le Pirate Forum
    Parler de l'euthanasie

  
" .. croyez-moi, compatissez à qui souffre aujourd'hui : errante, la douleur s'attache à chacun tour à tour."
Eschyle

Pour engager une discussion autour de ce sujet si sensible, auquel en tant que médecin je suis régulièrement confrontée, je vous livre une lettre écrite en 1998 au journal Le Monde (jamais publiée) à l'occasion du procès de l'infirmière (Christine Malèvre, je crois) par un ancien chef de service de cardiologie de Lyon (aujourd’hui décédé).
Cette lettre est longue (je l’ai un peu raccourcie…), mais tous les problèmes y sont soulevés. Je lirai vos commentaires et avis avec intérêt.


A monsieur le Rédacteur en chef

La page que vous avez consacrée à l'Euthanasie dans le Monde du 4 août 1998 pose plusieurs problèmes.

L'un concerne les actes d'une infirmière, sur lesquels je n'ai pas la possibilité de porter un jugement. Ce que j'en sais semble manifester l'isolement profond (quelle qu'en soit la cause) de cette femme face à des situations où elle se sentait apparemment engagée en tant que soignante désireuse de très bien faire. Le moins qu'on puisse dire est que le refus habituel d'examiner le problème de l'euthanasie dans un esprit d'ouverture n'est pas de nature à rompre l'isolement de ceux qui ont d'indéniables raisons de penser que ce problème n'est pas de ceux qu'on peut évacuer trop rapidement. À trop nier le bien fondé de certains gestes d'euthanasie, on risque en effet d'obliger certaines personnes (soignantes ou non) à agir isolément, alors que dans chaque cas où le problème se présente – et sauf cas de force majeure -, la première règle est de ne pas prendre de décision isolément.

Ceci nous ramène à la question plus générale de l'euthanasie, indépendamment de l'actualité. Plusieurs remarques doivent être faites :

a) On distingue souvent euthanasie passive, qui consiste typiquement à cesser certains soins, et l'euthanasie active, qui consiste à provoquer directement la mort. Cette distinction n'est pas absurde, mais elle tend à cacher le véritable problème. En effet, tous les intermédiaires existent entre d'une part la situation banale et considérée comme parfaitement légitime où un soigné choisit en toute liberté de ne pas recevoir le traitement qui offrirait les chances maximales de survie, d'autre part sa demande qu'on réduise un traitement en cours ayant pour but de prolonger la survie, et enfin la demande (supposant un choix) qu'on lui donne la mort pour abréger des souffrances. Dans les trois cas, le choix est d'abréger la vie pour augmenter ce que ce soigné considère comme son bien. Seules changent progressivement la probabilité que la mort survienne rapidement, et l'intensité du lien perçu entre le choix et sa conséquence. Plus particulièrement, peut-on véritablement opposer la décision "négative" (loin d'être exceptionnelle en réanimation) d'arrêter des appareillages maintenant une survie "artificielle" de telle sorte que leur arrêt provoque une mort souvent immédiate, et d'autre part celle d'agir positivement pour provoquer le décès ?

b) En fait, le problème de l'euthanasie n'est pas dissociable de celui de la finalité de l'activité médicale. Serait-elle de retarder la mort avant tout ? Ce choix aurait pour conséquence de faire de la mort le pire mal et l'échec suprême pour le médecin. Ou bien la finalité de la médecine n'est-elle pas avant tout de réduire la souffrance liée aux problèmes de santé ? Dans ce cas, la souffrance est désignée comme le mal, et cette souffrance appartenant en propre à la subjectivité du sujet, on restitue à celle-ci toute son importance aussi bien pour hiérarchiser les éléments de sa souffrance que pour décider des actions prioritaires après qu'il ait reçu toute l'information nécessaire. La mort est certes souvent perçue comme le mal le plus redouté, mais parfois comme le plus grand bien – avec tous les intermédiaires, sans que le médecin ait autorité sur ce plan. Certes les opposants à l'euthanasie justifient leur position par l'efficacité incontestable des thérapeutiques de la douleur, mais ils passent totalement sous silence la souffrance dite "morale", ou "existentielle". L'intensité que peut revêtir cette souffrance, son lien avec l'humanité la plus profonde du soigné, l'impossibilité dans bien des cas d'apporter un soulagement digne de ce nom, m'obligent personnellement à reconnaître qu'il est des situations où la mort représente pour l'individu la seule voie de l'apaisement, et à ce titre peut faire intégralement partie des soins. Pour prendre quelques exemples, la souffrance peut être due à la perception par le soigné d'une déchéance extrême et inéluctable, à la conscience d'avoir perdu irrémédiablement toute valeur à ses propres yeux, au constat qu'il ne peut redonner à la vie un sens positif quelconque, au vécu d'une solitude affective inéluctable. Le choix de la mort est loin de trahir nécessairement une faiblesse ou une lâcheté, et apparaît au contraire souvent comme le fait d'une volonté de respecter ses valeurs les plus profondes.

