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J'aime bien les histoires et certains ici les racontent à merveille en photos.... Mais peut être certains, certaines, aimeraient aussi raconter une belle histoire sans photo, ou pas forcément avec... Comme c'est mon cas et que mes manuscrits s'entassent dans les tiroirs j'ai eu envie d'ouvrir un fil "à lire", plus qu'à regarder. C'est donc ici et maintenant, ou demain... On veillera, si cela vous tente, à ne pas faire trop long... La photo d'illustration est acceptée. Quant au style, Picdélien obligé. Donc, à vos plumes. Et pour commencer cette j'espère longue série...je commence _____________________________________________________ Ma Picdelle histoire du jour dans le métro parisien. Je ne sais pas comment, mais ce matin je me suis retrouvé à prendre le métro. Porte Dauphine. J’aurais préféré Porte 404, mais il paraît qu’il n’y en a pas…ou plus ! Comme c’est le début d’une ligne j’ai pu, sans problème, m’asseoir ; la rame s’est remplie peu à peu si bien qu’au moment du départ toutes les places étaient occupées. Alors, étant donné que je n’ai pas d’iPod, ni d’iPhone et que je n’aime pas la presse gratuite offerte de force et à lire dans le métro, je me suis contenté de regarder les gens. J’aime bien, regarder les gens. J’en connais d’autres qui eux font des photos à cet endroit. J’ai essayé, mais je n’y arrive pas. Trop pas le courage d’affronter une éventuelle réaction… Station Charles de Gaulle une dame monte, elle a un sac en toile un peu lourd et la petite cinquantaine joyeuse, je le vois dans ses yeux. Elle tourne la tête, à droite à gauche –ou le contraire, je ne sais plus -. Son regard croise le mien, forcément puisque je regarde les gens, aussi. Alors, sans vraiment réfléchir, je lui fais un petit signe de la tête, accompagné d’un léger mouvement de ma main droite montrant le siège sur lequel je suis assis. Ce qui signifie pour les personnes qui ne se parlent pas en général, (pas à cause qu’elles sont muettes mais à cause que dans le métro, on ne se parle pas, c’est la règle) : « Voulez-vous vous asseoir, madame ? ». Dans un gracieux mouvement de tête souligné par une petite moue polie elle me répond, en langue de métro, « Mais, non, c’est gentil, mais ça va, je peux rester debout ! ». Et moi, toujours dans le même élan silencieux, je me lève, m’écarte d’un pas sur ma droite et de la main du même côté, tout en faisant une légère rotation, je libère mon siège et l’invite à s’asseoir. Avec un joli petit sourire elle accepte et, au moment où nos corps se croisent à se toucher (c’est normal il y a maintenant beaucoup de monde) elle me glisse presque à l’oreille « J’espère que je ne fais pas si vieille que ça ! ». Alors, je l’ai laissée s’asseoir, me suis baissé lentement vers elle jusqu’à atteindre son oreille et lui ai dit : « Non madame, cela s’appelle simplement de la galanterie ! » A nouveau elle a levé la tête vers moi et elle m’a répondu avec plein de picdels dans les yeux : « ça existe donc encore ? »… Je me suis éloigné, me glissant entre une grande perche qui jouait au Scrabble sur son iPhone, un zonard qui entamait sa énième canette de bière du matin et une maman qui portait son bébé attaché dans son dos…le monde allait, ainsi. Un peu plus tard la dame s’est levée pour sortir, au passage elle s’est approchée de moi et elle m’a dit « Merci monsieur. » Je lui ai répondu « De rien, bonne journée madame ». C’était à la station Rome. |
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Édité 2 fois, dernière édition par Tromer mardi 22 juin 2010 à 14h18 | ||
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Bonne-Nouvelle | |
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Bonne chose, à quand la suite On va essayer de s'y mettre | |
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HB qui semble aimer les belles histoires, interroge...
