le Pirate Forum

  
Chers amis pirates

je profite de ce lieu de partage pour faire passer un appel à l'aide pour les sinistrés du Népal.
MOINA, une association franco-népalaise d'aide aux villages isolés du Népal a été créée il y a plusieurs années par une amie pédiatre de Lyon et son mari, un guide de haute montagne népalais, avec comme but premier d'apporter des soins de première nécessité, faire de la prévention, informer sur la contraception, et prendre en charge la santé des enfants dans ces villages isolés.
Une de leurs plus belles réalisations : la construction d'un dispensaire, inauguré en 2013, inauguration à laquelle ont assisté deux de mes amies avec lesquelles je pars régulièrement en voyage. Un moment magique dans leurs vies, m'ont-elle rapporté.

Après le séisme du 25 avril, le village est totalement dévasté. Seul le dispensaire, semble-t-il, est encore debout.

Voici le mail reçu ce soir :

"Bonjour à tous,
vous nous soutenez depuis des années pour aider la population de Machhakhola. Vous trouverez ci-joint les dernières nouvelles que nous avons eues du village qui est en pleine zone de l'épicentre du séisme.
Tout est dévasté. Le dispensaire semble avoir tenu, en tout cas samedi. Il pourra abriter beaucoup de monde quand les répliques auront cessé.
Nous mettons des nouvelles sur le site de MOINA tous les jours, car les médias ne parlent que de Kathmandu mais pas du district de Gorkha, région la plus touchée.
Nous ne savons pas que faire dans l'urgence.
Quand ce sera possible nous essayerons de faire parvenir par hélicoptère dans les villages des plaques de tôle ondulée pour que les sinistrés puissent s'abriter de la mousson qui va bientôt commencer.
Nous voulons aider surtout les petits villages qui n'ont pas d'aide de l'étranger et qui ont eu beaucoup de morts, pour qu'ils ne soient pas oubliés de tous.
Nous faisons un appel aux dons pour cette action qui pourrait couter 15 ou 20000 euros. Parlez-en autour de vous. Ensuite il y a aura la reconstruction..
Nous n'arrivons pas à répondre de manière personnalisée à tous les messages, nous en sommes désolés mais continuez à nous en envoyer, ça nous donne du courage.
Amicalement
Sophie et Jiwan GURUNG
MOINA
moina.ouvaton.org"


Accompagné de ce texte :

"25 avril 2015
Le Monde « Alerte, séisme au Népal : un tremblement de terre de magnitude 7.9 a frappé le Népal vers midi heure locale. L’épicentre est situé à 80 km au Nord-ouest de Katmandu. On est sans nouvelles des régions montagneuses de ce secteur »

