le Pirate Forum
    questions et réponses à propos d'OGM ?

  
Bonjour à tous,

cette rubrique se voulait ouverte à toutes sortes de questions.
J'en ai une.

Est-ce que l'un d'entre vous, à l'esprit et à la culture scientifique, saurait nous éclairer à propos des débats concernant les OGM ?
Sans colère, sans militantisme, de manière objective.

Je lis dans mon quotidien préféré qu'on s'interroge sur l'intérêt de ces cultures ; pour certains intervenants, elles permettent d'éviter d'abreuver les sols de pesticides ; pour d'autres, elles sont dangereuses pour leur voisinage.

Qu'en est-il ? Quels sont les vrais débats ?

  
En la matière, difficile de trouver un argumentaire réellement objectif. La page de Wikipédia sur le sujet pourrait être, non pas une référence, mais un bon point d'entrée sur le sujet, je pense :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisme_ ... difi%C3%A9
Coin.

  
La question n’est pas simple en ce que, de proche en proche, elle va transcender les « ordres » de Pascal, partant d’une simple question technique et allant jusqu’à la morale, voire un modèle du monde (cf par exemple le petit bouquin décapant de Comte-Sponville « le capitalisme est-il moral ?). Elle partage cette propriété « transcendentale » avec la question du nucléaire, par exemple.

Ainsi très rapidement, les échanges n’ont plus pour objet ces questions en elles même mais la charge qu’elles embarquent par ailleurs, charge qui peut donc être politique, morale, voire symbolique. Par ailleurs, l’utilisation politique de ces questions se fonde assez largement sur ce que Ferry appelle « l’heuristique de la peur », c’est à dire le mouvement lancé en Allemagne dans les années 70 et qui consiste à penser que la peur nous guide et nous aide à penser. La peur étant alors celle de la science, selon l’inversion contemporaine qui conteste la notion de progrès en considérant que « la nature est bonne, la science est mauvaise » (à méditer lorsque l’on attrape un cancer…), à l’inverse de ce que les Lumières considéraient, à la suite de Descartes (« l’homme doit se rendre comme maître et possesseur de la Nature »).

Je suis assez familier de ces affaires, tu t’en doutes, mais je crains qu’une réponse un peu claire, approfondie et argumentée dépasse les capacités techniques de ce forum. Et puis les avis les plus tranchés sont en général ceux de ceux qui en connaissent le moins, et ainsi les débats dégénèrent, ayant changé d'objet en cours de route.

Car la question est à tiroir, les OGM allant des levures produisant des médicaments (interféron, hormones de croissance) aux brevets Monsanto en passant par les cataplasmes de notre agriculture productiviste subventionnée, sans lendemain agronomique ni économique, et par les espoirs de certains pays pauvres de pouvoir éviter de tomber dans ce travers.

Je vais réfléchir à la manière de réagir…

  
Le Pote
une réponse un peu claire, approfondie et argumentée dépasse les capacités techniques de ce forum. Et puis les avis les plus tranchés sont en général ceux de ceux qui en connaissent le moins
Oui, en effet, elle ne peux être approfondie en ce sens là. Ce que tu dis concernant les avis les plus tranchés est largement valable d'ailleurs étendu à d'autres sujets.

Ce qui m'intéresse, à deux niveaux, c'est ceci :
au niveau du forum : est-on capables, justement, de traîter un peu d'un sujet sérieux sans dérives et anathèmes ;
au niveau du sujet lui-même : quelqu'un est-il capable, au niveau de vulgarisation envisageable ici, de m'expliquer un point de vue qui m'ouvre l'esprit, me permette de comprendre les enjeux et leur complexité, accompagné de la petit bibliographie qui va me permettre d'avoir une opinion documentée, le tout accessible à un non spécialiste.

Enfin, sommes nous aussi capable d'engager un petit dialogue à ce sujet, questions, réponses ?

