le Pirate Forum
    Climato-sceptiques

Pour rebondir sur la remarque de Coignet à Jacques, Pote dans un autre fil, je suis moi aussi très intéressé par ce sujet et si une discussion pouvait s'ensuivre ce serait intéressant.
A ce propos , avez vous lu "Etat d'urgence" de Michael Crichton , un thriller précisément sur ce sujet (l'auteur était clairement un sceptique sur le changement climatique)
Pour mémoire et pour ceux qui ne liraient que des livres "intelligents" , Crichton est l'auteur de Jurassic Parc (Le livre qui a inspiré le film) et de quantité d'autres "bons" romans pour les vacances.

  
En relation partielle avec ce sujet, la direction de ce site remarquable est heureuse de vous renvoyer à un écrit déjà ancien (à notre échelle) de Jacques, Pote.
Quelques réflexions autour du climat et de l'énergie (juin 2007)
    Je livre quelques pièces

  
Sommaire de l'intervention de Jacques, Pote
1. Je livre quelques pièces
2. Diagnostic : les fondamentaux
3. Des modèles
4. La prévision : un art difficile
5. Le GIEC
6. Les sceptiques
7. Les médias
8. Epilogue
9. Additif


Je vais donc vous livrer quelques éléments de réflexion.
Je recyclerai à cette fin des textes utilisés dans d'autres contextes.

Pour commencer, il faut donner quelques définitions. Commençons donc par le commencement.

Prolégomène : le climat
Le climat, on dit aussi système climatique, présente quelques caractères épistémiques particuliers :

• Il est complexe ; cela signifie qu'il n'existe pas, qu'il ne peut exister, une science inductive du climat. Au contraire, son étude se décompose en de nombreuses disciplines ; certaines reposent cependant sur un socle inductif (physique, chimie, ...).

• A la manière de ce qui est observé en médecine, ou dans l'évolution du vivant, l'évolution du climat est contingente : au delà des faits physiques de base, le climat se détermine aussi en grande partie par sa propre histoire - ne serait-ce qu'en raison de la participation du vivant à sa dynamique.

• Le climat terrestre est unique. Même si la planétologie autorise les comparaisons dans ce domaine, la vie sur Terre n'est possible que dans une fenêtre très étroite de conditions. L'étude du climat échappe donc à la comparaison ou à la statistique des grands nombres. En corrolaire, une modification infime pour la planète peut se transformer en catastrophe pour le vivant.

• Les méthodes d'étude du climat sont très fortement dépendante de technologies très récentes, au premier plan desquelles celles permettant l'observation, inapplicables dans l'étude du passé : cette dissymétrie ou "myopie climatique" vaut évidemment aussi pour l'avenir.

• Les sciences du climat sont confrontées au défi que constitue la question de l'avenir dans un contexte de contingence, étant dans cette dernière dimension fortement dépendantes de leur sous-ensemble inductif (qui permet la simulation numérique). Dans la mesure où l'activité de l'homme, dont sa démographie, influence le système climatique, ce défi pose également la question de la relation entre la science et la norme politique et sociale.
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

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Un grand merci de faire cet effort de transmission lisible par tous !
:-)

Au moins, aurai-je appris quelque chose aujourd'hui :cool:

  
merci de nous instruire dans un langage clair :D:
    Re: Je livre quelques pièces

Jacques, pote
la vie sur Terre n'est possible que dans une fenêtre très étroite de conditions.


Il semble que cela soit la vie tout court qui ne soit possible qu'à des conditions très précises. Si l'on prend l'atome de carbone qui n'est pas né du big bang primordial, mais est produit par nucléosynthèse avec des conditions extrêmement précises de densité et de température, on peut considérer son apparition dans l'Univers comme un évènement fortuit, ou comme un miracle, ou comme une nécessité, en tous les cas extraordinaire.

Sinon, avez-vous lu ces déclarations de Franck Fenner ?

http://www.theaustralian.com.au/higher- ... 5880091722

L'apocalypse annoncée par un scientifique australien de renom, membre de la Royal Society, n'est même pas à prendre au sérieux puisqu'il affirme que quoi que nous fassions, il est trop tard, ajoutant même qu'il ne tient pas à faire de la peine à ceux qui se bougent pour que cela change.

