le Pirate Forum
  • Message par nel, dimanche 7 novembre 2010 à 11h33
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Puisque les photos de ZZ ont disparu et afin d'égayer cette page devenue bien triste je poste 2 photos en hommage au travail de ZZ, de l'expo Depardon et de la BNF





J'ajoute quand même mon petit commentaire.
J'ai vu cette expo avec mon collègue du territoire de Belfort, les tirages sont très impressionnants par leur dimension (un peu trop numériques à mon goût) on plonge vraiment dans l'image, il y a aussi une présentation sous forme de prints en caissons lumineux décevante en qualité, la scénographie est très belle, mais ayant eu le catalogue la semaine précédente, je pense pour ma part que c'est le catalogue qui rend le mieux compte de ce travail. Je suis contente d'avoir vu l'expo mais je préfère encore avoir le catalogue, mon collègue était assez de mon avis, d'autant que nous ne sommes pas tombé sous le charme et la surprise des dispositifs utilisés pour produire ce travail (la chambre, les plans films, la tente de chargement, les carnets de route sont montrés), éléments qui semblaient passionner les visiteurs ordinaires.
Par contre le lendemain j'ai vu, au pas de course Kertesz au jeu de paume, là les tirages sont minuscules, l'expo est énorme, magnifique, à voir absolument !
"En effet, il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement...", Thomas d'Aquin
  • Message par HB, dimanche 7 novembre 2010 à 11h44
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Merci Nel,
Elle sont belles parce qu'elles sont en grand format. Je trouve cependant qu'elles sont ordinaires, malgré qu'elles représentent un travail sur le long terme, qu'il nécessite de l'argent, et qu'avec ces ingrédients, en plus de savoir prendre des photos, tout le monde peut y arriver. Voilà le fond de ma pensée.
Bises

HB
Merci Nel,
Elle sont belles parce qu'elles sont en grand format. Je trouve cependant qu'elles sont ordinaires, malgré qu'elles représentent un travail sur le long terme, qu'il nécessite de l'argent, et qu'avec ces ingrédients, en plus de savoir prendre des photos, tout le monde peut y arriver. Voilà le fond de ma pensée.
Bises


Je souscris à ce jugement. Et je connais Raymond, et réciproquement. :wink:
  • Message par HB, dimanche 7 novembre 2010 à 11h58
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C'est pourtant le mien :wink:

  
Bien qu'ayant de l'admiration (et de la jalousie) devant ce travail, je n'ai pas envie de voir l'exposition dont la forme ne me parait pas adaptée à son appréciation qui demande du temps et pas du spectaculaire.
Je ne pense pas que tout le monde puisse le faire ainsi que le dit HB ; si tel était le cas, n'y aurait-il pas des productions équivalentes ici, par exemple ?
Savoir ainsi cadrer le banal et en exprimer l'essence et l'esprit français avec une telle justesse ne s'improvise pas.
Cette réflexion photographique sur les évolutions et permanences du paysage péri-urbain me semble du plus haut intérêt.
Quant aux moyens, comme le temps et le beau matériel grand format, il ne suffit pas d'en disposer, mais encore faut-il savoir quoi en faire.
Non ?
:?: :gaga2:
  • Message par HB, lundi 8 novembre 2010 à 10h14
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J'ai de l'admiration pour le travail de DEPARDON, mais pas celui-là :-x
Ce que je voulais dire, sans lancer de polémique, encore une fois c'est mon avis, bien que beaucoup de région aient été mises de côté (La Corse, entres autres ...), est qu'avec des sponsors, qui le suivent en confiance et c'est normal compte tenu du travail construit au fil des années précédentes, de son talent, donc de sa notoriété, tels que HSBC, les Mutuelles des Architectes Assurances, Magnum et Palmeraie et Arts, le financement des voyages et séjours, le matériel et films, je pense qu'il est plus facile d'y arriver :wink:
Cette raison suffit à dire que beaucoup de photographes (avec de l'argent) peuvent en faire au moins autant et je rajouterais, seulement si je puis dire, que l'œuvre monumentale de Robert FRANK (sans sponsor ou presque) est quand même d'une autre richesse et on peut trouver d'autres exemples.
Bises
(il pleut beaucoup mais je vais affronter la tempête sur Noirmoutier :lol: )
  • Message par nel, lundi 8 novembre 2010 à 14h03
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Je partage complétement l'avis de coignet, c'est un travail exceptionnel, qui nous révèle à nous mêmes nos cadres de vie quotidiens, qui rend visible l'invisible le routinier, qui nous reconnait, nous, gens de province dans une originalité une créativité, qui nous fait exister, enfin, loin de l'empaillage mémoriel et patrimonial.
Mais l'expo de la BNF n'est pas le meilleur moyen d'appréhender les qualités de ce travail, c'est le catalogue qui est l'objet le plus pertinent.
Quant au travail de Depardon, pour moi, il est incontestable, d'une rigueur, d'une acuité et d'une humanité émouvante. Il décrit aussi très bien la genèse et l'histoire du projet en n'oubliant pas qu'il a été précédé dans ce genre de démarche par d'autres, il est d'une grande honnêteté sur ce point.
Mais son regard n'appartient qu'à lui.
Je ne lui reprocherai pas à 60 ans passé de capitaliser sa carrière exceptionnelle et d'avoir moins de difficulté que certains à financer ses projets.
Ces questions là ce sont les gens qui paient que devraient se les poser.
Doit-on faire pleuvoir là où il y a déjà des inondations ?
"En effet, il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement...", Thomas d'Aquin