J'aimerais parfois que ces forums, qui nous permettent de faire de vraies rencontres, soient aussi l'occasion d'échanges de savoirs. C'est l'idée que j'ai derrière la tête en vous demandant de proposer vos liens concernant vos activités, et en lançant des zones de discussions "sérieuses".
Si ça ne "marche" pas, ce ne sera pas très grave : je te proposerai une rencontre dans un café parisien, et on discutera autrement !

Il faudra peut-être changer de bandeau ?? :roll:

Que dire après l'intervention de Paul Pote ?

Comment trouver des sujets à propos desquels on dispose d'une information suffisamment objective pour fonder une opinion ?
Alors que c'est pratiquement dans tous les domaines que les "scientifiques" se jettent des anathèmes et nous sommes trop démunis pour pouvoir faire autre chose que des choix idéologiques souvent contradictoires dans leurs conséquences pratiques (pour les OGM, … je ne sais pas … et comment savoir ?).

Enfin, pour le moment, je suis assez interloqué par le fait que l'avion est moins cher que le train.
Mais je suis souvent interloqué. :shock:
Ainsi, hier soir, j'ai rencontré des architectes incapables de "lire" des plans … c'est pourtant "simple", n'est-ce pas ?
:mrgreen:

  
Je comprends ton trouble Insol, mais s’il est vrai que l’on peut avoir, à propos des OGM, du nucléaire ou des cellules souches une discussion de banquet de communion, de café du coin ou de meeting militant (au choix…:wink: ), si l’objectif est d’avoir une discussion sérieuse il convient d’en jeter les bases, non pas techniques mais philo-sophiques au sens étymologique (discours sur la sagesse).
Il n’y a là rien de pompeux ou d’intello, simplement on borne le champ du discours par ce que l’on appelle « les termes de référence ».

Le premier est ainsi déjà présent dans ton message : tu parles des « anathèmes des scientifiques ». Or s’il s’agit vraiment de scientifiques dont on parle, alors l’anathème ne peut exister dans la mesure où la science ne progresse que par la controverse, et que la controverse est ainsi la base de la démarche scientifique, suivant immédiatement l’observation des faits.
Pour ce que je peux en juger, les « anathèmes » ne sont en général portés que par des non-scientifiques, ou alors par des scientifiques hors de leur champ de compétence, ce qui revient au même….

La question de la relation entre la science et la société est vraiment foisonnante, donc difficile à synthétiser dans un forum web…

OK, il aurait été à la fois plus exact et moins polémique d'employer le terme "controverse".
Mais, quand on doit choisir on n'est pas plus avancé, avec ce foisonnement de controverses, et un peu plus de certitudes rassurerait car il en est, presque, des théories comme des records sportifs.

  
un site pas trop mal : http://www.creaweb.fr/bv/ogm/
  • Message par nel, vendredi 15 juin 2007 à 6h56
    citer

C'est très clair tout ça, ça confirme qu'il nous est difficile à nous, êtres ordinaires, d'avoir une opinion fondée et juste.
Mais j'aimerai que les personnes compétentes et responsables en la matière fassent preuve de sagesse (au sens noble du mot), c'est à dire que les scientifiques, les politiques et surtout les industriels appliquent avec rigueur le principe de précaution et remplissent leur devoir d'information avec sincérité.
On a connu trop de catastrophes industrielles pour continuer d'avoir confiance sans poser de question.
Pour la question des OGM, il apparait quand même un certain nombre de problèmes (privatisation des semences, productivité pas évidente, effets sur la santé des consommateurs, pollution des parcelles voisines, etc), les faucheurs ne font rien d'autre que de poser des questions avec des moyens certes peu recommandables, mais face au lobbying industriel de quels outils les citoyens inquiets disposent-ils ?

Merci et … comme nel.

Question : comment trouver de l'information relativement impartiale à propos des controverses en cours dans divers domaines comme le climat, les neurosciences, la cosmologie, l'évolution, le nucléaire, etc. etc.
Sans devoir se spécialiser dans chaque domaine.

Autre question maintes fois évoquée : généralement, quand on lit un article ayant trait à un domaine que nous connaissons bien, il apparaît truffé d'erreurs.
Que faut-il en inférer quand il s'agit d'un domaine qui nous est inconnu ?

