le Pirate Forum
    déclenchite aigue en numérique vs temps pris en argentique

Je lis souvent, et les pirates n'échappent pas à la regle, que le numérique provoque une débauche de déclenchements, remplissant les cartes mémoires par rafales provoquées par l'observation sur l'écran de controle de l'image qu'on vient de prendre...

Comment faisiez-vous avant l'arrivée de cet écran béquille?
On imaginait la photo telle qu'elle allait sortir de la cuve après son passage dans le noir et la chimie.
On revait sur l'existence d'une photo parfaite dans la série réalisée.

On était déçu parfois de ce qui sortait du dével', du coup, on réfléchissait, on se demandait pourquoi, on essayait autre chose dès qu'on en avait l'occasion. Et on recommencait, le lendemain, le surlendemain, le mois d'après si l'occasion ne s'était pas présentée avant, on avait le temps de murir notre réflexion sur LA photo qu'on voulait faire!

Or donc, les "argentistes" se remémorent souvent cette époque où l'écran de controle ne perturbait pas notre démarche lente de maturation.
Il suffit simplement, pourtant, d'éteindre cet écran de contrôle qui consomme tant d'énergie et provoque tant de gestes inutiles.
Il suffit d'attendre, pour faire son tri, de charger les photos de la journée sur son ordi, de ne rien toucher sur le moment, et se laisser quelques jours pour revenir dessus!

Vous allez voir, vous reviendrez de vos balades avec 30 clichés enregistrés au lieu de 300, et 3 bonnes photos sur ces 30 au lieu du même nombre sur 300 pdv... (10% au lieu de 1% de réussite, c'est très valorisant).

Vous faites quoi vous, pour diminuer cette inflation du nombre de clichés?

  
Je fais comme justement à l'instant : je pars me promener avec un boîtier argentique et un nombre limité de films que je développerai en rentrant.
En cette période nouvelle encore pour moi (un boîtier numérique depuis décembre), je cantonne le numérique aux photos de travail.
Il y a un paradoxe étrange : je suis épaté par la qualité de l'image numérique, et n'arrive pas à l'adopter pour la photo plaisir. Je suis satisfait du rendu pour le travail : c'est souvent meilleur que ce que j'obtenais sur film et plus facile à traiter, et insatisfait du rendu pour le plaisir : c'est moins bon que ce que j'obtiens sur film et plus difficile à traiter. :shock2:
Je vous assure que c'est vrai.

À ce soir !
:pyrhlov:

Je ne regarde pas l'écran du M8. Utilisé comme un argentique.
    Re: déclenchite aigue en numérique vs temps pris en argentiq

  
Naufrageur
Vous faites quoi vous, pour diminuer cette inflation du nombre de clichés?

J'ai revendu mon M8, et je pars en balade photographique-plaisir avec un boîtier argentique.
    Re: déclenchite aigue en numérique vs temps pris en argentiq
  • Message par HB, dimanche 10 mai 2009 à 11h44
    citer

  
marielle
Naufrageur
Vous faites quoi vous, pour diminuer cette inflation du nombre de clichés?

J'ai revendu mon M8, et je pars en balade photographique-plaisir avec un boîtier argentique.


J'ai revendu mon M8, je me suis mis au 6X6, c'est lourd, mais quel plaisir, et 12 photos à développer en rentrant :bla: Je n'oublie pas mon M7 et son 50 cron rigide, bien sur. Mais j'ai toujours eu un comportement " argentique " même avec du numérique, jamais sur-déclenché :wink:

j'avoue ne pas etre convaincu que se rabattre vers l'argentique pour éviter la déclenchite aigue soit le meilleur moyen qui soit, mais, soit, c'est une solution, meme si je la qualifierai "de facilité"
    Re: déclenchite aigue en numérique vs temps pris en argentiq

marielle
J'ai revendu mon M8, et je pars en balade photographique-plaisir avec un boîtier argentique.


excellente initiative chère amie :mrgreen:
aide toi ! et ... (si tu comptes sur moi t'es pas dans la m...)

  
La "facilité" vient d'un constat : comme on fait de la photo pour le plaisir, lorsqu'on s'aperçoit qu'un matériel, aussi beau qu'il soit sur le papier, reste au placard au lieu de sortir en promenade… on en tire les conséquences, sans même se demander si c'est ou non la meilleure solution !

le probleme n'est donc pas, cher Coignet, un probleme de numérique, mais d'aisance avec un boitier particulier!

Il faut avouer que les repères acquis sur les boitiers argentiques sont parfois profondément remis en cause par la prise en main d'un boitier numérique, meme en restant dans la même marque fabricant.
Pour quelles raisons, j'avoue rester sec sur ce point précis, la finalité du boitier restant la même quelle que soit la nature de l'imageur!

