Ce type de photos est à l'opposé de ce que j'imagine être la photo, ou de ce qu'elle est pour moi, que ce soit celles-ci, ou
celles de Jacques, pote, présentées dans ses galeries
Bribes et autres
Vieilles bribes.
Et pourtant, je ne me lasse pas de les regarder, car elles me racontent des histoires, et souvent, m'épatent par leurs cadrages et leur densité.
Ces cadrages sont obtenus de manière plutôt aléatoire, avec un instrument sans viseur accouplé à un logiciel vicieux qui recadre, et les couleurs sont tout sauf équilibrées.
Seraient-elles les mêmes si elles étaient soignées, si leur traitement était rationnel ? Raconteraient-elles la même chose ?
La mauvaise qualité ainsi revendiquée leur donne-t-elle un supplément, ou n'a-t-elle aucune importance ?
Si elle n'a pas d'importance, pourquoi ce choix ?
Maintenant un peu habitué aux sites de photographie, où l'on ne voit pas la même chose que ce qui est publié sur papier par les éditeurs, je peux dire avoir vu beaucoup de séries faites un peu au hasard, parfois avec d'excellents appareils photographiques. La plupart du temps, ces séries ne me convainquent pas du tout, contrairement à celles de Jacques (notre pote) et de Marielle (la Diva), et je me demande si ce n'est pas justement à cause du matériel, qui ne serait pas en adéquation avec l'objet : en affirmant le côté techniquement bricolé de ces photos, on amènerait le spectateur à en accepter les imperfections (tangage des horizons, distorsions de systèmes optiques simplifiés), pour mieux en regarder la substance, ce qui est montré.
En bref, si l'un ou l'autre se livrait au même exercice de notations rapides avec un bon appareil photo, et que les clichés étaient ensuite traités de manière exigente et professionnelle, probablement bon nombre de ces images serait écarté, car ne pouvant répondre aux critères plus ou moins objectifs d'une bonne photo : l'éclairage serait à revoir, l'angle de prise de vue aurait mérité d'être un peu différent, le contre-jour génèrerait une impossibilité d'avoir de belles matières, etc.
Avec du matériel conventionnel, peut-être seul le noir et blanc permet-il cette sorte de nonchalance ?
Peut-être aussi se peut-il que la bonne qualité photographique conventionnelle soit plus adaptée au documentaire, et qu'elle soit lassante en tant que telle, par son objectivité (trompeuse).
Ainsi, une distance est créée ; elle l'est par le hasard et la moulinette d'une technologie automatique, comme elle aurait pu l'être par un long travail rationnel, qu'il soit de même type que celui de BascoulDido (que pas mal connaissent ici), ou plutôt comme celui de Sieff.