Enfin, le monde ne serait-il pas devenu trop complexe pour nous ? (c'était plus simple "avant" : un créateur vs des créatures) 8)
  • Message par nel, vendredi 15 juin 2007 à 9h40
    citer

Insol, j'aime vraiment cette idée d'une trop grande complexité du monde !
L'homme est devenu technicien pour se simplifier la vie, et finalement il ne comprend globalement plus rien au monde qu'il s'est fabriqué.
Un savant fou !

  
Cette discussion me passionne, bien évidemment parce que c’est précisément mon métier, mais elle serait probablement plus efficace en direct, surtout au vu de mon agenda ces temps-ci…
Les faucheurs et divers enchaînés des pylônes, opposants à l’expérimentation animale, opposants au planning familial et à l’IVG agissent en accord avec leurs valeurs morales. Ils s’opposent de ce fait à la loi, car la morale est plus restrictive que la loi et c’est heureux. Il se trouve que la loi autorise, en principe sous certaines restrictions, certaines cultures d’OGM, l’exploitation du parc nucléaire, l’expérimentation animale, l’IVG et la contraception, … Elle autorise également la vente libre du tabac, de l’alcool ainsi que la circulation automobile, qui causent tous les ans des dizaines de milliers de morts. Elle autorise également la propriété privée des moyens de production et les marchés financiers.
Les scientifiques, pour faire simple (en règle générale tous les « mécaniciens du système », incluant les médecins, les opérateurs de salles de marché, …) ont pour fonction sociale de faire le possible et de rendre l’impossible possible par le progrès du savoir.
La loi encadre leur exercice.
La morale encadre le comportement individuel des citoyens.
Ainsi le médecin ne peut être comptable devant la société de la difficile décision d’une femme d’interrompre sa grossesse, autorisée par la loi et c’est heureux.
Et ainsi de suite. Les scientifiques et autres experts n’ont pas à décider de ce qui est permis et de ce qui est moral, sauf aux titres respectifs de citoyens et de personnes. On ne peut donc pas, en retour, les charger de l’éventuelle immoralité ou illégalité de l’usage de la science.

Réflexions du soir, à suivre… :wink: (la prochaine sur le principe de précaution)

Merci pour ce "recadrage" en attendant la suite.

D'un autre point de vue, si on considère que toute évolution : politique, culturelle, climatique, génétique, etc. est la résultante de forces divergentes, dont celle du hasard, il ne faut pas s'étonner d'être effrayé (voir plus haut "heuristique de la peur").

Contrairement à ce que j'ai dit plus haut, et qui a été relevé par nel, ce n'est évidemment pas le monde qui est devenu trop complexe, mais la vision que nous en avons et, de ce fait, un retour vers une nouvelle forme d'obscurantisme est d'autant plus à craindre.

Le :kim il agace, on était peinard sur le fondamental : Cron vs lux et il nous balance dans Ogm or not OGM ?
Ce n'est pas ma spécialité mais j'utilise pour ne pas mourrir idiot les connaissances de la mienne :

Procédure dite par analogie :
A - mutation des systèmes électronique trop complexes : par La black box
On modifie les inputs et on voit ce qui en sort (les outputs) si c'est bon on garde sinon on recommence.
Personne ne comprenant ce qui se passe dedans
De ce point de vue nous sommes tous (les sur-vivants) des OGM black box :
pour passer de Lucy à la Diva il y a eu du Génie génétique type Hasard et nécessité.