  
Si, si, il s'agit bien de numérique :cool:
En ce moment, à titre purement personnel, n'ayant que quelques mois d'expérience de la photographie numérique, je préfère utiliser du film pour la "photo promenade", et la photo "plaisir".
Il n'y a rien de bien particulier à en tirer du point de vue général, c'est un constat que je fais, sans savoir très bien l'expliquer.
Je n'envisage plus de préparer une série de travail autrement qu'avec le numérique, sauf si je n'ai pas ce boîtier sous la main :cool:

piratilux.net
Sur mes sujets de prédilections (photos de nature), après une période de transition argentique-numérique, je n'ai pas l'impression de déclencher plus en numérique. Je regarde l'écran mais souvent après une série de vues pour voir si je vais remmener quelque chose (et quand le sujet est parti...).

  
Venant d'acquérir récemment un appareil numérique, un canon 50D, je constate qu'inconsciemment j'augmente le nombre de déclenchements au fil des jours. Avec ce "réflexe" de regardant la photo prise sur l'écran et de la supprimer éventuellement.
Photographier sans utiliser l'écran me paraît un bon remède à cette "déclenchite aigue". Personnellement, je trouve qu'à trop déclencher j'arrive à une sensation de saturation. Et reste le tri à faire sur l'ordinateur.

Je m'éloigne du sujet, mais je constate que j'utilise mon zoom 17-40 comme si j'avais deux focales fixes: le 22 équivalent au 35 et le 35 équivalant, à peu près, à un 50 mm compte tenu du coefficient multiplicateur de 1,6.

En ce moment, j'ai tendance à laisser mon M6 au placard :rollr: : l'attrait de la nouveauté et l'envie de maîtriser "l'engin" maintenant que je l'ai acheté. Je l'ai déjà écrit sur un autre fil, j'ai été agréablement surpris par la qualité des photographies obtenues.

Je ne regrette pas cet achat et je suis persuadé que je vais bientôt reprendre du plaisir à emmener en ballade mon M6

  
Moi j'aime les ballades légères. J'ai laissé au vestiaire et depuis longtemps le Canon A1 (environ 25 kg avec ses objectifs :mrgreen: ) Longtemps j'ai rêvé de M argentique, puis le numérique arrivant j'ai opté pour un nonérheux M16 qui sent bon dedans la pub du train de la dame qu'est jolie.
Il m'arrive de faire des promenades sans faire une seule photo ; mais c'est pas grave :-x Parfois j'en rapporte plein et je les jette :exas: J'en suis au point de me demander si je ne vais pas à présent acheter un chien pour m'accompagner dans mes sorties. Et là j'hésite à nouveau : Jack Russel ou Bouvier Bernois :rollr:
:cool: J'accepte toujours les excellents conseils des Pirates...

un malinois en plus ça permet d'aller dans les quartiers un peu chaud avec ton garde du corps
aide toi ! et ... (si tu comptes sur moi t'es pas dans la m...)

Je ne déclenche pas plus en numerique qu'en argentique ; j'essaie de penser la photo avant, peu souvent d'ailleurs je recadre ; l'habitude de l'argentique sans doute.

  
Je crois qu'il est bien difficile, sinon impossible, d'avoir une opinion tranchée à ce sujet.
Quel que soit l'outil et le support, la recherche du photographe est complexe, qui cherche à saisir l'instant ou l'éternité, à fixer des informations ou des impressions, à faire entrer dans le cadre couleurs, densités, lumières, ou accidents de la vie.

Hier, grosse série de photos de travail avec un appareil numérique (et des optiques manuelles, jamais d'AF).
En rentrant, longue pause photographique avec le même appareil, et beaucoup de plaisir.
J'utilise le numérique ou l'argentique au gré de mes envies ou besoins.
Je déclenche parfois beaucoup, parfois peu, parfois "efficace", parfois parfaitement improductif, parfois très con, quel que soit le support.
Si j'y vais un peu fort en argentique et que j'ai pris peu de films, je cherche frénétiquement s'il y a un :lol: photographe revendeur de films dans le coin.

Si j'y vais un peu fort en argentique et que j'ai pris peu de films, je cherche frénétiquement s'il y a un photographe revendeur de films dans le coin.

