Voici un message de
tonton
Les parcellaires de nos régions ont généralement deux grandes origines : celto-ligure, et romaine.
Les premiers sont le résultat de défrichages agro-pastoraux, de parcours, de mise en culture, par des civilisations pastorales, agricoles et villageoises. Leur logique est généralement intimement topographique, suivant les lignes de plus grande pente et les courbes de niveaux. Les seconds sont des divisions de colons, mises en place par des géomètres, sur une base de grand carroyage de 710 m de côté, les centuries, d'une surface de 50 ha. Ces divisions sont créées en plaine, et évitent les reliefs. Dans la vallée du Rhône, c'est assez amusant d'en examiner la logique. Je posterai des schémas que j'avais tracés il y a quelques années, et qui sont sur mon ordinateur du bureau.
Les tracés parcellaires d'aujourd'hui gardent encore la trace forte de leurs origines. Les tracés romains ont généralement évolué, ont été morcelés, mais leur origine orthonormée est encore clairement lisible.
Souvent, entre la période antique et le haut Moyen-Âge, il y a eu un important abandon de terres autrefois cultivées, mais les tracés sont restés en place, par des chemins, des murets, et des propriétés.
C'est la permanence de la propriété foncière qui explique la permanence des tracés. Les terres se vendent, s'échangent, sont remembrées ou divisées, mais la base des tracés demeure. Sur certains territoires, on en a fait un historique précis, en déchiffrant les
terriers, ou les
polyptyques, registres descriptifs des propriétés, et permettant d'établir le
sens s'y rapportant. On les appelle aussi les
cadastres écrits. Les terrains et leur localisation sont décrits :
à côté de tel mur, derrière telle maison, au pied de la colline, près du pont, suivant la rivière, etc. Ce n'est qu'à partir du XVIII
e siècle que se développent des cadastres dessinés, résultat d'un relevé, d'un arpentage.
Le cadastre est généralisé par décision de la Convention, actée par une loi de 1807, ce qui explique que l'on parle le plus souvent, de manière abusive, de
cadastre Napoléon.
Pourquoi cette digression ? Pour expliquer que pour des raisons de propriété du sol, les tracés demeurent à travers les millénaires.
Les murs sont issus de l'épierrement des parcelles cultivées. Ils délimitent les parcelles, et longent les chemins.
Ils sont en effet souvent assez récents, datant du XIX
e siècle, car c'est une période de très grande expansion rurale. Une très grande partie de nos villages, hors les centre bourgs seigneuriaux antérieurs hérités du Moyen Âge, date aussi du XIX
e siècle.
Les seules manières de dater la présence de ces murs, est de faire une recherche historique permettant d'établir de quand date la mise en culture massive d'une zone, ou d'estimer leur âge en fonction de leur état, cette deuxième méthode étant très empirique, car ils peuvent avoir été contruits en plusieurs fois, ou reconstruits.
En effet, les techniques de construction de ces murs évoluent fort peu à travers les siècles, et un mur rural de pierre sèches du XV
e siècle ressemble énormément à un mur de la fin du XIX
e siècle.
On peut mieux dater les murs de corps de ferme, en raison de l'utilisation de liants. Suivant leur nature, et l'usage d'une taille de pierre plus ou moins professionnelle, on saura mieux dater. On sait aussi dater un mur par l'examen de ses détails annexes : les chaînes, les baies, les motifs architecturaux. Sur un mur en plein champ, on manque de repères !
Nel : la première photo est absolument superbe !
Moi qui ai photographié des km de murs, je l'apprécie énormément.