La question me turlupine depuis que mon père m'a montré comment greffer la vigne et que mon prof de math élém a voulu me faire avancer dans une histoire de moine et de petit pois !
Si en électronique nous ne sommes pas DANS la Black box en tant que Vivants on est Dedans et comme le Vivant est parano (la peur de nourrir les autres) on ne peut pas se limiter à Monsanto peut-il breveter le génome ? Ou le soja ogm c'est pas cool pour le petit dernier.
B- Descarte a tout faux on va s'auto-bricoler le génome et on est Maître de rien, on appartient au Vivant et nous sommes régulés par lui (méta-connaissance de mon pote le sorcier congolais).
Pourvu que je reste Non-A comme me le prédisait Aldous Huxley.
AMH Contribution :rollr:
méditant
    Précaution/abstention

  
Parler du principe de précaution est chose difficile, car à l’instar du « développement durable », ce « principe » est plus une formule marketing qu’un principe philosophique !
En effet, le développement durable est une notion d’autant plus confortable qu’elle n’engage à rien : elle n’agit ni sur la moralité personnelle (puisqu’elle s’adresse « aux générations futures »), ni sur les institutions (qui sont pensées pour le droit des générations présentes et non à venir), ni bien entendu sur l’économie ou la science dont on attend qu’elles maximisent production de richesses ou de connaissances. Dans la mesure où plus d’énergie et de matières premières sont nécessaires pour faire un ordinateur (ou un médicament) qu’une bêche, le développement d’une humanité en expansion démographique ne peut être que préjudiciable au « stock » réservataire des générations futures. A moins de développer des techniques permettant de soigner, nourrir et communiquer avec moins d’énergie et de matières premières. En ce sens, le progrès au sens de progression de la technique est une nécessité, c’est ce qui amène à parler de « société de la connaissance ». Autrement dit, la seule chose qui puisse durer, dans le développement, c’est le développement de la sobriété !

Le principe de précaution apparaît souvent, à ce titre, comme un frère ennemi du développement durable : on rejoint ainsi la question des OGM.
Ce principe, inscrit désormais dans notre Constitution, a fait couler beaucoup d’encre et provoqué de nombreuses controverses dans la mesure où il n’est pas vraiment défini, et où l’on peut du reste se demander s’il est définissable. Pour JP Dupuy, il s’agit d’un « catastrophisme éclairé » au sens où il rend « l’impossible certain ». Il masquerait ainsi l'inévitabilité de la catastrophe et devrait à ce titre être contourné comme un anesthésiant. Au contraire, pour H. Jonas, son créateur qui a inspiré les Verts allemands (notamment sur la question du nucléaire), il s’apparente plus au principe d’abstention, je vous propose ce commentaire intéressant de O. Godard :

« Ce principe (d’abstention) exige la preuve scientifique de l’absence de risque ou celle de l’innocuité comme condition de l’autorisation d’une activité, d’un produit ou d’une technique. L’absence de certitude quant à leur innocuité doit conduire à renoncer aux actions ou projets envisagés, c’est-à-dire à ne pas les autoriser ou à les interdire. Ce concept implique trois idées: l’absence de dommages ou le dommage zéro comme norme générale (idée d’innocuité) ; la focalisation de l’attention sur le scénario du pire (du fait de l’incertitude scientifique) ; l’inversion de la charge de la preuve (puisqu’il s’agit de prouver l’absence de risque). Aucune de ces idées ne résiste à l’analyse : l’objectif du dommage zéro ignore la contrainte de rareté des ressources et le fait que la plupart des situations sont des situations d’arbitrages ‘risques contre risques’ ; la focalisation sur le scénario du pire ignore le caractère contingent de la construction de tels scénarios et le mécanisme de nivellement par le pire lorsque les états du monde futur ne sont pas tous identifiés du fait de l’incertitude scientifique ; l’inversion de la charge de la preuve, en situation d’incertitude scientifique, demande une chose impossible puisqu’elle supposerait des savoirs achevés : il n’est jamais possible de prouver l’absence de dommages à venir puisque les savoirs qui seront disponibles à l’avenir pourront révéler des phénomènes que nous ignorons aujourd’hui ; demander cette preuve revient à imposer un moratoire sans fin. Le principe de précaution s’écarte de chacune de ces trois idées : a) il n’exige pas le dommage zéro et n’institue pas une obligation de résultat ; le fait que certains dommages se réalisent n’implique pas que les mesures de précaution étaient mal calibrées ; b) il ne se focalise pas sur les scénarios du pire attachés à chaque action envisagée mais considère l’ensemble des scénarios décrivant les effets possibles de ces actions ; c) il ne demande pas l’inversion de la charge de la preuve, mais prend ses distances avec l’idée de preuve, qu’elle soit à charge ou à décharge, qu’il s’agisse de prouver le dommage ou l’absence de dommage. »