Cela s'appelle l'effet de manque lorsque je promene un argentique chargé j'aime a sentir dans ma poche la pelloche de rechange c'est rassurant au cas ou l'on manquerait la photo du siècle , celle que l'on a déjà manquée 100 fois parce que l'on avait pas l'appareil.
Tandis qu'avec le M numérique plus de souci quoique vais-je avoir assez de batterie ? J'aurai aussi du prendre un argentique et un reflex. Il me semble que le pied ce coup-ci était indispensable oui mais il y a du vent j'aurais du prendre l'autre (le gitzo de studio) .... et couetteréra; :shock2:
Et la cellule ?.... non pas sur la tête je :arrow2:

  
J'ai photographié au reflex argentique pendant pas mal d'années. Essentiellement Canon (A1 puis EOS1).
Avec le temps j'ai fini par avoir quelques optiques, toutes fixes, du 20 au 200

En 2003 j'ai acheté un M6ttl, avec un 35, puis un 50, puis un biogon 21.

C'est avec cet appareil, de 2003 à 2007, que j'ai fait mes meilleures photos.

En 2008, j'ai fini par acheter un numérique. Navré par le M8, je ne me suis même pas posé la question et j'ai acheté un EOS40D, donc un Canon 1,6. A l'époque le 5D accusait un gros retard techno, comblé depuis par le mkII.

La différence a sauté aux yeux de toute la famille : trop de photos, moins bonnes.

Trop de photos car en vacances, je ne suis plus limité par le stock (et le prix) de films, ni par leurs caractéristiques : je n'ai toujours eu par principe qu'un seul boîtier sur moi, quand il était argentique et chargé en dia 100 je ne photographiais pas en basse lumière. Le numérique libère de cette double contrainte économique et technique. Mais pour autant je ne mitraille pas comme un âne, je fais simplement plus de photos, et notamment plus de photos strictement "souvenir", sans valeur esthétique, du fait du coût nul.

Moins bonnes car diluée dans une grosse masse de tout venant, et surtout des cadres moins créatifs : je pense que c'est dû à la visée reflex, elle ferme trop les possibilités et donc la créativité. Sans compter la piètre qualité des optiques Canon aux focales courtes, focales indispensables en raison du facteur de conversion.

Résultat : la crise. Depuis quelques mois, tout le matériel reste au garage et la petite flamme s'est éteinte. Quasiment plus de photo.

Donc l'effet inverse : avec le numérique, moins de photos au bout du compte...!
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

Ordonnance de crise : M8 + 24mm (occasion) :wink:

  
Jacques, pote
En 2008, j'ai fini par acheter un numérique. Navré par le M8, je ne me suis même pas posé la question et j'ai acheté un EOS40D, donc un Canon 1,6.


J'ai pour habitude de décider sur des bases rationnelles : dans cette perspective j'ai déjà eu l'occasion d'expliquer tout le bien que je pense du M8... :wink:
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

Flickr

Des avis très interessants sont survenus depuis mon dernier passage!
Celui de Jacques, par exemple, est assez révélateur de l'effet lixiviant du numérique sur le volume de photos!
Pour compenser, et prendre les photos dites "courantes", j'ai cedé aux sirènes du compact numérique, en acquerant un petit C-Lux2 de la marque au point rouge, oui, oui, un Leica, mon petit coté frime ;)

Par contre, je ne saisis pas un point, peut-etre parce que je n'utilise aucun télémétrique (meme si j'ai un GIII QL 17 sur mon étagère),
Jacques, pote
je pense que c'est dû à la visée reflex, elle ferme trop les possibilités et donc la créativité.


Mais j'avoue ne pas saisir :?:

  
Naufrageur
Des avis très interessants sont survenus depuis mon dernier passage!
Celui de Jacques, par exemple, est assez révélateur de l'effet lixiviant du numérique sur le volume de photos!
Pour compenser, et prendre les photos dites "courantes", j'ai cedé aux sirènes du compact numérique, en acquerant un petit C-Lux2 de la marque au point rouge, oui, oui, un Leica, mon petit coté frime ;)

Par contre, je ne saisis pas un point, peut-etre parce que je n'utilise aucun télémétrique (meme si j'ai un GIII QL 17 sur mon étagère),
Jacques, pote
je pense que c'est dû à la visée reflex, elle ferme trop les possibilités et donc la créativité.


Mais j'avoue ne pas saisir :?:


C'est un syndrome personnel : je fais de meilleures photos, je veux dire plus créative, avec une visée claire, télémétrique ou non. L'image enfermée du reflex, passée au crible de la focale montée sur le boîtier, me pousse vers des cadres banals.
Je ne suis pas un cas isolé, je me souviens de discussions acharnées sur cela sur summilux.

En revanche, je fais de bien meilleures photos de personnes, portraits et autres. Comme dirait l'autre, "va savoir"...