Nous, si. On a eu des nouvelles. Kanchha, le frère cadet de Jiwan a appelé de son portable 30 min après le séisme. Il est à Machhakhola, village le long de la Buddhi Gandaki, en direction du col du Larke Pass sur le tour du Manaslu. Le village est dans la zone de l’épicentre, celle qui est en rouge sur les cartes du séisme.
A 11h 45, lorsque les secousses ont commencé, violentes, interminables, les villageois se sont sauvés à toutes jambes, pour se mettre en terrain découvert. Ici, on sait ce qu’est un tremblement de terre, il y en a régulièrement, mais ils secouent un peu sans faire de dégâts. Mais là, c’est autre chose. Les maisons érigées il y a plus de 50 ans, en pierres taillées, sans mortier, les charpentes noircies de fumée, les toits de tôle ondulée qui ont remplacé peu à peu les bardeaux s’écroulent comme un château de carte. Pourtant elles sont si lourdes ces pierres, ils sont si épais ces murs, on les croyait indestructibles.
Ils sont sortis comme ils comme ils étaient, en tee shirt et en tongs.
Nar Singh, le frère ainé de Jiwan gardait ses chèvres dans la forêt clairsemée. Tout à coup tout s’est mis en mouvement, et juste avant de perdre l’équilibre, il s’est accroché à un gros arbre. Autour de lui, tout est parti, ses 150 chèvres et chevreaux de l’année, toute sa vie. Les pierres passent au-dessus de lui, plus bas un arbre est décapité. Lorsque la première secousse se termine, il pleure. Il met encore une heure à se décider à redescendre prudemment au village.
Là il découvre le désastre. Toutes les maisons sont en ruine, sauf quelques constructions récentes en béton armé. Le dispensaire construit par l’association Moina a tenu bon.
Il retrouve sa femme, son frère et sa belle-sœur, avec tous les survivants du village. On se compte, certains manquent, ils étaient sur les chemins, dans les champs ou dans la forêt, on n’a pas de nouvelles.
Les portables fonctionnent encore, par miracle. On prévient la famille à Katmandu et en France.
La fumée, la poussière sont suffocantes, mais la pluie qui arrive les fait retomber en partie. Ils ont trouvé refuge sur un terrain plat à l’arrière de leur maison écroulée, là où on parque les mulets qui assurent les transports quotidiens entre la ville où se termine la route et ce village accessible seulement à pied. Ça sent la pisse d’âne et la pluie a tout transformé en gadoue.
Kanchha a pris les choses en main, ils cherchent des bâches dans les décombres pour se fabriquer des tentes de fortune. Et puis il faut trouver à manger, il n’y a rien, les sacs de riz sont sous un monceau de pierres qu’on essayera de dégager demain. Mais la nuit tombe vers 18h. On ne mangera rien ce soir, juste quelques biscuits.
Le village est situé au bord de la Buddhi Gandaki une grosse rivière qui devient énorme et destructrice pendant la mousson qui sera là dans quelques jours. Ils la surveillent avec inquiétude. Si les éboulements viennent à la bloquer plus bas dans la gorge, un lac pourrait se former et engloutir le village. Ils organisent un tour de garde pour pouvoir prévenir les autres si quelque chose se passe. De toute façon, vont-ils pouvoir dormir ? Les vieux sont accroupis, hébétés, le chaman prie en silence, les femmes serrent leurs enfants contre elles, les petits pleurent, ils ont faim.
La terre continue à trembler à intervalles réguliers. Lorsque les répliques se calmeront, ils se réfugieront dans le dispensaire, au moins ils auront un toit.
Ils rechargent les portables sur la batterie solaire qu’ils ont pu récupérer. Mais les secours sont injoignables. Ils n’ont pas entendu un seul hélicoptère de la journée.
Le matin, les portables ne passent plus, le relai a dû être endommagé. Ils sont maintenant vraiment coupés du monde, livrés à eux même. Ils ne peuvent aller nulle part, les chemins se sont effondrés.

26 avril
Nous n’avons plus de nouvelles depuis hier soir. Nous essayons de leur faire envoyer des secours, un peu d’aide, des vivres. Mais les hélicoptères sont réquisitionnés en priorité pour évacuer les occidentaux en difficulté dans l’Everest. Et de toute façon, entre les nuages de poussière et le mauvais temps, le survol est impossible.
Et c’est comme ça dans tous les villages du district. Dans beaucoup de villages n’habitent que des femmes, des enfants et des vieillards. Les hommes jeunes sont en trek ou à l’étranger, Qatar ou Malaisie. Qui va les aider à soulever les pierres pour trouver de la nourriture ? Qui va sortir ceux qui sont encore vivants mais coincés dans les décombres.

27 avril
Toujours pas de nouvelles de Macchakhola. Le site des Nations Unies dit que les opérations de secours ont commencé dans le district et que la priorité est d’évacuer les blessés par hélicoptère.
A Kathmandu, Dhan Kumari et la famille dorment pour la 3ème nuit dehors dans le préau d’une école. Ils ne rentrent à la maison que pour manger rapidement. La nourriture et l’eau commencent à manquer."


Merci pour eux

  
Un article détaillé sur MOINA dans Le Monde.
  • Message par Piga, lundi 25 janvier 2016 à 11h58
    citer

  
Bonjour,

À la suite de Marielle, je signale l'ouvrage "Népal, Hommage à un pays meurtri", publié en fin d'année chez Guérin, ouvrage co-écrit par de nombreux acteurs impliqués au Népal (universitaires, chercheurs, responsables d'agence de tourisme, guides, etc.). Les profits de la vente seront intégralement versés à l'association Garuda qui vient sur place en aide aux sinistrés des violents séismes du printemps 2015.
Plog

Il y a -1943 jours payés jusqu'au 31/12/2018
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