c) Il n'est pas question de nier l'expérience acquise dans les unités de soins palliatifs. Il faut en revanche préciser les points suivants ; 1) les personnes qui leur sont adressées ne sont qu'une fraction des personnes en fin de vie ; 2) cette fraction n'est nullement représentative des morts survenant dans la totalité de la population, et correspond à une sélection tout à fait légitime ; 3) l'euthanasie n'est d'ailleurs pas seulement un problème qui se pose à l'approche de la mort spontanée : une personne peut en effet souhaiter mourir justement parce qu'elle souffre intensément alors que rien ne lui permet d'espérer mourir dans un délai assez bref. Le problème devient particulièrement crucial si l'état de la personne ne lui permet même pas de se suicider. 4) L'euthanasie est souvent envisagée chez des personnes ayant des troubles neurologiques majeurs, irréversibles, détruisant leur personnalité, pour lesquels il n'y a aucun espoir de restitution d'une conscience valable, et qui ont exprimé antérieurement qu'il ne voulaient en aucun cas terminer leur vie dans ces conditions qu'elles jugeaient intolérables pour elles-mêmes. Je les comprends et je ferai certainement ce choix moi-même.

d) Les fréquentes discussions que j'ai eues avec des soignés m'ont d'ailleurs permis de vérifier que la plupart d'entre eux seraient soulagés de savoir que, le cas échéant, si leur état devenait à leurs yeux intolérable et si les soins étaient inefficaces, une euthanasie serait possible. Rien qu'à cet égard, le fait de ne pas fermer la porte à cette solution serait un soulagement pour beaucoup de personnes qui abordent des difficultés de vie croissantes et qui ont le désir légitime de ne pas atteindre en fin de vie un degré de déchéance qu'elles jugent incompatible avec leur humanité.
Il est assez manifeste que beaucoup de personnes – soignantes ou non – abordent le problème de l'euthanasie avec l'idée a priori qu'elle doit être refusée, que ce soit pour des raisons dogmatiques – religieuses ou non -, en raison de valeurs professionnelles jamais remises en question, ou pour éviter d'avoir à participer à des décisions toujours très difficiles. Dans les affaires humaines, aucune décision de cette gravité n'est légitime si elle ne fait pas référence à une situation singulière, où le prétendu décideur fait l'effort de rencontrer l'individu concerné, de créer les conditions d'un échange véritablement d'homme à homme pour percevoir de son mieux ce que vit celui-ci. En tant qu'homme gardant sa liberté de pensée, ouvert à l'infinité des situations humaines, à leur imprévisibilité, au potentiel de souffrance qu'elles recèlent, et à l'inefficacité éventuelle de l'aide disponible, il paraît strictement impossible de nier que l'euthanasie peut être légitime dans certaines situations. La justice ne s'y est pas trompée, qui a acquitté dans plusieurs cas ceux qui y avaient eu recours pour soulager autrui. Rejeter l'euthanasie parce qu'elle peut conduire à des excès est évidemment absurde, et une discussion ouverte, respectueuse d'opinions diverses, évitant d'imposer un sens particulier à la mort, sera certainement plus utile qu'un déni d'utilité contredit par l'expérience. Mon expérience d'hospitalier montre que le problème se pose assez souvent à des degrés divers, qu'il est souhaitable de l'aborder en toute simplicité et sans option préconçue, toutes les fois que le problème se dessine, avec – si possible - le soigné, ses proches, ainsi que les différents membres de l'équipe soignante, pratiquement toujours profondément concernés par le problème de la mort. L'objectif est le bien du soigné, tel qu'il le ressent, ou lorsqu'il ne peut s'exprimer, tel qu'il le concevait s'il a exprimé ses désirs, ou tel qu'on peut le concevoir humainement. La discussion a généralement pour effet de réduire les tensions, de manifester au soigné ou aux siens qu'il n'est pas victime d'un arbitraire, mais qu'on est au contraire attentif à son bien, et de dédramatiser la mort. Elle conduit souvent à améliorer des éléments de soins, permettant au soigné de choisir de vivre encore, avec l'apaisement qu'on a entendu son appel et qu'on reste disponible si la situation évolue de façon à être définitivement intolérable.