Le principe d’abstention (« le moratoire sur les OGM ») suppose donc que le scénario du pire doit toujours l’emporter, et que dans un contexte d’incertitude scientifique la décision soit instruite de manière citoyenne : pas plus qu’il n’est exigé d’être expert en sciences politiques pour voter, il ne serait plus nécessaire d’avoir la moindre culture scientifique pour décider de l’abstention. Je ne suis pas personnellement hostile sur le fond à cette idée, à quelques nuances près : 1) l’argumentaire doit être honnête et sans fond autre que celui du respect de l’environnement, ce qui n’est jamais le cas (amalgame OGM – semenciers et OMC par exemple) 2) il faut admettre que la perception du risque est relative, selon que l’on est européen de l’ouest ou africain, par exemple, hors c’est bien d’environnement global que l’on doit parler (en quoi le fait de planter en Allemagne du maïs transgénique peut il être perçu comme un risque pour un africain qui vit dans le dénuement et la famine ?) 3) il faut admettre le débat « risque contre risque » et « risque contre bénéfice » 4) il faut définir ce qu’est un risque environnemental dans un monde totalement anthropisé (en quoi les OGM menacent ils plus l’environnement global que les pesticides ? en quoi menacent ils plus la santé que le tabac ou l’alcool ? – José et sa pipe !).

Réactions ? (à suivre)

  
Ta prestation passionnante m'a fait réagir hier soir. J'ai attendu de me relire un peu avant d'envoyer cette réponse, qui n'en est pas vraiment une, mais plutôt une suite de questions.

Selon la loi française, « l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement, à un coût économiquement acceptable » (loi n° 95-101 du 2 février 1995).

Le principe de précaution est lié à l'idée d'une responsabilité morale et politique de type collectif : comme le souligne le Pote, ce n'est pas un principe philosophique.
Poussé à l'extrême, trouvant sa justification dans des situations d'incertitude scientifique, il peut rendre toute action et toute prise de risque impossibles : les pouvoirs publics, les politiques, doivent alors prouver qu'il existe une réelle incertitude scientifique. Or, ils ont probablement une vision du risque qui les pousse à éviter toute situation qui pourrait les mettre en difficulté. L'appréciation de cette difficulté semble hautement subjective, et liée à la connaissance du risque qu'ont les entrepreneurs, et la population, qui les soumettent à des pressions contradictoires.

De ce point de vue, l'opposition entre la reconnaissance de la notion de développement durable et son institutionnalisation d'une part, et une véritable philosophie du risque et du progrès d'autre part, peut sembler fondamentale. Transférer au domaine du législatif des interrogations qui ont plutôt leur place dans celui de la pensée leur donne une connotation morale qui n'est pas toujours aisée à cerner. En lisant le Pote, j'ai eu envie de faire le parallèle avec la démarche actuelle qui consiste à légiférer pour dire la morale de l'histoire : faire dire par la loi quelles sont les orientations de pensée qui sont admissibles : « La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française […] » (loi du 23 février 2005, article 1).
Comme le mentionne également le Pote, « pas plus qu’il n’est exigé d’être expert en sciences politiques pour voter, il ne serait plus nécessaire d’avoir la moindre culture scientifique pour décider de l’abstention ». J'ajoute, il n'est plus nécessaire d’avoir la moindre culture historique pour décider du bien et du mal, et l’inscrire dans un cadre législatif.

