en retard
Publié : mardi 11 décembre 2012 à 11h02
J'interviens tardivement, pour simplement dire tout mon intérêt pour ce fil, et mon plaisir à voir vos photos et lire vos commentaires.
Je nuancerai le propos du Pote qui rappelle avec justesse que Brasilia est une sorte de Cergy-Pontoise. Ce n'est pas faux, et en effet, j'ai bien dû quelque part écrire cette analogie. Elle n'est cependant que partielle, car, si dans les deux cas il s'agit d'une création ex-nihilo, le deus ex machina déployant sous nos yeux éblouis la ville du futur dans le désert (Brasilia), ou les vergers (Cergy), Cergy-Pontoise se voulait à l'origine écrite en harmonie avec les traces laissées par le parcellaire ancien, et inscrite dans le paysage naturel rayonnant du méandre de l'Oise, à la suite d'une réflexion collective de services publics de l'État et d'un travail de planification que l'on peut qualifier de pionnier1, quoi que l'on pense du résultat ; tandis que Brasilia est une création totalement gratuite, avant tout politique, dans un territoire désert, destinée non pas réellement à accompagner le développement du pays, mais à asseoir une autorité.
Brasilia, c'est bien plus Versailles que Cergy, le trident baroque ayant fait place à l'avion.
Il est vrai que l'on trouvera en commun avec Cergy le découpage en quartiers par destinations, mais l'analogie s'arrête relativement rapidement, Cergy ne servant pas à glorifier le pouvoir en place, mais à accompagner l'urbanisation galopante de la Région Parisienne des années 70.
Les villes nouvelles étaient-elles vraiment la bonne solution ? ont-elles été réalisées de manière satisfaisante ? le débat est évidemment ouvert, mais c'est un autre débat. Ayant été réalisées dans un pays à peu près démocratique, on a pu les critiquer, les faire évoluer, repenser les credo d'origine (à Cergy, on tente d'effacer les erreur de l'urbanisme sur dalle du quartier de la préfecture).
En regard, Brasilia est figée, telle un mausolée à la gloire du créateur.
Plastiquement, j'ai eu l'occasion de dire ce que je pense d'une telle architecture. C'est joli, mais un peu gratuit, non ?
Est-ce aussi joli "en vrai", puis-je demander en toute innocence, n'ayant jamais eu l'occasion de voir de telles réalisations de près ?
Les photos de Piga ont pour moi deux intérêts majeurs : elles font plus que montrer, elles exploitent absolument les caractéristiques plastiques des bâtiments, en des jeux photographiques parfaits. Les photos en jeux d'ombres, qui semblent à la fois tellement logiques, mais qui rendent également difficile à appréhender la réalité physique des bâtiments, sont remarquables. Elles démontrent a contrario que leur intérêt est bien plus plastique que fonctionnel, présentant tour à tour les objets perdus sur leurs esplanades arides, et les jeux de géométrie, d'ombre et de lumière, qui trouvent leur force essentiellement dans l'objectif. C'est souvent le cas des architectures les plus "radicales" du XXe siècle : elles sont plus faites pour être photographiées que pour être vécues.
Merci à tous deux pour ce fil enrichissant, et merci à Piga pour sa première contribution à notre site.
______________
1. - Vous pouvez lire à ce sujet Jean-Michel Vincent, l'invention de la maitrise d'œuvre urbaine, aux éditions l'Harmattan.
Je nuancerai le propos du Pote qui rappelle avec justesse que Brasilia est une sorte de Cergy-Pontoise. Ce n'est pas faux, et en effet, j'ai bien dû quelque part écrire cette analogie. Elle n'est cependant que partielle, car, si dans les deux cas il s'agit d'une création ex-nihilo, le deus ex machina déployant sous nos yeux éblouis la ville du futur dans le désert (Brasilia), ou les vergers (Cergy), Cergy-Pontoise se voulait à l'origine écrite en harmonie avec les traces laissées par le parcellaire ancien, et inscrite dans le paysage naturel rayonnant du méandre de l'Oise, à la suite d'une réflexion collective de services publics de l'État et d'un travail de planification que l'on peut qualifier de pionnier1, quoi que l'on pense du résultat ; tandis que Brasilia est une création totalement gratuite, avant tout politique, dans un territoire désert, destinée non pas réellement à accompagner le développement du pays, mais à asseoir une autorité.
Brasilia, c'est bien plus Versailles que Cergy, le trident baroque ayant fait place à l'avion.
Il est vrai que l'on trouvera en commun avec Cergy le découpage en quartiers par destinations, mais l'analogie s'arrête relativement rapidement, Cergy ne servant pas à glorifier le pouvoir en place, mais à accompagner l'urbanisation galopante de la Région Parisienne des années 70.
Les villes nouvelles étaient-elles vraiment la bonne solution ? ont-elles été réalisées de manière satisfaisante ? le débat est évidemment ouvert, mais c'est un autre débat. Ayant été réalisées dans un pays à peu près démocratique, on a pu les critiquer, les faire évoluer, repenser les credo d'origine (à Cergy, on tente d'effacer les erreur de l'urbanisme sur dalle du quartier de la préfecture).
En regard, Brasilia est figée, telle un mausolée à la gloire du créateur.
Plastiquement, j'ai eu l'occasion de dire ce que je pense d'une telle architecture. C'est joli, mais un peu gratuit, non ?
Est-ce aussi joli "en vrai", puis-je demander en toute innocence, n'ayant jamais eu l'occasion de voir de telles réalisations de près ?
Les photos de Piga ont pour moi deux intérêts majeurs : elles font plus que montrer, elles exploitent absolument les caractéristiques plastiques des bâtiments, en des jeux photographiques parfaits. Les photos en jeux d'ombres, qui semblent à la fois tellement logiques, mais qui rendent également difficile à appréhender la réalité physique des bâtiments, sont remarquables. Elles démontrent a contrario que leur intérêt est bien plus plastique que fonctionnel, présentant tour à tour les objets perdus sur leurs esplanades arides, et les jeux de géométrie, d'ombre et de lumière, qui trouvent leur force essentiellement dans l'objectif. C'est souvent le cas des architectures les plus "radicales" du XXe siècle : elles sont plus faites pour être photographiées que pour être vécues.
Merci à tous deux pour ce fil enrichissant, et merci à Piga pour sa première contribution à notre site.
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1. - Vous pouvez lire à ce sujet Jean-Michel Vincent, l'invention de la maitrise d'œuvre urbaine, aux éditions l'Harmattan.