Bonne chose, à quand la suite :wink: On va essayer de s'y mettre Pas de suite car ce n'est pas un feuilleton. Simplement une page ouverte à qui aurait l'humeur à raconter, en quelques signes, une petite histoire, une anecdote, un fait marquant qui mérite un peu de soin à l'écrire, un peu comme on peaufine son cadre et sa lumière |
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Tu m'en veux ou pas | |
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Non, pourquoi devrais-je t'en vouloir ? |
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Tant mieux j'en raconterai une | |
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Une phrase de la nouvelle de Tromer : elle me glisse presque à l’oreille « J’espère que je ne fais pas si vieille que ça ! »
A chaque être sa personnalité, une femme me susurre à l'oreille cela et mon imagination vagabonde... Et vous ? L'idée d'un univers infini me rend fou |
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Ah, pour une imagination vagabonde... j'en ai | |
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A mon tour...
Ce fut a onze heures, aujourd'hui, que marchant des grands pas vers la gare du quartier sous une pluie torrentielle, fouetté par un vent divin, je réfléchissais en écoutant de la musique punk italienne, à la nature de la religion et en particulier de celle musulmane. Mes pas suivaient le rythme forcené de la musique et de mes pensées. Le regard hypnotisé ne voulait pas quitter le sol trempe d'eau, quand tout d'un coup je sens un regard sur moi. Je m'arrête, regarde en face, personne, puis tourne la tête de l'autre côté de la rue… trois femmes dont un enfant d'environ six ans. Celle plus proche du bord de la route est en train de parler en me regardant dans les yeux. Etonné je me retourne pour voir si elle parle à quelqu'un qui serait derrière moi, personne. J'enlève mes écouteurs et je la regarde… "Nihongo wo wakarimasuka?" ( vous comprenez le japonais?) me questionne-t-elle d'une voix aimable. "Hai" fis je en me rapprochant du trio, encore pris par mes pensées. Elle se baisse, chouchoute quelque mots à l'oreille de la petite qui me tend aussitôt un petit opuscule d'un rassemblement chrétien… Je regarde l'opuscule, je lève la tête et j'aperçois les trois femmes prostrées dans une profonde révérence, qu'elles quittent aussitôt pour partir sans rien dire… Je repars en direction de la gare, étonné par l'étrange coïncidence, quand un coup de vent retourne mon parapluie qui s'envole soudainement à quelques mètres de moi. PeppinoPerplessO PeppinOMeccanicOPeppinOMeccanicOPeppinOMeccanicO |
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C'est le vent divin...qui chouchoute à l'oreille des enfants !
J'aime. Merci PeppinO |
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Édité 1 fois par Tromer mercredi 23 juin 2010 à 16h17 | ||
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C'est le pied ce fil L'idée d'un univers infini me rend fou |
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La suite | |
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Très bonne idée ce fil (décidément, Tromer est l'incarnation du picdel) mais alors quelle déprime...
Sachant que je n'ai déjà pas le temps de faire des photos, alors qu'en un centième de seconde c'est fait. Comment je vais trouver le temps d'écrire ? Pourquoi pas des tablettes d'argile pendant qu'on y est ? A moins de recycler les écrits du boulot. ça tombe bien, je viens de finir quelques pages sur les sceptiques du changement climatique et la question de la légitimité... |
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En 1989, j'ai lu un roman La promanade en mer d'André Mauprat qui n'a pas cessé de me hanter depuis. Dix ans plus tard, j'écrivais un résumé que j'ai envoyé à la revue de littérature Le Matricule des Anges. Il fut édité dans la rubrique consacrée aux lecteurs. Je n'ai pas relu ce texte, ni le roman depuis, mais je continue, obsessionnellement, à penser à ce livre.