  
Si je peux me permettre de me glisser dans ce fil...
Je ne suis pas allé voir l'expo en question. Néanmoins la seule photo montrée par nel me dit que je ne serais sans doute pas heureux d'avoir dépensé quelques euros pour m'y rendre.
En effet il me semble, comme certains qui se sont déjà exprimés sur la question, que cette mise en scène, côte à côte, et si proches les uns des autres, de ces grands tirages ne favorise pas l'imprégnation.
Le seul fait de sentir d'autres visiteurs entrer dans mon cadre (mon champ de vision) gacherait je pense mon plaisir.
Ce plaisir que je ressens en tournant les pages des (gros) catalogues qui, même réduits en format, me permettent de profiter complètement d'une image à la fois.
Je deviens alors ce passant invisible que Depardon a soigneusement évité d'inviter. Et ça, ça me plait :D:

HB
J'ai de l'admiration pour le travail de DEPARDON, mais pas celui-là ...
Cette raison suffit à dire que beaucoup de photographes (avec de l'argent) peuvent en faire au moins autant ...


La je ne suis pas du tout d'accord avec toi , bien que techniquement ces images auraient pu être faites facilement , même sans beaucoup d'argent avec un appareil photo , le travail a la chambre 8x10 complique passablement les choses et se rapproche plus du travail du peintre avec son chevalet que de celui du photographe , il faut visualiser l'image avant d'installer le materiel , les contraintes de mise en place (recul par rapport aux routes ...) font qu'il est difficile de trouver un point de vue satisfaisant d'autant que RD utilise une gamme d'optique très réduite qui va du 240mm au 450mm soit en équivalent 24x36 du 35mm au 60mm.
Moi qui m'essaie depuis quelques temps au travail a la chambre en extérieur je trouve l'exercice extremement difficile , bon emplacement , bonne qualité de lumiere , absence d'intempéries vent ou pluie qui empéchent le travail , curiosité des passants qui s'approchent de l'installation et posent des questions ....
Ensuite , c'est la démarche qui me plait , faire justement , par un procédé compliqué des photos que tout le monde aurait pu faire (mais n'a pas fait) sur un sujet relativement délaissé des médias parisiens.

Nel
Mais l'expo de la BNF n'est pas le meilleur moyen d'appréhender les qualités de ce travail, c'est le catalogue qui est l'objet le plus pertinent.

100% d'accord avec toi de ce point de vue.

Tromer
En effet il me semble, comme certains qui se sont déjà exprimés sur la question, que cette mise en scène, côte à côte, et si proches les uns des autres, de ces grands tirages ne favorise pas l'imprégnation.
Le seul fait de sentir d'autres visiteurs entrer dans mon cadre (mon champ de vision) gâcherait je pense mon plaisir.

De ce point de vue j'ai sans douté été favorisé , j'ai vu l'expo le jour de son ouverture , nous étions 3 dans la salle (dont une journaliste de radio qui voulait a tout prix m'interviewer et qui s'est rabattue sur l'autre visiteur après mon refus) j'ai donc pu avoir le recul necessaire et je n'ai pas été géné par les nombreux visiteurs vus sur la photo de Nel.

Au fait , ceux qui ont été voir l'expo Depardon a la BNF ont ils vus l'expo France 14 qui se tient au même endroit ? Je ne l'ai pas vue , elle n'était même pas indiquée lors de ma visite.

  
En toute cordialité, vous me permettrez, les uns et les autres, de ne pas être du tout d'accord avec des propos tenus un peu plus haut.

