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    Gabriel 1ère partie.

Je me régale ici!
Ces derniers jours il y a eu sur "Picdel" pas mal de choses qui m'ont fait réfléchir, retourné, interrogé.

ça a nourri quelques insomnies, préoccupé que je suis pour l'instant par des horizons imprécis.
J'ai eu, plutôt que d'entrer dans le "l'art" polémique, l'idée de tenter de rédiger une histoire.
Il n'y a pour l'instant qu'un début, même si je crois avoir un fil et une fin. C'est presque une fiction. Un travail de débutant, ça c'est sûr. Ne m'en veuillez pas si ça ne sort pas à jets continus. Je pense que je n'en suis pas capable. Mais je vous promet de travailler pour donner la fin, disons, avant un mois!



Gabriel aurait dû être un ange, mais la guerre en a décidé autrement.

Baptisé en 1935, il poussait paisiblement à l’ombre de la Collégiale et dans les jupes de sa mère, entouré de quantité de tantes, d’oncles et de cousins.

Toute la famille s’était installée au début du siècle, dans cette petite ville du Brabant-Wallon et c’est dans un périmètre de trois kilomètres que les quatorze enfants que nous avaient faits les grand-parents s'étaient concentrés. Une couvée, ça ne s’éparpille pas !

Quand la maison familiale a été réquisitionnée en 1942, ses parents ont décidé d’envoyer Gabriel à la campagne, pour qu’il ne manque de rien.

Avec des allemands à la maison, la complicité de l’enfant avec l’oncle Charles risquait de créer un incident majeur si quelque chose fusait de ses activités de résistant .
A la ferme, Gabriel mangera à sa faim. Sa maman avait toujours eu une santé fragile. Son fils, il sera fort !

De regarder le cheval de trait tracer tout droit son sillon sous les ordres du vieux Charles, de pouvoir siéger tout en haut de la charrée les retours de moisson, d’entendre le rythme rigoureux des fléaux qui martèlent le blé, de goûter la saveur tiède et sucrée du lait par petites giclées, et de temps en temps une gorgée de bière, tout cela fait de Gabriel le plus heureux des enfants.

Le passage à l’âge de raison et bientôt sa « petite communion » sont des choses qui le préoccupent peu.
Tout ce qu’il voit, qu'il touche, qu'il goûte, sent, ou entend, c'est maintenant son unique univers.

Même si parfois il s’endort le cœur serré en pensant à ses parents, sa prière du soir est une longue liste de remerciements : aux fleurs, à leurs couleurs, à leur parfum, aux plantes, aux bêtes et aux gens. Ni Jésus ni Dieu n’y trouvent leur place, ou alors une toute petite au détour d'une formule apprise.

Gabriel sait que sa mère prie pour que cesse cette guerre mais pour lui, sa vie est ici et maintenant. Qu’il doive rentrer en ville, ce serait une catastrophe.

Ce temps est son temps.
Chaque seconde qui s’écoule ajoute une merveille à une autre merveille.

Alors, à quoi bon aller s’enfermer au catéchisme quand il y a tant de choses vous entourent et vous emplissent ?
Pourquoi veut-on faire croire à un « au-delà » alors qu’ici c’est le paradis ?

Gabriel pense aux peurs de sa mère, qui a fait bénir des cierges qui brûleront les soirs d’orage.
Ces soirs-là, il regarde les ombres danser dans sa chambre et se régale du bruit du tonnerre dont il sait qu’il est moins dangereux que les canons.

Tout ce que Gabriel vit à la ferme, c’est son rêve.
Cette guerre c’est sa providence.

C’est décidé : il sera fermier.

A suivre…

C'est très beau.
Vivement la suite.
  • Message par HB, jeudi 1 juillet 2010 à 8h00
    citer

  
Fermier, belle histoire Phil, on attend la suite :wink:

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