Je m'éloigne certainement du thème proposé par Tromer mais j'ai envie de vous faire partager ce texte. Texte paru dans le Matricule des Anges, numéro 25 de janvier-février 1999 La promenade en mer De la plage du Bouil, j'aperçois au loin les contours de l'île de Ré. Je ne suis jamais allé à l'île de Ré. Mais son nom me paraît familier. Je pense à une chanson de Claude Nougaro (Dans l'île de Ré, Ma belle adorée...) et surtout au roman d'André Mauprat*,La Promenade en Mer. J'ai lu ce livre à sa sortie en 1989 et il m'a profondément marqué.Il y a des livres que l'on oublie dès que l'on a terminé de les lire, même si leur lecture nous a procuré du plaisir. D'autres livres restent présents en nous pour toujours, ils sont rares mais La Promenade en Mer fait partie de ceux-là. Un homme, au seuil de la mort, écrit une longue lettre à sa fille Hélène âgée de 26 ans pour lui faire des révélations sur les années de tourment qu'ils vécurent ensemble. La mère d'Hélène s'est suicidée peu de temps après sa naissance. Placée en nourrice jusqu'à l'âge de 10 ans, le retour au domicile paternel sera difficile. A l'adolescence la crise éclatera. Dans cette relation très tumultueuse entre un père et sa fille, seule leur passion commune pour la mer et les opéras de Mozart ("c'était ce soir-là que pour la première fois, n'est-ce pas? nous avions écouté ensemble, d'un bout à l'autre, un opéra de Mozart, cette Flûte Enchantée ....") leur procurera la félicité. Le père achète une maison à l'île de Ré et acquiert un dériveur, un quatre mètres vingt. L'auteur décrit magnifiquement leurs sorties en mer. Tout lecteur qui se sera essayé à la pratique de la voile sera ému en lisant ces lignes. "Suspendue entre le ciel et l'eau, rayant l'azur d'une diagonale de chair, ne touchant plus aux choses que de la pointe du pied sur le liston et du mince fil d'acier qui te rattache au mât, tu creuses encore tes reins et étends tes bras en arrière comme si, d'un dernier élancement, tu voulais tout à fait quitter le monde, te délivrer de la pesanteur, te perdre dans la lumière et le vent. Et les jambes écartées, les bras en croix, la face basculée contre le ciel, les paupières closes, dans cette pose à la fois tendue et abandonnée, ardente et livrée, tu semblais gouter une félicité prodigieuse" Hélène connaît une passion tragique avec un garçon sans scrupule. Après le drame (le citer enlèverait du plaisir à ceux qui voudraient lire ce livre) son père, professeur d'histoire, accepte un poste aux USA, à l'université de Yale puis à Cambridge en Angleterre. Hélène l'avise par courrier de ses fiançailles et de son mariage avec Vincent, avocat stagiaire. Apprenant qu'il est atteint d'une maladie incurable, il décide de revoir sa fille une dernière fois. Il trouvera une femme de 26 ans, épanouie et mère d'une petite fille. "Cette femme épanouie, cette femme posément radieuse dont tu dressais devant moi la brisante splendeur, elle affirmait simplement que n'était plus, que ne serait plus jamais celle que tu fus, dont peut-être déjà à peine tu te souviens, et qui si violemment, si lancinamment me tourmenta: la fille maigre à force d'être mince, transparente à force d'être pâle, et dont les yeux consumaient la face -l'adolescente, puis la femme aux gestes trop abruptes, aux humeurs trop imprévisibles, aux élans trop tendus, aux passions trop murées, qui m'est toujours restée plus mystérieuse qu'une étrangère et dont, durant tant d'années, j'ai tant redouté." La Promenade en Mer André Mauprat Editions La Manufacture 791 pages, 110 FF *André Mauprat est psychiatre au centre hospitalier spécialisé de Charleville dans les Ardennes. Il a publié en 1986 sous son vrai nom, André Jeannot, un essai sur Balzac (Honoré Balzac, le forçat de la gloire) préfacé par Félicien Marceau de l'académie française. Ce livre fut distribué par les laboratoires Ciba-Geigy et n'est pas disponible dans le commerce. J'avais entendu à la radio une interview de Félicien Marceau à propos de ce livre qui s'offusquait qu'un livre de cette qualité ne soit disponible qu'aux seuls médecins, incapables d'en apprécier les qualités, par l'intermédiaire de la visite médicale. Je ne sais pas si André Jeannot a écrit depuis d'autres livres. |
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Jacques, pote