Je ne souhaite en aucun cas militer aveuglément pour l'euthanasie, mais témoigner dans un débat qui s'instaure qu'elle peut être – à vrai dire assez rarement – la meilleure réponse à la souffrance morale du soigné, et un gage important de la reconnaissance du droit à disposer de sa propre vie.

Le risque majeur actuellement est de laisser la médecine devenir la proie d'une logique purement économique, dictant des choix bureaucratiques qui feront fi de ce que chacun de nous, une fois en position de soigné, appellera de tous ses vœux : être soulagé prioritairement de ce que lui-même ressentira comme le mal le plus pénible.

Merci Marielle.
Pour ma part, j'ai pris toutes les dispositions pour m'assurer, autant que possible, le "Droit de Mourir dans la Dignité".
Mais, en ce domaine comme en bien d'autres, "… ce qu'il y a d'encombrant avec la morale, c'est que c'est toujours la morale des autres" (Leo Ferré).

Dans certains pays (Belgique, Pays-Bas) le problème a reçu un début de solution dans la mesure où l'euthanasie est reconnue et encadrée par la loi.

http://www.vivat.be/00-00.asp?articleID=601
http://www.ulb.ac.be/cal/Documents/Docu ... 052002.pdf

En France :
http://www.admd.net/

  
Un reportage sur l'euthanasie a reçu le Pulitzer cette année : http://www.pulitzer.org/year/2007/featu ... index.html

La "légalisation" de l'euthanasie, c'est à mon sens un combat aussi difficile que celui de l'avortement (même si la comparaison est osée, je sais), en ce sens que le tabou à vaincre me semble être le même : celui de la propriété du corps humain vivant.
A l'hôpital, le corps du malade appartient-il au malade ou au médecin ?
Coin.
  • Message par insoL, jeudi 26 juillet 2007 à 11h16
    citer

TERRIBLE !

Mais la mort n'est terrible que pour les vivants, alors que la souffrance n'appartient qu'à soi, vivant !

  
Dans le même genre, sêchant, bouleversant, sans nom... cet article du Frankfurter Allgemeine lu hier dans l'avion (en allemand).
Il s'agit d'un article sur les photos d'une photographe de Tel-Aviv qui a photographié (à sa demande) son amie, une jeune femme historienne et journaliste de 24 ans, tout au long de sa maladie (cancer ovarien) jusqu'à la fin.
"Mit den Mitteln der Schwarzweißfotografie sollte der zähe, lange Kampf dokumentiert werden, eine ästhetisch-realistische Auseinandersetzung mit Angst und Todesahnungen, Schmerzen, Hoffnung und Abschied." (Au moyen de la photo N&B, le long et difficile combat (contre la maladie) devait être documenté, en analysant de façon esthétique et réaliste la peur, l'idée de la mort, la souffrance, l'espoir et l'adieu.)
Sans complaisance, volontairement, pour que les gens sachent vraiment à quoi ressemble cette maladie, et à quoi ils risquent d'être confrontés lorsqu'une telle maladie est diagnostiquée. "Es ist wichtig, zu wissen, wie diese Krankheit aussieht und wie man mit ihr lebt" (il est primordial de savoir à quoi cette maladie ressemble et comment on vit avec) dit-elle, demandant que ces photos soient publiées coûte que coûte, même si elles ne le sont pas tout de suite (elle est décédée en 1996)

Pour l'avoir vécu de très très près, je peux vous assurer que c'est exactement ça. Terrifiant. Surtout la métamorphose physique de l'être cher.
Et lorsqu'une certaine limite d'espoir est dépassée, on peut réellement se poser la question "A quoi bon tout celà ? Jusqu'où se battre ?"

marielle
Dans le même genre, sêchant, bouleversant, sans nom... cet article lu hier dans l'avion (en allemand).
Il s'agit d'une photographe qui a photographié son amie, une jeune femme de 24 ans (à sa demande) tout au long de sa maladie (cancer ovarien) jusqu'à la fin.
Sans complaisance, volontairement, pour que les gens sachent vraiment à quoi ressemble cette maladie, et à quoi ils risquent d'être confrontés lorsqu'une telle maladie est diagnostiquée.
Pour l'avoir vécu de très très près, je peux vous assurer que c'est exactement ça. Terrifiant. Surtout la métamorphose physique de l'être cher.
Et lorsqu'une certaine limite d'espoir est dépassée, on peut réellement se poser la question "A quoi bon tout celà ? Jusqu'où se battre ?"