J'en profite pour une digression sur le M8. Comme ça "ça s'ra dit" comme disait Bobby...

De ce que j'analyse avec un peu de recul, le M8 est né en partie de la conjonction d'un fantasme et d'un malentendu :
- Le fantasme qu'on pouvait imaginer un "M numérique" semblable en tout point à un M classique.
- Le malentendu sur les propriétés physiques d'un capteur à semi-conducteur supposé pouvoir venir en lieu et place d'une surface sensible, alors que la lumière joue sur un capteur à des jeux dont sont exemptes les surfaces sensibles.

Les décisions qui ont découlé de cette stratégie visant probablement à garder captive une clientèle à court terme ont produit ce que j'estime être une chimère, même s'il est exact que l'on peut obtenir de très bonnes images avec un M8.

Exemples :
- le facteur 1,3 choisi, bancal, était je suppose destiné à ne pas trop éloigner l'utilisateur du référentiel 24x36 ; le résultat est l'usine à gaz des codages/corrections de vignettage qui n'empêchent pas l'ami Danyves de nous faire profiter de ses marges cyan. Un facteur 1,6 aurait simplifié et allégé économiquement le produit, en privilégiant un décalage standard et acceptable (21 pour 35, 35 pour 50, 50 pour 75).
- L'acharnement à préserver la MAP télémétrique couplée, là encore facteur de coût : embarquer une mécanique de précision dans un boîtier numérique destiné en aucun cas à durer est inutile. Une assistance à la MAP par capteur de contraste aurait fait l'affaire.
- L'ascétisme des réglages fondé sur le mimétisme avec l'argentique ne permettant pas, non seulement de tirer profit, mais en plus d'éviter les décalages d'exposition funestes (un pourcentage infime des images M8 vues ici et là est correctement "exposée à droite") - je crois que ce défaut est en partie corrigé sur le .2.

Enfin bref, leica avait l'opportunité de sortir un boîtier innovant, robuste, tropicalisé, un lumix pro en quelque sorte, quitte à laisser tomber les vieilles lunes comme la baïonnette M et à développer progressivement une série d'optiques dédiée (la diffusion petite échelle sur le capteur mange le piqué de toute façon), enfin bref un vrai appareil numérique. En lieu et place, un clone de M, dos numérique bricolé au prix exorbitant, obligeant à revoir son parc optique... Mais dans lequel, par un effet Jungien, de nombreux utilisateurs de M argentiques aux motivations diverses se sont reconnus...:wink:
Quelqu'un qui fait des images ne peut pas être rassurant
Raymond Depardon, Errance

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toute interessante qu'elle puisse être pour un non-leica'iste, cette digression est hors-sujet, et n'explique en tout cas, rien sur cette question de déclenchite (à moins que les possesseurs de M8 ne rafalent 10x plus que les possesseurs de M7 et inférieurs!)

  
Cette digression, toute hors-sujet qu'elle soit, est une réponse à une question posée par toi plus haut dans ce sujet… et faite par Jacques, Pote, qui a par ailleurs déjà répondu plus haut à ta première question…
:cool:

Et les conversations qui comportent des hors-sujets (son goût ou non pour le M8, pourquoi pas ?), me semblent souvent plus amusantes que les autres. J'ai l'occasion, dans ma vie professionnelle, de faire du sujet strict, ici, je trouve qu'on peut avoir un peu de souplesse, non ?

Concernant la question d'origine, on peut penser que chacun qui le voulait a exprimé ce qu'il souhaitait à ce sujet, qui, il faut l'avouer, une fois que chacun aura dit qu'il déclenche plus ou moins, n'a pas vocation à générer le débat du siècle.
:pyrh:

Le numérique est un outil, la photo se dématérialise, comme le texte (traitements de texte), le dessin (DAO et outils de type illustrator™), les bases de données qui remplacent les fichiers papier des bibliothèques, etc.