Qu'on ne compte même pas sur une quelconque volonté politique à l'échelle de la planète, car même si elle arrive, ce qui tiendrait de l'utopie, elle ne servira à rien tant sont en fait en cause nos micro-comportements quotidiens.

Bon je :arrow2: et je n'aurais plus aucune hésitation, descendant dans ma cave, pour remonter en premier mes meilleures bouteilles.
:)
"Le Leica 50mm Summilux est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux"
  • Message par Tito, mercredi 30 juin 2010 à 0h53
    citer

:-x Sans vouloir manquer de respect à Jmichel33,
ce genre de messages me navre profondément, voire m'afflige gravement.
c'est sûr que si on raisonne ainsi, on n'a qu'à se tirer une balle après avoir bu toutes les bouteilles :roll:

c'est le lit de tous ceux qui souhaitent nous mener à la catastrophe,
bah, ya plus rien à faire, baissons les bras et tant pis pour ceux qui nous succéderont :marteau:

oui, mais moi, depuis enfant j'aime la nature, les animaux,
et j'espère que ma magnifique fille de 10 ans pourra aussi voir ces merveilles, et en tirer enseignement.
donc je ne suis pas d'accord pour adopter cette nuisible position du "tout est foutu, laissons pisser" :-x :twisted:

Sans aller chercher jusqu'en Australie , il y a en France quelques individus qui professent également le même genre de choses comme Yves Paccalet dans son L'humanité disparaîtra, bon débarras ! ou le malthusien "faire des enfants tue" de Michel Tarrier.

@ Tito

Je suis bien désolé de t'avoir navré, crois-moi, et je te présente toutes mes excuses ainsi qu'à tous ceux qui ont ressenti les mêmes choses. Je n'ai fait que relever un article et d'en donner le lien.

"We're going to become extinct, whatever we do now is too late." Celui qui s'exprime ainsi n'est pas un fantaisiste, puisqu'il s'agit de Franck Fenner, un éminent scientifique, et ce n'est pas tout à fait Nostradamus ni Paco Rabanne, sinon je n'aurais jamais relevé cet article ainsi.

Là où Fenner me dérange, ce n'est pas tant dans son terrible constat, c'est dans le fait qu'il dise que "c'était mieux avant" (avant la révolution industrielle) et surtout qu'il annonce "no hope" !

S'il y en a un, je pense qu'il n'est pas politique comme chacun a tendance à le penser, mais bien dans le changement immédiat de notre comportement individuel, et à l'échelle des quelques 6 milliards d'êtres humains vivant sur Terre.

Il est permis d'y croire.

Mais j'en doute quand nous annonçons que nous allons réduire de 10% l'émission des gaz à effets de serre alors qu'il nous faudrait les stopper net dès demain matin...
"Le Leica 50mm Summilux est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux"
    Deuxième livraison

  
Le diagnostic de changement climatique anthropique : comment est-il établi ? Regardons tout d'abords les fondamentaux.

Ceux-ci sont relativement simples. Je les ai encore simplifiés, éliminant équations et figures, et ne conservant que l'essentiel.

- A la surface de la Terre, l'énergie primaire provient du soleil sous forme rayonnée. Cette quantité est modulée au premier ordre par les variations de la distance Terre-Soleil (ce qui explique les glaciations), beaucoup plus faiblement par les variations de luminosité du soleil (j'y reviendrai).

- L'énergie primaire se décompose ensuite en deux composantes : le rayonnement solaire incident (cf ci-dessus) et le rayonnement terrestre ; le rayonnement terrestre provient du fait que la surface de la Terre est "chauffée" par le rayonnement solaire incident. Or tout corps émet un rayonnement dont la longueur d'onde est déterminée par la température de sa surface. L'atmosphère terrestre est donc "chauffée par le dessus", par le rayonnement solaire incident centré sur le visible, et "chauffée par le dessous" par le rayonnement dit "tellurique", centré sur l'infra-rouge.

- Une partie du rayonnement s'échappe dans l'espace : par réflexion (déterminée par une grandeur dite albédo), par diffusion. L'albédo est le fait des nuages et des surfaces, claires ou sombres. La diffusion est régie par l'épaisseur optique (par exemple la charge en aérosols).