J'ai vu un film atroce sur la mort lente filmée par son ami d'un malade du SIDA, je crois que c'était le chanteur Freddy Mercury.
Après avoir été bouleversé par ce film, je me suis demandé s'il apportait autre chose qu'un témoignage d'amour, un message sur l'être cher et non la maladie... de même Avedon et son père.

Je n'ai pu participer, jusqu'à présent, à cette discussion sur l'euthanasie parce que je la trouve bien trop complexe pour en parler en quelques mots et surtout qu'elle agit sur des ressorts intimes, douloureux...

Sans vouloir froisser personne, Onsil n'a parlé de l'euthanasie que vue que d'un côté : celui de qui souhaite ce choix pour soi le cas échéant : suicide effectué pour soi par d'autres ?.

Dans ce monologue sont absents :

- la société qui dit qu'il peut toujours exister le risque d'euthanasie économique, de facilité, politique (ce que les nazis ont voulu promouvoir)...;
- certains médecins qui disent que l'on peut toujours trouver une molécule, un médicament voire une technique et que rien n'assure qu'il n'y a plus aucun espoir ;
- la famille qui aime ce proche qui souffre et souhaite ne pas le voir partir ;
- les églises, l'Eglise qui bannit l'euthanasie au nom du "tu ne tueras point" ...

J'ai connu quelqu'un d'athée, qui a su qu'il était atteint d'une grave tumeur du cerveau inopérable.
Intellectuel, très cultivé, il ne souhaitait pas perdre son identité, sa richesse ...en un lent et douloureux pourrissement.
Il s'est suicidé avec un revolver, une balle dans la tempe, au dessus d'une Bible ouverte.
Je crois qu'il n'a pas pensé ce faisant, à sa femme qui l'a trouvé ainsi et à sa souffrance.
Je ne le condamne certes pas, ce que je veux dire c'est que l'euthanasie et le suicide ont, pour moi, quelque chose de commun : celui du poids de la souffrance qui pèse sur d'autres que soi. (proches, soignants ...)

  
Dans ce monologue sont absents :

- la société qui dit qu'il peut toujours exister le risque d'euthanasie économique, de facilité, politique (ce que les nazis ont voulu promouvoir)...;

Le texte de loi belge est remarquable, à mon sens, car il se met à l'abri de ce genre de dérive

- certains médecins qui disent que l'on peut toujours trouver une molécule, un médicament voire une technique et que rien n'assure qu'il n'y a plus aucun espoir ;
Le problème de l'euthanasie est souvent posé en fin de vie, lorsqu'il s'agit de quelques jours, quelques semaines. C'est vrai que rien ne dit que dans un avenir plus ou moins lointain (généralement, les progrès de la médecine se font sur des années, ou des décennies), certaines maladies incurables aujourd'hui ne seront pas guéries à tous les coups. Mais il ne s'agit pas de questions qui permettent d'attendre des années. Sans compter la ténacité de la souffrance morale qui pousse les patients à en arriver à demander de mourir.
Et de quoi parle-t-on ? Quantité ou qualité de vie (survie) ?
Les patients en demande d'euthanasie sont souvent dans l'impossibilité physique de se suicider. Et ce n'est pas simple de se supprimer soi-même. Sans compter, justement, qu'il y a plus de souffrance - morale - à partir seul, renié dans sa décision par ceux qu'on aime, que de partir apaisé, entouré d'amour.

- la famille qui aime ce proche qui souffre et souhaite ne pas le voir partir ;
Personne n'aime voir partir un proche, un être aimé. Personne ne peut même le souhaiter réellement. Sauf par amour, justement, laissant de côté l'égoïsme qui voudrait qu'on le garde à soi malgré lui - mais combien de temps, et comment ? Au prix de quelle souffrance pour celui qui voudrait cesser de vivre (là, je parle de souffrance morale, pas physique, que l'on sait globalement bien apaiser désormais la plupart du temps) ?
Je crois qu'accepter que l'être aimé en ait assez de se battre, de lutter jour et nuit contre un adversaire qui a déjà gagné et qui le tue à petit feu, est au contraire une preuve d'amour, sans doute la dernière qu'on puisse lui donner. L'embrasser, et lui dire qu'on l'aime, qu'il s'endorme soulagé que ce soit enfin fini, et certain de notre amour.