Dans ce domaine scientifique, on peut aussi adopter un tout autre point de vue. Puisqu'il ne s'agirait pas de décider de ce qui est moral ou de ce qui ne l'est pas, on pourrait rêver d'une attitude qui ne prenne en compte que le simple risque environnemental. Mais, comme le Pote le dit encore, ce risque environnemental ne se lit pas de la même manière selon la situation (« en quoi le fait de planter en Allemagne du maïs transgénique peut il être perçu comme un risque pour un africain qui vit dans le dénuement »). Il fait aussi remarquer que la planète est intégralement anthropisée : on comprend rapidement que ce n'est pas de défense d'un milieu naturel qu'il s'agirait alors, mais de gestion, avec un œil ouvert vers l'avenir.
Mais le débat est biaisé dès lors que le public peut avoir le sentiment que l'adoption de l'une ou l'autre technique (OGM contre pesticides) sert des intérêts qui le dépasse, d'une part, et que ses représentants élus sont soumis à des pressions contradictoires : la pression des électeurs, et la pression économique. Les diverses voltes-face de ces derniers mois n'aident pas le citoyen moyen à comprendre les enjeux.

Tout au plus peut-il saisir deux choses : d'une part, que le débat sur le progrès est devenu public, ce qui est rassurant, et que les réponses inscrites dans le cadre de la loi sont insatisfaisantes, car dès lors qu'on grave dans le marbre des principes et affirmations qui sont du domaine de la pensée et de la philosophie (philosophie du progrès, philosophie de l'histoire), on les travestit en effet en formules marketing qui semblent bloquer la réflexion ouverte plus que favoriser la connaissance.

Il faut a mon avis distinguer la question des OGM de la question du principe de précaution. Le principe de précaution est à mes yeux une sorte de methode pour laisser passer une nouvelle ere dans notre concept moral. En fait il n'y a pas de precaution du tout puisque les problemes techniques finiront par être réglés et les questions morales acceptées par habitude.

La question des OGM est plus intéressante car elle place l'homme dans l'univers ou pour certain dans son univers, comme Sauteur l'a présenté. Elle est comparable à la recherche sur les cellule souche ou sur les embryons.

fait A: l'homme est maitre de la Nature et peut en disposer comme bon lui semble
fait B: l'homme n'est rien de très particulier biologiquement c'est à dire l'homme est un element quelconque de la nature.
conclusion difficile à gober :
L'homme est maitre de la Nature et peut en disposer comme bon lui semble son genome inclus (a lui et celui des êtres vivants). Bien sur il n'est pas encore accepté qu'un individu A agisse sur le Genome de B car B peut se défendre ou pour des raisons sociologiques un groupe d'individu prendra sa defence car le reconnaissant comme un alter ego.
Pour l'instant le maïs n'est pas reconnu comme un alter ego ni l'embryon d'ailleurs. La question et de savoir sont ils dans une certaine mesure un alter ego et même plus largement, y a t'il un alter ego qui cree la limite au tout possible de la science

  
Platon
En fait il n'y a pas de precaution du tout puisque les problemes techniques finiront par être réglés et les questions morales acceptées par habitude.


Exact, et c'est la raison pour laquelle Dupuy pense que ce principe mène à la catastrophe : seule la conscience de l'inéluctabilité de la catastrophe permettrait, selon lui, de mettre en place de vraies mesures pour l'éviter. Il est difficile de trancher, je pourrais vous faire une analyse de Chernobyl en ce sens mais a posteriori, tout peut s'imaginer.

Platon
fait A: l'homme est maitre de la Nature et peut en disposer comme bon lui semble
fait B: l'homme n'est rien de très particulier biologiquement c'est à dire l'homme est un element quelconque de la nature.
conclusion difficile à gober :
L'homme est maitre de la Nature et peut en disposer comme bon lui semble son genome inclus (a lui et celui des êtres vivants). Bien sur il n'est pas encore accepté qu'un individu A agisse sur le Genome de B car B peut se défendre ou pour des raisons sociologiques un groupe d'individu prendra sa defence car le reconnaissant comme un alter ego.