- Une autre partie du rayonnement, essentiellement l'infra-rouge, est "piégée" dans l'atmosphère par les composés à effet radiatif. Ce piégeage, appelé improprement "effet de serre", résulte de la combinaison de deux phénomènes : les molécules absorbent de l'énergie en permanence et la ré-émettent sous forme de rayonnement infra-rouge ; le gradient de pression atmosphérique induit un gradient de ces molécules, plus abondantes au niveau du sol. La résultante des deux phénomènes induit un "mouvement vers le bas" des infra-rouges, ce qui contribue en retour à chauffer à nouveau la surface (et à refroidir l'atmosphère en altitude). Il est donc très facile de distinguer, par sa répartition spatiale, un réchauffement dû à "l'effet de serre" d'un réchauffement dû à d'autres causes.

- Le bilan radiatif est dépendant de la latitude et de la saison, en raison de la rotondité de la Terre et de l'inclinaison de son axe de rotation par rapport au plan de l'écliptique : d'où l'étymologie de climat (klima = inclinaison). Il est également dépendant de l'albédo de la surface et de celui des nuages. Cette hétérogénéité induit des différences de température, donc de densité et de pression dans l'atmosphère, ce qui induit en retour des mouvements.

- Le cycle de l'eau (évaporation / condensation) contrôle l'albédo (par les nuages et la végétation), amplifie l'effet de serre des autres composés (la pression de vapeur de l'eau est une fonction de la température), et ferme le bilan de chaleur en transportant de la chaleur latente de la surface (évaporation) vers l'atmosphère (condensation) ; il contrôle également la salinité de surface de l'océan, cause avec la température des différences de densité, donc des mouvements des masses d'eau.

L'accumulation rapide de composés à effet radiatif dans l'atmosphère amplifie tous ces effets : il est inévitable que la surface terrestre se réchauffe. Il n'existe pas de processus naturel permettant de les éliminer à la vitesse à laquelle l'homme les émet. Reste à savoir si les observables suivent les théories physiques, et pour cela il faut entrer dans le détail : étant donnée la complexité du système, seul un modèle numérique peut être utilisé (en médecine, on peut prendre un modèle animal). C'est là que les modèles vont donc entrer en jeu.
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

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Merci djack !
Un beau travail de synthèse, exprimé en mots simples lisibles par les non spécialistes.
J'apprécie tout particulièrement, et cela m'aide à comprendre les débats et enjeux. J'attends donc la suite avec intérêt.
    Des modèles

  
Désolé, c'est un peu long et rébarbatif.

Les modèles : pourquoi ?

Les quelques ingrédients présentés plus haut font appel à une gamme très large de processus physiques et chimiques ; en particulier à des notions de physique statistique absolument non intuitives, dont la représentation fait appel à des formalismes dits "non-linéaires" (un terme savant pour exprimer une absence de proportionnalité directe entre des causes et des effets). De plus, les mouvements des masses fluides, océan et atmosphère, se font dans un repère sphérique en rotation, ce qui induit une complexité supplémentaire.

Pour ne rien arranger, les constantes de temps des différents phénomènes, ainsi que de leur énergie caractéristique, s'étalent sur des ordres de grandeur : de quelques fractions de secondes à des millénaires - imaginez l'énergie mise en jeu dans le gulf stream qui déplace environ 100 millions de m3 par seconde, ou encore dans le rayonnement solaire incident qui représente plus de 10000 fois la consommation humaine d'énergie.
Dans ces conditions, il est impossible de concevoir une "équation de Schrödinger" du climat. Le recours à des simulations sur ordinateur est absolument nécessaire pour décrire les interactions des différents compartiments et déterminer l'influence respective des différents paramètres.
Absolument nécessaire également pour intégrer la masse colossale de données produites par les satellites, stations météo, et autres systèmes de mesure.

Il faut donc être clair : sans simulation numérique, il ne peut exister de science du climat.