- les églises, l'Eglise qui bannit l'euthanasie au nom du "tu ne tueras point" ...
L'Eglise... Chacun essaie de vivre selon sa propre croyance, et de s'en accomoder.
"Le Sabbat est fait pour l'homme, pas l'homme pour le Sabbat".
L'Eglise, tout sauf tolérante, n'a pas à entrer dans la moralisation de la vie d'autrui. C'est à chacun de la laisser entrer dans sa vie, ou non.

Ton histoire de suicide en est, à mon sens, la preuve : cet homme n'a pas trouvé de compréhension auprès de ceux qui l'entouraient (ou n'a pas pu/voulu en parler). Quel échec !
Mais pourquoi faudrait-il moraliser cet acte, ou hiérarchiser les souffrances, et dire "Je crois qu'il n'a pas pensé ce faisant, à sa femme qui l'a trouvé ainsi et à sa souffrance.". Et sa souffrance à lui ? N'était-elle pas épouvantable pour qu'il en arrive là, déchiré entre son questionnement religieux (athée ? au dessus d'une Bible ?), sa propre souffrance de se voir diminué, et sans doute la sensation d'abandon réciproque familial que son acte allait engendrer ?

Je ne le condamne certes pas, ce que je veux dire c'est que l'euthanasie et le suicide ont, pour moi, quelque chose de commun : celui du poids de la souffrance qui pèse sur d'autres que soi. (proches, soignants )
Je pense surtout que le problème de l'euthanasie remet le patient en tant qu'Homme décidant de sa propre vie au centre du débat. Sa vie, sa souffrance, sa diminution d'être, sa volonté. Son affirmation que malgré la diminution, intolérable à ses yeux, dont il est victime, il reste un Homme debout, décidant du dernier acte de sa propre existence.
Les autres (famille, soignants, etc) ne sont là que pour l'aider, l'aimer, l'accompagner. Le deuil ne doit pas se faire de son vivant.

je retiens cette phrase:
Je ne souhaite en aucun cas militer aveuglément pour l'euthanasie, mais témoigner dans un débat qui s'instaure qu'elle peut être – à vrai dire assez rarement – la meilleure réponse à la souffrance morale du soigné, et un gage important de la reconnaissance du droit à disposer de sa propre vie.

Il s'agit veritablement de légaliser le suicide assisté ou meurtre par consentement. Et il s'agit de definir un cadre ou on a droit de jouir de ce droit.
D'une part il faut definir qui a droit de suicide "droit à disposer de sa propre vie" or il apparait un paradoxe. On ne peut donner un cadre à ce droit car il s'agit d'une liberté unilaterale par definition. D'ou l'impossibilité de creer un cadre qui definit à partir de quand on peut avoir cette liberté. Donc tout le monde a droit au suicide et la loi ne punit pas le suicide. Tout le monde a droit au suicide assisté mais qu'en est il des assistants ?
Qui a le droit d'assister le suicidaire ? (tout en gardant a l'esprit que l'absence d'assistants prive le suicidaire de son droit.) N'importe qui qui a l'autorisation du suicidaire.

Pour ce qui est des assistants, voir ceci, par exemple :
http://www.ulb.ac.be/cal/Documents/Docu ... 052002.pdf

dans ce texte on voit très clairement que le sujet n'a pas le droit de disposer de sa vie.

il y a demande du patient mais ce sont les medecins qui évaluent et décident. imaginons la même chose pour l'avortement.

enfin il est souvent question de suicide en prison. Par exemple comdamné à vie, ne pourrait on pas les aider?

l'amplitude de ce genre de loi à très long terme n'est pas à sous estimer.