Là, Platon, tu philosophes ! :lol:
L'ADN n'est pas sacré, seule l'âme est sacrée, le reste n'est que matière. Par ailleurs, l'homme pratique la transgenèse depuis la domestication des plantes et animaux (il suffit de regarder les races de chien pour s'en convaincre), et ce que la science rend possible, un homme le fera, ou tentera de le faire.
Reste à savoir si la modification génétique est utile, certains agronomes sont très reservés (la modification est trop drastique). Je pense qu'il en est de "bonnes" et de "mauvaises", mais où (et quand) passe la ligne ? Question citoyenne, ou question scientifique ? On pourrait dire "d'acceptables" et "d'inacceptables", mais par qui, et dans quelles conditions ?

Pas si sur que l'ADN ne soit pas sacré. Malgré les mutations génétique il est le lien de paternité qui lie l'individu à tout être vivant. l'ame est par ailleurs un produit de cet ADN. On parle de patrimoine génétique ce qui montre bien qu'il a une valeur reconnue par la société. Le monde du vivant n'est un monde d'objet animés. c'est bien plus que cela, c'est un autre vivant tout comme moi. Cela ne m'enpeche pas de manger, car il s'agit d'un acte consient : manger c'est se nourrir du vivant, chose si évidente qu'a Auchan tout le monde l'oublie. De plus la sacralisation de l'ame pousse au rejet du vivant (pas seulement du corps) et de la vie : philospher c'est apprendre à mourrir.

Mais pourquoi cette recherche de distances? et la justification de cette distance?
Tout simplement parce qu'elle permet au une liberté totale sur l'environement et elle satisfait une volonté de puissance. La supériorité de la race blanche était la justification de son comportement vis a vis des autres races. Il en est de même avec le reste du vivant aujourd'hui.

Pour ce qui est de la ligne je pense qu'il suffit de se demander si les OGM apportent un degré d'humanisation supérieur? Quel est la dose d'altruisme (sens elargit au vivant) dans ce procédé? Et surtout quels sont les alternatives car c'est bien le point quand il est question d'OGM.
Enfin y a t-il des perdants?

  
L'image de l'ADN est peut-être sacrée.
Mais il est composé d'atomes nés dans des étoiles, comme tout atome sur terre, eux-mêmes composés des forces et énergie qui constituent le substrat de l'univers.
Et certains "êtres" éventuellement vivants, les virus, en sont parois dépourvus.

Par ailleurs l'homme ne domine la nature, avant toute chose, que par son nombre. 100 millions d'hommes sur Terre ne domineraient rien du tout.

Enfin effectivement, la question de la ligne est centrale. Les OGM sont des constructions utilitaires, avant tout. Pour connaître les gagnants et perdants, il faut jouer : on prend le risque ? :wink:

moi pas. :bla:

  
Pour en revenir aux débat sur les OGM, on pourrait se poser deux questions : sont-ils utiles ? (et dans quel contexte) ; nous menacent-ils ?
L’utilité se mesure difficilement, tout d’abord parce qu’il existe une très grande diversité d’OGM, certains incontestablement utiles (les levures qui produisent l’interféron à qui je dois une guérison longtemps attendue), d’autres probablement moins voire pas du tout, relevant à l’évidence du « sophisme du premier pas », la recherche d’un bénéfice immédiat autant qu’inutile : « celui qui veut atteindre la Lune et dont les efforts le font se retrouver en haut d’un arbre doit se résoudre à remettre pied à terre avant de recourir à une technique plus efficace ». L’OGM, c’est parfois le haut de l’arbre.
Nous menacent-ils ? Incontestablement moins que le tabac, l’alcool, la nourriture trop riche, la sédentarité, les déplacements en voiture, enfin bref tous nos attributs du « développement ». Moins également que les pesticides et autres intrants agricoles. On serait plutôt tenté de dire qu’ils nous dérangent, les réactions de Platon et de Sauteur l’attestent. Pourtant la transgénèse est le mécanisme on ne peut plus naturel de la sélection et de l’évolution.
Pour rester sur cette image, on peut faire un parallèle entre certains opposants farouches des OGM et créationistes : on peut vivre en paix, en famille, être un homme de bien, démocrate, respectueux, honnête, travailleur et loyal, créatif et imaginatif, talentueux, et être intimement persuadé de la vanité de la théorie de Darwin et de la justesse de la théorie de la Création, ou « intelligent design » comme on dit outre-atlantique. Il n’est pas utile de « croire à la science » pour bien vivre, au premier abord tout du moins. De même on peut être une personne quasi-parfaite, socialement, et être intimement convaincu que les OGM menacent l’harmonie du monde.
On peut aussi s’opposer à la généralisation de leur usage pour des raisons économiques, ce qui est un autre débat.