Il existe de nombreux types de modèles utilisés dans les sciences du climat : il s'agit dans tous les cas d'outils d'exploration de l'espace des possibles, indispensables pour intégrer hypothèses et mesures.
De ces modèles sont nés les modèles météorologiques : ils représentent l'atmosphère météorologique, découpée en petits volumes élémentaires interagissant à leurs limites. Ces modèles sont capables de bonnes performances de prévision météorologique (température, vent, précipitations) à court terme, quelques jours, puisque l'évolution de l'atmosphère météorologique est régie par la théorie du chaos, ce qui interdit toute prévision de long terme.

De ces modèles ont été dérivés les modèles climatiques. On y retrouve les volumes élémentaires, mais cette fois il faut y intégrer l'océan, les surfaces continentales, incluant la végétation, de manière générale tous les compartiments pertinents à l'échelle de temps climatique, pour autant que l'on puisse les représenter sous forme numérique. Ils permettent de reconstituer non pas la météo, mais le régime de variabilité climatique sous forme de moyennes temporelles régionalisées, par exemple. Ils sont performants, mais gourmands en temps de calcul sur des super-ordinateurs, et ils comprennent des simplifications sur lesquelles les chercheurs de ce domaine travaillent intensément.

Ils ont obtenus leurs titres de gloire en permettant les prévisions d'El Niño, par exemple, de manière générale en reconstituant de manière convaincante le régime climatique actuel.

D'où la tentation de les utiliser pour la prévision à long terme du climat.
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  • Message par insoL, vendredi 2 juillet 2010 à 8h22
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Merci pour ce cours … magistral !
Et, encore une fois, ce sont les "outils" qui font avancer la connaissance !
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite
    Re: Des modèles

C'est clair et même intéressant. J'ai quand même appelé Google à l'aide pour tenter de me faire une petite idée de cette "équation de Schrödinger", mes connaissances ne dépassant pas quelques notions de mécanique classique.

Jacques, pote
... ils [les modèles] représentent l'atmosphère météorologique, découpée en petits volumes élémentaires interagissant à leurs limites...
Cela s'apparente-t-il à une modélisation de type "éléments finis"?
    Re: Des modèles

  
Solange
Cela s'apparente-t-il à une modélisation de type "éléments finis"?


Non, il s'agit de calculs en points de grille. Pas de dérivées partielles possible (rien n'est linéaire dans ce bazar !).
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    Re: Des modèles

Il y a qlq. années on avait prêté du temps machine pour ce type de calculs.
Merci pour la réponse ...et pour la suite de l'exposé :wink:

  
Voilà la suite...

La prévision : un art difficile, surtout quand il s'agit de l'avenir (N. Bohr)

Nourris de masses de données et d'interprétations fournies par de nombreuses disciplines, voilà donc les modèles climatiques placés sous le feu de la rampe : tels la Pythie, ils vont nous dire notre destin.

Pourtant, la sagesse et le sens de la responsabilité ne requièrent en aucun cas ces calculs savants : une fois établi le fait que l'homme dégrade sévèrement son environnement et consomme des ressources à un rythme bien supérieur à ce que peut lui fournir la planète, l'éthique de l'action publique aurait dû suffire à établir de nouvelles trajectoire.

La notion de PIB, héritée de la reconstruction d'après guerre, a conduit nos décideurs à privilégier une approche comptable de la prospérité. Nous sommes entrés dans la vénération du chiffre et de la quantité. Ce qui explique peut-être l'approche de ces questions tentée par le Club de Rome, dans les années 70 : le rapport Meadows, basé sur la dynamique des systèmes de Forester, avait tenté de convaincre qu'une croissance exponentielle ne peut être soutenue dans le temps, et qu'elle finit par s'effondrer dans un funeste jeu de dominos. Mais même ces chiffres là n'avaient pas convaincu.

Les faits bruts climatiques sont les suivants : l'homme accumule dans l'atmosphère des composés à effet radiatif en quantité commensurable avec les lois et quantités qui régissent l'équilibre climatique. Un effet commensurable sur le climat est donc inévitable, le bon sens y suffit : la baignoire est bouchée, il faut fermer le robinet faute de quoi le climat va changer. Et en la matière, dans des société humaines régies par la stabilité de leur environnement, tout changement ne peut être que funeste à leur prospérité.

