coignet a écrit :
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Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'être croyant pour comprendre, percevoir, ressentir ce que ces hommes ont laissé dans la matière, ce qui les portait pour ainsi arracher au sol ces volumes, que ces œuvres soient chrétiennes ou guatémaltèques, japonaises ou européennes.
Ceci est particulièrement sensible dans l'architecture romane de l'an 900 au XIII
e siècle, qu'elle soit religieuse ou non : on y lit que l'homme fait corps et cœur avec son environnement et ses ressources, et cela me semble particulièrement touchant.
Cela n'empêche aucunement d'aimer et apprécier l'ère des architectes et artistes qui suivra (renaissance, classicisme), ou celle des ingénieurs (l'appareil photo, la voiture, le Bauhaus), ou même l'ère actuelle.
Je rebondis, pour avoir vu beaucoup de ces lieux de culte(s). J'ai le sentiment, sans pouvoir l'exprimer, qu'il y a une architecture du "creux", du volume et des proportions, qui atteint son maximum d'intensité dans certains cloîtres - je ne sais pas ce qui provoque alors une sensation d'intensité que l'on éprouve en peu d'endroits ; et puis une architecture du plein, de la décoration, peintures, vitraux, mobilier, chaires et ambons, ... qui peut être exceptionnelle mais relève pour ce qui me concerne de l'émotion artistique.
Parfois les deux se rejoignent, pour prendre un exemple récemment vu : la chapelle des Scrovegni peinte par Giotto, à Padoue (ou plus lointain dans ma mémoire le baptistère du Duomo de Parme). Mais il n'empêche que ce mystère (pour moi) de la force d'évocation de simples volumes mariés à la lumière reste... mystérieux ! L'art au delà de l'art, peut être ?