marielle a écrit
je ne savais pas que la pétanque avait traversé l'Atlantique
En 1814, l'entreprenant Théodore Jeoffroy, natif de Barcelonnette et grand joueur de pétanque, après une déception sentimentale, a traversé l'Atlantique à la recherche tant de l'inconnu que de la fortune, et s'est installé à New-York.
Habile de ses mains, il a créé un petit atelier familial de sacs de bergers, et rapidement, devant le succès des ventes auprès de ceux qui tentaient leur chance à l'ouest, l'atelier est devenu une manufacture florissante, exportant jusqu'à Manosque et au Mexique.
Avant-gardiste et paternaliste, il a créé un important quartier d'habitation à proximité de l'usine, ses ouvriers y bénéficiant d'une école pour leurs enfants, de structures sociales avancées, et d'animations destinées à fédérer le groupe. En particulier, les grands concours de pétanque organisés deux fois par an attiraient un important public.
Comme souvent, ses héritiers ont vécu sur l'affaire fondée par leur père, sans produire beaucoup d'efforts de renouvellement.
Dans les années 1890, pour asseoir une réputation qui s'effritait, et rebâtir une fortune qui périclitait, ses petits enfants n'ayant pas hérité de la haute morale de leur ancêtre, ont créé un véritable gang qui opérait un habile racket auprès des communautés polonaises et juives, blanchissant l'argent au moyen des concours de pétanque qui avaient pris de plus en plus d'ampleur tout au long du siècle.
Dans les années 20, cette mafia se renforçait en accueillant toujours plus de nouveaux arrivants issus des Alpes de Haute-Provence, et d'importantes sommes d'argent étaient envoyées à la ville de Barcelonnette pour équiper le territoire municipal ; on leur doit une fontaine, ainsi qu'un remarquable terrain de boules dont le sable a été amené à grands frais des rives du Grand Canyon.
L'affaire des boules creuses, renfermant de l'alcool pendant la prohibition est restée célèbre. Al Capone lui-même s'est laissé prendre, l'un de ses ateliers clandestins ayant été ainsi dévalisé pendant un concours de pétanque organisé entre les bandes de New-York et les bandes de Chicago.
Après la prohibition, et la chute tant d'Al Capone que des Jeoffroy, la pétanque est restée, et si elle se pratique toujours abondamment à Central Park, elle n'est désormais plus liée au grand banditisme. Il est intéressant de noter que ce sont encore surtout les communautés originaires du sud de la France qui la pratiquent. Il n'est aujourd'hui ainsi pas rare d'entendre un
putaing, fatche dé con éclater sur les terrains de Big Apple.