La société des nations, dans ce qu'elle a cru être un élan de sagesse, s'est réunie à la fin des années 80 et a engagé une action dont les deux points d'orgues furent la création d'un collège mondial d'experts, le GIEC ou IPCC, la conclusion d'une convention internationale, la CCNUCC ou UNFCCC. L'engagement pris était celui d'agir s'il s'avérait que le collège d'expert sonnait le tocsin - bien que le tocsin ne soit pas, en général, une approche thérapeutique privilégiée !
Il convenait donc d'établir deux faits, pourtant de nature epistémique complexe : la modification anthropique du climat sortait-elle peu à peu du "bruit" de sa variabilité naturelle, et dans l'affirmative quel délai et quel cible convenait-il d'adopter pour agir ?

Dans la mesure où il était inévitable de recourir à des simulations numériques pour établir ces faits, et que les décisions à prendre le cas échéant avaient des conséquences profondes sur l'activité économique ayant la croissance pour objectif, il fallait donc s'attendre à une contre-réaction "naturelle" : pour contester l'émergence de nouvelles normes, découlant d'une nouvelle réalité, il était nécessaire de contester l'expertise, donc la science.
Deux cibles de choix s'offraient : le GIEC, un bon terreau pour nourrir classique une psychose du complot, toujours efficace, et la simulation numérique dont il était commode, vis à vis du public, de rabaisser la fiabilité au niveau de l'horoscope.
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  • Message par Tito, lundi 5 juillet 2010 à 1h22
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Pas de soucis Jmichel33 :-x
c'est juste que cette vogue du "il est trop tard, il n'y a plus rien à faire"
sape profondément toutes les perspectives d'évolution des mentalités :pique:

bel exposé Jacques, pote, merci ! :D

Le Règne de la Quantité et les Signes du Temps

Tito
Pas de soucis Jmichel33 :-x
c'est juste que cette vogue du "il est trop tard, il n'y a plus rien à faire"
sape profondément toutes les perspectives d'évolution des mentalités :pique:

bel exposé Jacques, pote, merci ! :D


Je sais, mais cela peut aussi avoir l'effet inverse.
Notamment parce que la prise de conscience au niveau politique conduit au spectacle actuel que je trouve pitoyable et que la prise de conscience (crise de conscience) ne peut plus se faire qu'au niveau individuel, depuis l'analyse de nos poubelles jusqu'à l'utilisation de notre voiture ou encore de l'arrosage de notre jardin.
Ce n'est plus urgent, c'est devenu vital.
Et merci à Jacques pour son exposé dont j'attends à chaque message de sa part, la suite.

Et Bravo à Picdel !
"Le Leica 50mm Summilux est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux"
    La suite

  
Justement, la suite, la voilà. J'expose d'abord, et à la fin de l'envoi... On en discute.

Le sujet du jour : le GIEC (lien wikipedia) ou IPCC.

Le GIEC se résume à ses rapports : cette instance n’a d’autre incarnation que la rédaction et la publication périodique des volumineux rapports consacrés à l’état des choses climatiques. Rapports dont les laconiques "résumés pour les décideurs" font régulièrement l’objet de critiques en retour sur une imaginaire « Institution GIEC », critiques d’autant plus véhémentes que leurs auteurs sont en général éloignés du processus présidant à leur élaboration. Il faut dire que ce processus présente 3 inconvénients majeurs.

Le premier d’entre eux tient à la nécessaire lenteur d’un processus rigoureux : les rapports du GIEC font l’objet d’une première rédaction collective, destinée à faire la synthèse des travaux publiés à la date où elle commence, puis d’une relecture libre par des milliers de scientifiques avant la stabilisation finale des textes, laissant le temps aux nouveautés d’un moment de se voir confirmée ou infirmées par le processus normal de la science. Ce processus itératif protège des préjugés en ce qu’il assure que chaque sujet est relu par ses spécialistes les plus pointus, éliminant ainsi les opinions personnelles plus ou moins – en général plutôt moins – assises sur la pratique scientifique véritable ; mais la lenteur inhérente à ce processus induit, en une période d’extraordinaire accélération des moyens de mesure, notamment spatiaux, et de calcul, d’inévitables décalages entre l’état des connaissances en temps réel et le contenu des rapports.