Je ne crois pas que le numérique soit générateur de moins bonne photo. Personne d'ailleurs ne le pense sincèrement. Mais le rendu est notoirement différent, et dans bien des cas, à matériel de qualité semblable, le résultat purement technique supérieur.
Dans son expérience, Jacques, Pote, semble surtout constater qu'il ne photographie pas de la même manière avec un télémétrique qu'avec un reflex, et se déclare insatisfait par le télémétrique numérique existant.
Je dois dire que j'en suis aussi insatisfait : pour des raisons objectives que j'ai annoncées clairement sur un autre site à sa sortie : je trouvais que faire une parodie d'appareil classique pour un numérique était passablement ridicule, pour produire un engin à l'ergonomie carrément risible. Je n'ai pas vraiment changé d'avis.
Jacques, Pote, attaquait quant à lui le côté à son avis techniquement dépassé de ce boîtier. Je ne l'ai pas bien compris au départ, et était en désaccord. Utilisateur d'un autre boîtier depuis, que j'utilise en mode manuel avec des optiques classiques non AF, et ayant eu en main largement le M8, je dois dire que je suis finalement assez d'accord avec lui, cela n'ayant rien à voir avec le côté plus ou moins "usine à gaz" de l'autre boîtier, dont je n'utilise que les fonctions "classiques".
Je ne sais pas très bien à quoi cela tient, mais en tout état de cause, je trouve qu'un boîtier d'un tel prix (le double d'autres de grande classe) ne répond pas tout à fait à ses promesses, et je n'ai pas eu, à titre personnel de plaisir à m'en servir : un côté un peu guimbarde qu'on a mal en main, et qui fait un bruit très moche.

Néanmoins, lorsque j'ai découvert les fichiers que produisait l'engin, j'ai été épaté, et l'ai largement dit ! Et j'ai vu depuis que d'autres savaient aussi faire de bonnes images.

Jacques, Pote, par ailleurs, décrit la manière de cadrer différence en télémétrique et en reflex. Il a raison, de manière évidente, ne serait-ce que par ce que le télémétrique est incapable de voir et de faire, cadrant toujours un peu à côté… Mais ce système de visée légère, à la mise au point ultra-rapide, avec un cadre dessinant l'espace, est vraiment séduisant.
Néanmoins, je pense que s'il utilisait des boîtiers à vraie belle lumineuse et large visée reflex (les Nikon F2-F3 et suivants pour ne pas se cacher), il changerait —un peu— d'avis, même si bien entendu l'œil ne saisit pas l'espace de la même manière que dans le viseur d'un Leica M6.

  
Il est exact qu'un autre fil aurait pu être ouvert.

Mais la question posée par Naufrageur se réduit à une question plus simple, fondamentale pourrait-on dire s'il s'agissait d'un sujet sérieux : qu'est-ce qui fait une "bonne" photo aux yeux de son auteur ?

Est-ce que, dans un contexte où l'on est pas astreint à un résultat, ce qui diffère par exemple du cas du photographe pro qui couvre un match de football, la probabilité d'une "bonne" photo est bien une probabilité, par conséquence dont la chance d'intervenir est une fonction du nombre d'essais, ou bien pourrait-on faire la bonne photo en un seul essai, à l'image de l'archer japonais ? Ou alors, troisième possibilité, est-elle l'effet d'un instant "magique" totalement dû au hasard, indépendant de toute volonté ?

On dit que d'un nombre infini de singes tapant au hasard à la machine, la probabilité d'obtenir in fine le manuscrit de Hamlet est non nulle. Mais la photo n'est pas un processus aléatoire ou automatique (à moins d'en faire un procédé) et il est permis de se demander si le grand nombre, autorisé à coût marginal par le numérique, est un gage de qualité. On rapporte que de nombreux photographes argentiques "d'instants décisifs", dont Cartier-Bresson lui-même, étaient des déclencheurs fous, libérés des contraintes économiques et contingentes (développements, tirages de lecture, ...).

Ce qui tendrait à confirmer que du nombre naît la qualité, et pourtant c'est une ou deux images que l'on retient sur une grande série, les autres prises de vues se trouvant ainsi renvoyées au rang des inutilités. Ce qui contraste nettement de la pratique d'Ansel Adams, plus proche de la peinture - difficile de mitrailler avec une 20x25 !

Ce qui m'amène à un deuxième point : la photo est un processus en 3 temps, tous essentiels : 1) voir 2) imaginer donc cadrer et déclencher 3) après un temps plus ou moins long, faire une relecture hors du contexte et sélectionner : vérifier que l'on retrouve l'intention et une émotion puis choisir.

Mis à part pour des sujets en mouvement, ou très changeants, il n'est pas nécessaire de multiplier les essais à l'étape 2, numérique ou pas. A la rigueur faire un peu de bracketting, ou quelques essais, à moindre coût en numérique. Mais si l'on en fait trop, l'étape 3 devient difficile.

La déclenchite numérique n'est donc pas une fatalité. C'est une question d'inspiration et de méthode.

Quant au fait que je sois moins à l'aise avec le reflex, ça n'est pas une question de qualité de viseur, mais plutôt le fait que l'on y voit la photo plutôt que le sujet : les étapes 1 et 3 interfèrent et se brouillent. Surtout avec un zoom.
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Raymond Depardon, Errance

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