  
Le débat sur l'euthanasie revient sur le devant de la scène, avec ce cas effroyable de Chantal Sébire, après celui de Vincent Humbert, et celui de nombreux anonymes, abandonnés dans leur détresse, ou accompagnés par des infirmières ou des médecins courageux qui encourent les Assises.
Pour ma part, en tant que médecin et en tant que femme libre, j'espère une révision profonde de la loi.
Je ne suis pas d'accord avec notre Garde des Sceaux qui dit «la médecine n'est pas là pour administrer des substances létales». «Cette dame demande à la justice de pouvoir exonérer de la responsabilité pénale le médecin pour lui administrer une substance létale (...) Ce n'est pas notre droit et nous avons fondé notre droit et la convention européenne des droits de l'Homme sur le droit à la vie.»
Que signifie "Droit à la vie" ? Devrait-on de ce fait remettre en cause le droit à l'avortement ?
La loi est faite pour l'Homme et non l'Homme pour la loi. Si la loi n'est plus, ou pas adaptée, il faut la faire évoluer.
Qui osera prendre ce problème à bras-le-corps, pour faire évoluer les consciences et par là-même la loi ?
Le cas Vincent Humbert n'a malheureusement pratiquement rien fait bouger, et le non-lieu dont a bénéficié le médecin dans cette affaire, s'il est bien pour lui dans le sens qu'il n'a pas été condamné, n'a finalement pas permis de repenser une loi plus à fond.
Combien de temps ces personnes désespérées devront-elles attendre, ou bien aller à l'étranger (Suisse, Pays-Bas) pour obtenir ce qu'on ne refuserait pas à notre pire ennemi ?

Qu'on ne parle pas de souffrance insuffisamment calmée (morphine, etc). Comme Christine Boutin : « Cette femme n'est pas suffisamment entourée de médecins qui l'aident à ne pas souffrir ». Qu'en sait-elle d'abord ? Il est d'autres souffrances plus intimes, plus indicibles, qu'aucune thérapie ne soulage : la diminution d'être, l'absence d'espoir.

Le calvaire de cette pauvre femme me touche profondément il est temps que la France hypocrite se modernise
  • Message par insoL, vendredi 14 mars 2008 à 12h16
    citer

Le plus simple serait sans doute, de la part des sociétés civiles, de mettre fin à la condamnation morale du suicide et ce, au nom d'un "droit à la mort".
  • Message par Alain, vendredi 14 mars 2008 à 12h41
    citer

Que la loi ouvre des portes et permette des réflexions oui.
Que la loi decide de ce qui est possible ou non ce serait la pire des choses ! Je pense que légiférer sur l'euthanasie en classifiant les cas où oui et les cas où non serait monstrueux ! Chaque cas restera un cas d'espèce qui ne peut en aucun cas être "comparé" à un autre.
La phrase consacrée "chacun en son âme et conscience" prend ici toute sa force, et la loi qui déresponsabilise en choisissant à notre place serait monstrueuse. L'homme dans ces cas est au dessus de la loi :
"le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat" remplacez sabbat par loi et j'adhère a cette phrase!
photographe amateur equipé en leica argentique et numerique... vive l'image!

Deux pages à lire, absolument ! :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... id=1022062

  
Il m'est vraiment très difficile de faire une réflexion sur ce sujet. Et peut-être que si j'arrive à m'en faire une idée, elle ne serait probablement plus la même quelques minutes plus tard.
Dans l'article cité par insol, le docteur Aubry n'est pas tellement rassurant;
"ceux qui ont vécu une euthanasie pour un proche passent d'un sentiment de soulagement à un questionnement qui entraîne des conséquences psychologiques majeures".

Il me semble que cela touche au plus profond de l'affectivité. Donc, une tâche compliquée pour les legislateurs, qui sont forcément influencés (par opposition ou non) par notre culture judéo-chretienne.
En même temps, l'analyse qu'en fait Marielle est lucide. Merci pour les contributions.
touche pas à mon hamac !
http://barnackla404.blogspot.com/

Qu'elle repose en paix maintenant, cette brave dame a fini de souffrir

  
Quada Phi
Qu'elle repose en paix maintenant, cette brave dame a fini de souffrir

Soit qu'elle repose en paix.
Mais tout de même ne pourrait-on pas aussi parler de cette fascination entretenue par tous les médias qui nous ont fait assister à la lente fin de cette femme quasi en direct chaque jour. Passé la peine partagée avec la famille je m'interroge de plus en plus sur cette manière dont les médias nous utilisent sur des sujets tellement intimes que l'on a l'impression que tout est à la portée de tout le monde... Quel sera le prochain sujet "porteur" pour nous tenir en haleine, consommateurs d'une information si souvent talentueusement organisée... Et si c'était cela la "vraie télé réalité". Pour accepter d'aider cette femme à mourir "Taper 1" si vous pensez qu'il faut continuer à l'accompagner "Taper 2".
Je sais, ce post n'est pas politiquement correct, mais j'espère qu'il restera piratement acceptable.
Ce matin la météo contredit l'information. Enfin :mrgreen2: Il fait un temps superbe sur l'ouest et je vais aller m'aérer un peu les bronches, et l'esprit. Je vous souhaite à tous une belle semaine pascale... :D:

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