Ça tombe bien, je viens de finir quelques pages sur les sceptiques du changement climatique et la question de la légitimité... Et cela m'intéresse énormément. Cette section picdelique peut recevoir la synthèse de ton choix, en attendant mieux. |
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Michel, merci de nous faire partager ce résumé sur l'Ile de Ré, c'est mieux écrit que le mien | |
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J'ai retrouvé au fond d'un tiroir ce texte écrit en 1991 sur le thème de l'obsession. Je ne l'avais jamais relu. Je vous le livre sans retouche. Soyez indulgent
La fistule Longtemps rythmée par les séances de dialyse, ma vie devint un grand trou noir abritant un monstre tentaculaire, ma fistule. L'année quatre vingt est une cassure dans ma vie. Je m'étais rendu à l'hopital pour procéder à l'extraction d'une dent de sagesse. La veille de l'intervention, l'anesthésiste entra affolé, brandissant mon bilan biologique. - Avez-vous consulté un médecin ces derniers mois, Monsieur Cottard? me lança-t-il sans même se présenter. - Non docteur, pas depuis plusieurs années. Il paraissait embarrassé, hésitant à poursuivre la conversation. Ma gorge se serrait, ma bouche devenait sèche. - Ecoutez, je serai franc et direct. Nouveau silence pesant comme une chappe de plomb sur mes épaules. - Vos reins sont malades, très malades et ils n'assurent plus leur travail. Il est impensable de vous opérer dans un tel état d'insuffisance rénale. Un traitement par dialyse s'impose en urgence, et nous réaliserons parallèlement le bilan étiologique. Mes muscles étaient tétanisés. Je n'avais pas compris d'emblée la réelle signification du mot dialyse. Dans les heures qui suivirent, j'étais transféré dans le secteur de réanimation, ficelé à un lit par des tubulures plastiques et des fils enregistreurs. J'abandonnais mon corps à tous ces médecins en blouse blanche, plus intéressé par mes chiffres de créatinine que par mon désarroi moral. La seconde étape fut la réalisation par un chirurgien d'une fistule artério-veineuse au niveau de l'avant-bras gauche avec pour corollaire, je le compris rapidement, le passage en dialyse pour des mois, des années attendant la réalisation d'une transplantation. Je regardais battre ma fistule. Elle me paraissait étrangère, mais je devais bien admettre que mon sang l'avait colonisée et modelée. Elle était devenue mienne. Sorti du service de réanimation, je fus pris en charge par un néphrologue pour établir la planification de mes séances. D'une cinquantaine d'années, son physique affable engageait à la confidence. Au fil du temps, une certaine complicité s'établit entre nous. Nous profitions des rares moments de repis dans son travail pour échanger nos impressions sur les livres que nous avions lus. Je m'habituais à cette nouvelle vie, tentant de mettre à profit le temps passé à l'hôpital pour relire à le recherche du temps perdu. de Marcel Proust. Une nuit, je m'éveillai en sursaut couvert de sueurs. Je venais de rêver qu'un couteau tranchait ma fistule, la transformant en un jeyser de sang rouge flamboyant. J'eus bien du mal à me rendormir. Je repensai le lendemain matin à ce cauchemar et je me rendis compte de la fragilité de ce montage, auquel était suspendu ma vie. Je ne pus me rendre à mon travail et je passai la journée à écouter le quintette en sol mineur de Mozart, sublime musique mêlant le tragique à la tendresse. Je tentais vainement d'oublier ces images terribles, mais elles s'imposaient constamment au devant de mes yeux. Je racontais ce rêve au médecin qui tentât de me rassurer en me certifiant qu'en tel accident était certes possible mais demandait un concours de circonstances exceptionnelles. Cependant je savais que l'exceptionnel existe. Je cherchais une parade et je passais en revue les actes de la vie courante pouvant être responsables de ce drame. Je pris de suite le résolution d'abandonner tout travail de bricolage. Cette décision était lourde de conséquence pour moi. Je m'étais passionner pour la réalisation de maquettes de navires en bois. Ce travail neccessitait l'utilisation d'objets contendants tels cutter, scie et perceuse, devenus de redoutables armes blanches. Durant les semaines suivantes, je connus un certain