Retour à Grillon.
Georges-Henri Pingusson était un "moderne", qui, à la fin de sa vie, a souhaité tenter une autre approche de son métier : l'insertion discrète, polie, mais moderne, sans pastiche, dans l'urbanisation villageoise traditionnelle.
Il est par ailleurs connu un peu du public pour le
Mémorial des Martyrs de la Déportation sur l'île de la Citée à Paris.
Il a également été un acteur important de la Reconstruction entre 1945 et 1950.
C'est à 80 ans qu'il a réalisé ces bâtiments de Grillon, en reconquête par du logement social d'un centre presque totalement abandonné et en ruine partielle, sinon complète dans certains îlots.
Des études, au chantier, il s'est écoulé quatre ans, de 1974 à 1978 ; il est décédé pendant le chantier, en 1978, à l'âge de 82 ans.
Le projet décline des formes simples, contemporaines, en insertion sans complexe, audacieuse, mais aussi parfaitement modeste (les volumes sont simples, les formes épurées) dans le bâti pré-existant conservé.
Le recours au vocabulaire architectural du XXe siècle (fenêtres horizontales, poteaux de béton, coursives, absence de toits de tuiles) n'empêche pas la recherche de la discrétion des bâtiments nouveaux au sein du tissu traditionnel.
Le matériau utilisé est le béton, mis en œuvre d'une manière tout à fait originale. Alors que ce matériau est souvent, surtout à l'époque, utilisé pour produire des formes dures aux arêtes précises et tranchées révèlant le coffrage, ici, le béton est utilisé un peu dans l'esprit des murs de terre traditionnels, avec de gros granulats irréguliers, une surface brute, et des couleurs de terres naturelles. En effet, le béton a été composé de sables et pierres de la région, puis lavé et brossé au décoffrage, ce qui lui donne une texture très particulière, à la fois nouvelle, mais aussi en harmonie avec les mortiers traditionnels et les terres locales.
Les murs neufs sont souvent élevés en continuité totale avec les vestiges existants avant le chantier.
Cette approche n'a pas été systématique : parfois, en reconstruction d'une "dent creuse", ce sont des techniques plus traditionnelles qui sont employées, pour produire, sans pastiche, des raccords plus francs entre les bâtiments réhabilités, et les parties reconstruites.
Les ruines partielles ont parfois été simplement consolidées, comme éléments du paysage de la rue.
Depuis, la ville de Grillon cherche à continuer cette reconstruction du centre ancien, avec d'autres architectes.
Les résultats sont inégaux… comme un peu partout.
Mais il y a aussi des architectes audacieux, comme ceux qui ont réalisé la bibliothèque municipale.
J'ai oublié leur nom, et ne l'ai pas retrouvé sur internet.
Les ruines ont été conservées, consolidées, et utilisées comme écrin d'une construction très contemporaine de verre et de métal.
Apparte : on constate dans cette photo prise exactement en même temps que celle montrée plus haut, que la lumière, en ce point précis, à cet instant là, n'était pas facile, car cette photo souffre un peu des mêmes défauts que l'autre…
Vue de l'intérieur, espace du hall ouvert, de conception très contemporaine, sur fonds de murs de pierre anciens conservés bruts.
Leica R5, 2,8/24, 2,8/60, 2/90 - Agfa APX-100 in Rodinal