Cette quantité est modulée au premier ordre par les variations de la distance Terre-Soleil (ce qui explique les glaciations)


Les variations de la distance Terre-soleil sont modulées, entre autres, par la précession.
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    Re: Epilogue

Jacques, pote

En guise d'épilogue, un mot philosophique, donc personnel. J'avais imaginé faire la liste des incertitudes scientifiques, nombreuses, mais l'exercice est difficile à livrer à un public non averti (par exemple, le rôle récemment découvert du champ de turbulence dans le contrôle de la circulation océanique profonde, ainsi que sur le forçage par le vent dans la circulation de surface).


Même en faisant un effort ? Moi je trouve cela "poétique" : le rôle du champ de turbulence dans le contrôle de la circulation océanique profonde, le forçage du vent dans la circulation de surface... à défaut d'y comprendre quelque chose.
Est-ce si abscons ?

Merci à toi pour tout.
:-)
"Le Leica 50mm Summilux est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux"

  
Jacques, pote
Naufrageur
Mais je constate qu'adroitement, de la même manière que les rapports du GIEC, tu escamotes les éléments relatifs à la précession ou la polarité changeante de notre gigantesque aimant qu'est notre Terre, te focalisant sur l'élément le plus insignifiant (participant cependant à l'équation globale) pour le démonter.


Page précédente :
Jacques, pote
- A la surface de la Terre, l'énergie primaire provient du soleil sous forme rayonnée. Cette quantité est modulée au premier ordre par les variations de la distance Terre-Soleil (ce qui explique les glaciations)


Les variations de la distance Terre-soleil sont modulées, entre autres, par la précession.


J'ai oublié de donner le lien sur le site du giec : http://www.ipcc.ch/publications_and_data/ar4/wg1/en/ch6s6-4.html

Voir l'encadré en jaune. Tout y est. C'est un extrait du dernier rapport.

Je conseille aussi ce bouquin, le meilleur dans le genre.
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

  
Editorial du Monde daté du 10 juillet 2010.

La publication les 5 et 7 juillet de deux rapports d'enquête qui lavent de tout soupçon les chercheurs du (...) GIEC va-t-elle désamorcer le climato-septicisme ?
(...)
Depuis l'échec très médiatisé de la conférence internationale, les négociations sur le climat piétinent. (...)
Le « climategate » et le doute qu'il a instillé dans l'opinion ont largement conforté les gouvernements tentés de ne pas agir (...)
La question de l'avenir du GIEC a même été posée.
(...)

En France, les auteurs d'ouvrages diffamant la science et les scientifiques ont vu affluer vers eux micros et caméras. (...)
Il faut espérer que les médias accorderont autant de place à ces conclusions qu'ils en avaient accordée aux accusations, afin d'éclairer une opinion publique déstabilisée par les mensonges sur la réalité du réchauffement (...)

Le picdel précède l'actualité !
  • Message par Al, mardi 13 juillet 2010 à 20h18
    citer

Pas si indépendante que cela la commission puisque annoncée, commissionnée et payée par l'université East Anglia dont dépend le CRU. Ce n'est pas rapporté par la presse française mais l'anglo saxone :

Wall Street Journal extrait: "Now a supposedly independent review of the evidence says, in effect, "nothing to see here." Last week "The Independent Climate Change E-mails Review," commissioned and paid for by the University of East Anglia, exonerated the University of East Anglia. The review committee was chaired by Sir Muir Russell, former vice chancellor at the University of Glasgow.
Mr. Russell took pains to present his committee, which consisted of four other academics, as independent. He told the Times of London that "Given the nature of the allegations it is right that someone who has no links to either the university or the climate science community looks at the evidence and makes recommendations based on what they find."
No links? One of the panel's four members, Prof. Geoffrey Boulton, was on the faculty of East Anglia's School of Environmental Sciences for 18 years. At the beginning of his tenure, the Climatic Research Unit (CRU)—the source of the Climategate emails—was established in Mr. Boulton's school at East Anglia. Last December, Mr. Boulton signed a petition declaring that the scientists who established the global climate records at East Anglia "adhere to the highest levels of professional integrity." l'article du wall street

Ce thème est repris par d'autres journaux

La présentation sur le site de l'université de cette commission en 2009 :http://www.uea.ac.uk/mac/comm/media/press/2009/dec/CRUreview
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