Ces propos sont éminemment recevables, mais ils sont des propos de photographes.

Hors à l'automne de sa vie, Depardon, de toute évidence, sort de cette catégorie de photographe.

La photographie "des photographes" dérive de plus en plus vers ce que l'on pourrait qualifier de "vide et spectaculaire", là où Depardon propose du "plein et banal".

Oui, avec de l'argent tout photographe peut faire la France de Depardon. Mais il ne la fera pas.

Parce que "le photographe" va chercher du spectacle, du patrimoine, de l'exotisme de lieu ou d'époque (l'engouement pour les photographes du début du 20ème siècle, voir aussi certains liens donnés par Danyves, notamment celui sur Andy Levin, ainsi que notre discussion sur vérité ou mensonge).

Ce qui me fait dire que cette réalisation n'est plus vraiment de la photographie. Par certains aspects elle m'évoque plutôt l'utilisation que certains plasticiens contemporains font de la photographie (ce que j'appelle dans mon post précédent la dialectique entre le fond et la forme, par exemple S. Zijlmans ou Jeff Wall, ou plus simplement Avedon), alors que dans le même temps elle montre tout de même une réalité "de rapport de gendarme" dixit l'auteur, donc photographique. Une forme hybride, en quelque sorte.

Pour résumer, le "spectacle", dans ce travail, est dans la forme. Le fond est complexe et multiforme, il est vrai qu'il est nécessaire de bien connaître le parcours et les réalisations de Depardon pour l'appréhender. Je comprends que cet homme, qui a fuit sa condition en devenant photographe, qui "ne regardait même pas ses images de reportage", est revenu sur sa propre histoire, et c'est précisément par ce retour sur sa propre condition qu'il devient universel en tant qu'artiste, là où il n'explorait que "la surface des choses".

Tout le monde, avec du travail et quelques moyens, peut devenir photographe. Faire acte de création, c'est autre chose… On doit le porter en soi.



PS. En tout cas, catalogue en main, j'ai vérifié à une toute petite échelle, notamment à Commercy (Meuse) : les "gens simples" sont sensibles à ce travail. Souvenez-vous de la réplique "pourquoi il me filme ? - parce que vous êtes là"…
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

Andy Levin soi-même s'interroge sur l'inanité aujourd'hui de ce qui est devenu une parodie du photo-journalisme d'hier :

http://www.100eyes.org/2010/11/whats-wr ... -and-more/

A mes yeux comme à ceux d'Henri le seul photo-journalisme est celui de tenir son propre journal en photographies.

Raymond Depardon reprend ce qui fut commencé avec le Projet Photographique de la Datar, à l'origine du quel je fus. :wink:

  
Danyves, je ne sais pas trop si je vais dans ton sens, mais pour moi Paris-Journal est le meilleur recueil de photographies de Depardon. Ce qui rejoint les propos de Jacques le Pote : tout le monde peut le faire, mais tout le monde ne le fait pas.
(ce qui au passage ferait une définition pas si nulle de la démarche artistique)
Coin.

Oui pour Paris-Journal.
  • Message par insoL, lundi 8 novembre 2010 à 22h55
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Je n'ai pas vu l'exposition et je connais à peine De Pardon. (désolé :rollr: )

Je ne donnerai donc mon avis que sur ce qu'ont dit 'Jaques, pote' et 'Souriceau lurkant'.

L'un, parle du « fond et de la forme », mais d'un point de vue littéraire (intellectuel) et non plasticien.
Dans le domaine plastique, dont relève, quand même, une partie de la photographie, la forme, qui a un contour, se détache du fond, qui n'en a pas.

C'est tout !

L'autre, propose une définition de la démarche artistique qui correspond remarquablement bien à l'art actuel ; par exemple, concevoir une machine qui défèque, tout le monde peut le faire, mais une seul l'a fait. c'est donc de l'Aaaaart. («Cloaca » Wim Delvoye).

Bref, chacun son truc.
:?
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
Ouh là... Un peu caricatural, mais c'est le risque de toute (tentative de) définition ;)

Juste une chose : il ne faut pas confondre l'Art et le Beau... C'est très différent. Une carte postale peut être belle. Est-ce de l'Art ?