appaisement. Je crus, bien naïvement, que j'étais à jamais dérrasser de cette terrible image. J'acceptais une invitation pour une soirée donnée par un ami. D'ordinaire j'évitais de telle réunion, craignant de devoir expliquer ma maladie pour satisfaire la curiosité de convives. Ma joie fut comblée par les retrouvailles avec d'anciens camarades de classe. Très unis durant le lycée, nos horizons avaient brutalement divergés après le baccalauréat: médecine pour Marcel, études commerciales pour Laurent et l'informatique pour moi. Ils étaient mariés, père de famille et menaient une existence bourgeoise. Ils s'étonnaient de mon isolement. J'en connaissais la cause: la maladie qui me tenait à distance des autres par un fossé infranchissable. Il en était de même pour mes rapports avec les femmes. Devoir expliquer cette vie en pointillé me faisait renoncer à les aborder. L'ambiance était chaleureuse. Des couples dansaient tandis que la majorité des invités se déplacer le long du buffet. Je pris place dans la file, me servant au gré de mes envies. Soudain, je me trouvais face à une énorme pièce de viande froide, un gigôt, à côté duquel luisait un long couteau de métal brillant. Je restais pétrifié. Je sentis un frisson me parcourir le dos, m'empêchant tout mouvement. Les voix des invités se transformèrent en un brouhaha compact. Et je revis l'image de ma fistule explosant dans un flot de sang. L'entourage s'aperçut de mon malaise et me convia à m'allonger. Je défis mon pull-over, et ma chemise à manche courte laissa apparaître ma fistule vers laquelle convergeât tous les regards. Je partis dès que possible, rageant de mettre donné ainsi en spectacle, n'ayant su maîtriser mes émotions. La nuit fut très agitée. La vue d'un couteau avait suffi à m'abattre tel un château de carte sous un simple courant d'air. J'hésitai à ouvrir le tiroir du buffet où je rangeais ces lames d'acier. Je pris la décision de ne plus utiliser de couteau. J'étais lucide et je me rendais bien compte des conséquences sur ma vie courante. Impossible désormais d'accepter toute invitation au restaurant, nécessiter de prendre mes repas en dehors des séances de dialyse, modification radicale de mon mode d'alimentation. Ma décision était irrévocable. Je mis au point de nouveaux menus basés sur l'utilisation d'aliments lyophilisés, de poisson et de céréales. Cependant, ces mesures ne furent pas suffisantes pour tenir à l'écart l'image qui s'imprimait sur ma rétine. J'étais naïf de penser que le transfert de mon angoisse sur un objet puis son éviction suffirait à me redonner la sérénité. Cette image obcédante de la rupture de ma fistule occupa une place croissante dans mon existence. Jaillissant de mon inconscient à son bon vouloir, elle ne tenait aucunement compte de mes activités du moment. Je finis cependant par trouver une parade. Au début mes gestes étaient désordonnés, puis ils s'organisèrent en un rite bien établi. Dès l'aura, je dégageais mon avant-bras gauche des vêtements qui l'enveloppaient. Je le posais précieusement sur une table après y avoir placé une étoffe de flanelle. Je regardais longuement battre ma fistule, imaginant les millions de globules rouges qui s'y élancaient. Puis je frôlais de la paume de la main droite le vaisseau, sorte de prémisse d'un jeu amoureux entre elle et moi. Enfin, j'exerçais une légère pression, me permettant de capter ses ondes vibrantes. Cette gestuelle me permettait d'éviter de sombrer dans l'angoisse la plus totale. Mais ce rite, inoffensif en soi, me procura un gêne croissante dans mes activités. Il m'obligea plus d'une fois à quitter inopinément des réunions, prétextant un mal de tête, pour regagner mon bureau. Pourtant, il était indispensable pour me sécuriser, pour me démontrer que j'existais. Depuis, ma vie est une cérémonie orchestrée par un mystérieux génie. Si je me refuse à lui obéir, sa colère me conduit dans l'horreur. Par deux fois, j'ai renoncé à me rendre à des appels de greffe. Que deviendrai-je sans ma fistule? Avril 1991 CHILLOT Michel |
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Très beau texte, sans indulgence, histoire délicate et pleine de tendresse | |
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Tromer, comment il se peut qu'il n'y ait plus de porte 404 ?