Dans tous les cas, on retrouve un schéma désormais classique : une annonce technico-scientifique tonitruante, masquant souvent une réalité économique plus triviale relevant très souvent du sophisme du premier pas, c’est à dire un détour technocratique éloignant de la fin légitime ; des lanceurs d’alerte, whistle blowers en anglais, dont la motivation et les intentions sont variables mais qui ont flairé le détour ; un mouvement d’opinion, lent flux et reflux, par lequel des convictions non dites se forment ; par mimétisme, l’adoption d’une conviction par un groupe social ou politique identifié qui la transforme alors en un totem, ou une nouvelle parure.

Si cela vous intéresse je peux encore répandre un peu de bla bla sur les lanceurs d’alerte…

  
Depuis nos discussions, et surtout la prestation du "pote", je regarde avec intérêt les étiquetages de ce qu'on nous propose à manger dans les divers commerces.
L'appellation "sans OGM" est devenu un argument de vente.
J'ai ainsi vu récemment des poulets garantis sans OGM. Ce qui, soit dit en passant, me semble bien difficile à garantir.

  
De passage dans le secteur je conseille pour les courageux de l'été la lecture de http://www.inra.fr/dpenv/larrec43.htm#11.
Je reviendrai dans ce fil quand j'aurai achevé ma copieuse pile de lecture...
A+

oui bonne présentation jusqu'au 4eme paragraphe...

il s'agit de garantir aux génération futures un avenir. Pourtant il n'est pas question de punition (correction du aux dommages subis) si le choix s’avérait mauvais. Exemple une génération a fait des mauvais choix => ils seront privés de retraites :) trop extrême bien sûr mais il faut bien que ceux qui décide risque quelque chose.
Sinon comment prétendre que l'on désire le bien des génération future si:
-quelque soit le choix (bon ou mauvais) l'on aura pas à assumer les conséquences (il n'y a pas de "feedback"?).

on a alors un système en boucle ouverte avec tout ces défauts...

Comme il est préciser, il y a beaucoup de choses dont le risque ne pourra jamais être évalué, probablement les OGMs en font parti comme le nucléaire. Que faire à la fin du moratoire ? Dans ce cas une décision doit être prise par l'ensemble de la population. tout comme en suisse lors du Referendum sur le nucléaire dans les années 80.

Ce que je trouve marrant c'est qu'au début il est question dévaluer les risques de manière statistique
("la croyance dans les chiffres") afin de montrer à quoi sert le principe de précaution. très bien! pourtant elle reconnait elle même qu'il est difficile d'évaluer l'impact des OGM. donc le principe de précaution n'apporte rien car on ne peut chiffrer. Puis viens l'argumentaire un OGM est un produit naturel, c'est comme de la levure a pain. bref l'artficiel fait parti de nos habitudes pourquoi donc cette peur de cette nouvelle sorte d'artificiel. En fait elle doit trouver des arguments pour sortir de la période précaution malgré qu'aucun chiffre soit disponible. il faut donc préparer le terrain pour la campagne idéologique.

les auteurs à ce moment manquent d'honnêteté car il veulent démontrer malgré la certitude que tous les risques ne peuvent être déterminés qu'il n'y a qu'un choix celui d'agir. le reste étant obscurantisme quasi religieux (mention de prophète). il y a des argument bidon c'est une technologie simple "bricolage" (donc pas dangereux), c'est habitude culturel de faire de l'artificiel on en mange déjà exemple du pain. Bref on tombe dans un discours de vendeur... Pour me convaincre il faut plus.

Note dans les années 50 il y avait des traitements à l'uranium...

dommage l'article avait si bien commencé.
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