Edith : à mon avis bien sûr. Et comme je n'ai d'avis définitif sur rien...
Coin.
  • Message par insoL, lundi 8 novembre 2010 à 23h10
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Je ne confonds pas, encore faudrait-il pouvoir s'accorder sur une définition de l'un et de l'autre.
Mais une chose est sûre, pas d'art sans artiste et encore moins sans marchands … d'art.
Et, je ne sais plus qui a dit « il y a moins de 'chef d'œuvres' que d'artistes » :cool:
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
Souriceau lurkant
Danyves, je ne sais pas trop si je vais dans ton sens, mais pour moi Paris-Journal est le meilleur recueil de photographies de Depardon. Ce qui rejoint les propos de Jacques le Pote : tout le monde peut le faire, mais tout le monde ne le fait pas.
(ce qui au passage ferait une définition pas si nulle de la démarche artistique)


J'ai également été très impressionné par Paris-Journal.
  • Message par Al, dimanche 14 novembre 2010 à 19h54
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Je n'ai pas encore vu l'expo mais feuilleté (trop) rapidement le catalogue de l'expo dans une librairie.
Une chose m'a gêné.
J'ai trouvé les couleurs acidulées alors que le souvenir que j'avais de quelques images précédemment vu dans un hors série RP était fait de couleurs plus douces, comme en général sont ses photos couleurs.
Cela m'a déçu ne m'attendant pas à cela.

Pourquoi ce choix?


Est ce que les photos exposées sont traitées comme le catalogue?

  
Je pense —mais je peux me tromper bien sûr— que la raison est triviale : ces publications catalogues d'expositions, à très fort tirage et à petit prix, ne sont pas imprimées avec une qualité suffisante.
Il est vrai que souvent, dans RP, malgré une ligne éditoriale assez déprimante, l'impression est plutôt bonne.

  
ces publications catalogues d'expositions, à très fort tirage et à petit prix


Fort tirage certainement, petit prix... on parle d'un catalogue d'expo a plus de 50 euros tout de même... (de tête d'après une pub reçue dans ma boite mail). Pour ce prix la on peut avoir une excellente impression.

Crdlt.

  
Al
Je n'ai pas encore vu l'expo mais feuilleté (trop) rapidement le catalogue de l'expo dans une librairie.
Une chose m'a gêné.
J'ai trouvé les couleurs acidulées alors que le souvenir que j'avais de quelques images précédemment vu dans un hors série RP était fait de couleurs plus douces, comme en général sont ses photos couleurs.
Cela m'a déçu ne m'attendant pas à cela.

Pourquoi ce choix?


Est ce que les photos exposées sont traitées comme le catalogue?


J'abonde.
J'ai acheté le catalogue (56 euros à la F**C) et effectivement, les reproductions ne sont pas à la hauteur de celles de l'exposition. Elles sont d'une certaine façon "tendance", car caractéristique d'une "esthétique" qui se développe : contraste excessif, couleurs inégalement rendues... Il s'agit à mon avis d'un choix, car les photos techniquement comparables de Meyerowitz étaient en leur temps reproduites pleines de douceur et de subtilité.
On retrouve ce choix esthétique de plus en plus souvent. Dernier exemple en date, en ce qui me concerne, une photographe corporate qui me dit "j'ai beaucoup progressé en numérique, cours, matériel", et sort d'un D3 des photos du même tonneau (contraste, couleurs).

Cela dit, je pars du principe que Depardon a donné son accord sur le catalogue de son expo.
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

  
insoL
L'autre, propose une définition de la démarche artistique qui correspond remarquablement bien à l'art actuel ; par exemple, concevoir une machine qui défèque, tout le monde peut le faire, mais une seul l'a fait. c'est donc de l'Aaaaart. («Cloaca » Wim Delvoye).


Par une curieuse coïncidence, je trouve l'unique photo que j'ai pu faire à l'expo Depardon, seul... dans les toilettes.

Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr
  • Message par insoL, dimanche 21 novembre 2010 à 16h46
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:mrgreen2:
Rien ne peut être pensé sans son contraire.
Héraclite

  
On le voit à peine, en bas à gauche, mais il m'a fait rire, ce petit cochon avec son lard brut.
Peut-être est-ce un classique, je n'avais pourtant jamais vu ni entendu ce jeu de mot...
:mask:

  
Je n'avais pas vu ces photos du tour de France. Merci donc pour les liens.

Un très bel exemple d'architecture narrative qui, comme dit Coignet, exprime avec une grande justesse l'esprit français.
Ceci dit, ces rues, ou plutôt, ces grands espaces solitaires m'évoquent, dans un certain sens, des images de la série anglaise Chapeau melon et bottes de cuir. Mais tandis que les images anglaises des villes abstraites faisaient penser à un univers magique postmoderne, celles de Depardon évoquent la nostalgie.
touche pas à mon hamac !
http://barnackla404.blogspot.com/
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