Le second tient à une relative confusion dans les catégories concernées par les différents volumes du rapport. Si le volume 1 s’en tient à l’état de la science climatique ; le volume 2 s’attaque à une entreprise nettement plus délicate, celle de la quantification des impacts : les scientifiques y sont au prise avec la question de la gestion de l’avenir, alors même que l’on sait que science et avenir ne font pas toujours un très bon ménage. Le volume 3, pour sa part, relève plutôt de l’action normative avec la "mitigation". On a ainsi une progression linéaire, très rationnelle, par conséquence fermée : « voilà l’état de la science, voilà ce qui nous menace, voilà comment agir pour l’éviter ». Et l’on passe ainsi, sans matière à débattre, de l’état géophysique de la planète à l'inventaire de l’action politique à conduire.

Le troisième tient en quelque sorte à l’épuisement du sujet, pour ce qui concerne la restitution aux premiers concernés, à savoir les citoyens. Force est en effet de constater que la communication vers le public de « l’urgence climatique » n’est pas le fait des chercheurs, mais plutôt celui de porte-paroles certes illustres mais non scientifiques, de Al Gore à Nicolas Hulot en passant par les ONG. Forcent-ils le trait pour convaincre ? Toujours est-il que la sphère de ce que l’on appelle le « public disclosure » est ainsi livrée, périodiquement, à des semblant de controverses totalement étrangères au processus d‘élaboration de la science.

On peut donc regretter que la mise en place de cette robuste entreprise d’expertise ne se soit pas accompagnée d’un réel travail de diffusion de la science vers le citoyen occidental, acteur microscopique du changement climatique macroscopique, lui permettant ainsi de mesurer véritablement, au fil des jours et non pas à l’occasion de quelques buzz médiatiques, les conséquences des paradigmes voulus ou subis de son mode de vie. Alors même que seule cette mesure pourrait ouvrir la possibilité de l’émergence d’un ordre moral construit sur la responsabilité.

Bien au contraire, la discordance entre les constats sur l’avenir portés par le GIEC et les impératifs du quotidien, hic et nunc, n’ouvre la voie qu’à l’aporie, ou au mieux, à l’oxymore. Comme le disait Jonas, "la sagesse nous est le plus nécessaire au moment où nous y croyons le moins".
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  • Message par Al, lundi 5 juillet 2010 à 20h46
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Sujet passionnant et parfois conflictuel.
Ce n'est pas aussi simple et les climato-sceptiques ne sont pas moins digne que les experts du GIEC. Ils doutent que l'activité humaine puisse être à l'origine du réchauffement climatique. Jusqu'à présents ils étaient mis à l'écart mais récemment cela n'a plus été possible et heureusement car le doute en science permet souvent de progresser.

Le GIEC est groupement d'expert mais ses rapports sont le fruit de compromis "démocratiques".

Quelques récentes publications du GIEC ou de ses plus actifs contributeurs comme l'université UK East Anglia sont questionnables. Par exemple le fameux graphe en cross de hockey (hockey stick) qui montre à partir 20eme siècle une forte accélération des températures avec des prévisions tout aussi terrifiantes. La construction même de la courbe ignore les données qui ne démontrent pas la tendance au réchauffement et minimise le pic de température du moyen âge. Durant cette période, sans vous reparler du Groenland on cultivait la vigne dans le sud de la Suède. Ce que l'on va peut être réussir à nouveau de nos jours.

D'autre part la température semble aussi augmenter sur la planète Mars: les astronomes évoquent à son sujet l'activité solaire.

Quelques sites sceptiques, qui permettent une autre vision:

hockey stick
weather

climat
Glaces polaires


divers articles

bonne lecture

  
Puisque même ici certains esprits éclairés se chauffent à l'internet et aux médias - gageons qu'ils feront de même le jour où on leur diagnostiquera un cancer, le médecins étant tous des charlatans - je vous fais avec un peu d'avance la livraison suivante.



Les sceptiques

Nul « anti-GIEC » ne s’étant encore officiellement constitué, la catégorie de ceux qu’il est désormais convenu de désigner sous ce vocable est par nature hétérogène. Sans tendre à l’exhaustivité ni s'interroger sur les ressorts sous-jacents, on peut cependant distinguer quelques catégories au sein de cet ensemble.

