paga depuis son bled nous fait part de sa réflexion autorisée et m'interroge:
J'aimais bien la version bleue, qu'en pense Tromer?
J'ai du mal à choisir. En revanche l'épluchure de crayon a réveillé de doux souvenirs, mêlant odeur du bois et geste délicat. Je revois ma mère; dans la cuisine, prenant un par un les "Caran d'Ache" pour leur redonner une mine suffisamment pointue pour nous permettre, à ma sœur et moi, de colorier sans déborder les pages des albums reçus à Noël en même temps que cette magnifique boite où les couleurs étaient rangées dans un superbe dégradé allant du plus sombre au plus clair. Elle seule avait le droit d'utiliser le bel objet métallique qui laissait tomber sur la table les petites épluchures que nous regardions se mélanger les unes aux autres. J'aimais par un souffle léger les faire se déplacer en évitant soigneusement qu'elles ne tombent par terre. Parfois notre mère pestait car une mine se cassait au fond du taille crayon ; c'était pour elle la preuve que le crayon était tombé, et son regard se faisait sombre. Ni ma sœur ni moi ne pouvions avouer un tel sacrilège ... Le rituel se reproduisait souvent et je m'amusais à voir les crayons diminuer de taille ne restant entiers que sur le couvercle de la boite où ils s'affichaient fièrement. Un jour, alors que nous avions grandi, nous eûmes, pour aller à l'école, le droit d'avoir un taille crayon avec un réservoir ; sorte de pot au couvercle vissant avec deux orifices, un pour les petits crayons, l'autre pour les plus gros ... j'entends encore le bruit si caractéristique du bois découpé par les lames et je sens toujours cette odeur qui s'échappait lorsqu’on dévissait le couvercle pour aller le vider dans la corbeille, près du bureau de la maîtresse ... je me souviens aussi de ma mine déconfite lorsque, mal revissé, le taille crayon s'était renversé dans le cartable ... Je ne sais plus très bien combien longtemps cela a pu durer ?
J'ai bien aimé ta photo Proteus
Edith: au moment où je poste je découvre l'étagère d'Albator qui m'évoque d'autres souvenirs ... mais ça c'est une autre histoire !