Je vais chercher de mon côté ! Puisqu'on est encore sous l'influence nippone des images de Marielle, Coignet et Peppino Meccanico, un petit extrait de Chroniques de l'oiseau à ressort de Murakami; ...tous les éléments s'entremêlaient comme les pièces d'un puzzle en trois dimensions. Un puzzle où la vérité n'était pas forcément la réalité, et la réalité n'était peut-être pas la seule vérité. touche pas à mon hamac !
http://barnackla404.blogspot.com/ |
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Ah 800 et quelques pages, que j'ai bues en deux jours PeppinOMeccanicOPeppinOMeccanicOPeppinOMeccanicO |
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Les gars vous êtes bien mignons, mais ce fil est réservé aux Picdels écrivains ( en herbe ) Ici vous racontez une histoire avec des mots, les vôtres Vous pouvez cependant donner votre avis, ce ne sera que mieux | |
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15h25. Catherine et Martine venaient de nettoyer un peu la nappe en papier afin d’apporter le dessert. Les enfants couraient dans le jardin pieds nus… Les bouteilles étaient vides et dans sa carafe le rosé était désormais trop chaud… J’étais monté me rafraîchir un peu à la cuisine et faire un café bien fort car dehors, malgré l’ombre du tilleul, les esprits s’échauffaient, eux aussi. Au loin j’entendais le ton de la conversation qui montait. Quand je suis redescendu par le petit escalier en pierres qui menait au fond du jardin j’ai croisé Mathis qui pleurait. « Qu’est-ce qu’il t’arrive petit bonhomme ? » lui demandais-je. « C’est papa il s’est fâché à cause que j’ai fait plein de tâches de cerises sur mon maillot tout neuf ! ». Quand je suis arrivé près de la table, décidé à remettre le père du gamin dans de bonnes dispositions compte tenu de la belle journée que nous passions tous ensemble, j’ai compris que le climat venait de passer à l’orage. J’avais sans doute manqué une conversation durant mon passage en cuisine. Thierry et Jean-Paul s’envoyaient des noms d’oiseaux… « Dis moi Catherine, c’est quoi le bug ? », dis-je en posant le thermos. Et la charmante épouse de Thierry me répond : « Je ne sais pas pourquoi ils se sont mis à parler politique, ou économie…bref, ils ne sont pas d’accord ! Je crois qu’on va partir… »
Je n’ai pas attendu la fin…je me suis discrètement éclipsé, prétextant un papier à terminer pour le lendemain… Il était 15h40. C’était pourtant un beau dimanche. |
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Édité 1 fois par Tromer lundi 28 juin 2010 à 12h58 | ||
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Très belle nouvelle, Tromer C'est malheureusement ce qui se passe lors de repas de famille et un peu d'alcool, le mélange explose, c'est bête Même sur les sites | |
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Par ces chaleurs, il faut absolument s'interdire de parler politique ...ou "psychanalyse" | |