La première catégorie comprend ceux qui, sans contester la réalité de la menace climatique, contestent les dispositifs normatifs tels qu’ils découlent, notamment, des groupes 2 et 3 du GIEC, en particulier le protocole de Kyoto, ou encore les fondements économiques du rapport Stern. Ces analyses sont sérieuses et ne doivent pas être écartées d’un revers de main, en particulier de la part de spécialistes des sciences du climat : un spécialiste de la physique atmosphérique n'a jamais qu'une légitimité de citoyen à soutenir ou ne pas soutenir Kyoto.
Une des critiques les plus fondées repose sur le constat que la question de l’adaptation au changement climatique n’a jamais fait l’objet d’une réelle évaluation dans ce qui aurait pu être un « volume 4 » du GIEC, cela au nom d’un impératif politique qui était de promouvoir les actions de mitigation. Or, même un réchauffement moyen de 2°C, retenu comme un cible optimiste à Copenhague, supposera un effort gigantesque d’adaptation.

Cette catégorie ouvre la voie à une approche dérivée, celle qui consiste à remettre en question la pertinence d’agir à grands frais contre une menace incertaine et de long terme, alors que l’effort serait mieux employé à d’autres actions, par exemple la lutte contre le sous-développement et ses avatars. Cet argument est spécieux dans la mesure ou l’un n’empêche pas l’autre, bien au contraire : il s’agit des deux faces d’une même médaille, d’une part, limiter la surexploitation de la planète est un problème réel qu’il convient, dans l’intérêt de tous, de traiter lorsqu’il en est encore temps, d’autre part.

Une troisième catégorie comprend des scientifiques dont le fond de commerce est d’une certaine façon circulaire. Selon eux, le climat change comme il l’aurait toujours fait – ce qui les conduit à valider de fait les analyses présentées par le GIEC, mais les spécialistes du climat se tromperaient (et ne seraient ainsi spécialistes de rien du tout, ou menteurs) : la cause première n’en serait pas l’accumulation de gaz à effet de serre – bien que cette hypothèse rende parfaitement compte des faits observés, mais d’autres raisons dans lesquelles il est supposé que l’activité solaire tienne la première place, sans qu’il soit pour autant possible de l’établir avec certitude (et même de l'établir tout court). Le doute et la contestation des faits établis étant l’un des fondements de la science, le "consensus du GIEC" serait alors suspect. Cette catégorie comprend quelques variantes. Certains ne proposent pas de « mécanisme caché » mais se contentent de contester le nécessaire recours à la simulation numérique dans le diagnostic, simulation pourtant inévitable afin d'éviter l’approximation grossière, d'autres contestent les éléments statistiques de la question (moyennes, tendances, probabilités, …), l’idée étant alors que l’incertitude dominerait sur le plan ontologique, interdisant de fait tout diagnostic.

Ces approches de la question ouvrent une boîte de Pandore relativement perverse : face à une argumentation scientifique simpliste - des relations apparentes de cause à effet mélangées à du « bon sens populaire », un argumentaire décalé de l’essentiel, …-, les sciences du climat se trouvent dépourvues : faut il se retrancher derrière les arguments d’autorité du GIEC, mais c’est précisément ce qui est visé par les critiques, ou alors « ouvrir le capot » et plonger alors dans le cœur de la complexité du sujet auquel plus personne dans le public ne comprendra rien ?

A ce stade il est utile de rappeler qu’en son temps, cette approche fut utilisée, parmi d’autres, pour contester la réalité de l’impact sanitaire du tabac.
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Raymond Depardon, Errance

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Encore merci pour cet exposé complexe, mais très clair.
Il est difficile pour nous, non seulement non professionnels de ces questions, non initiés, mais aussi, accaparés dans nos vies professionnelles par d'autres sujets, de se faire une idée claire à propos d'un débat devenu très politique, et, comme tu le soulignes, animé par des organismes et des gens dont on ne sait et comprend pas grand chose.
Une telle synthèse aide à appréhender le sens des débats, actions et non actions actuels.
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