Superbe !
J'ai passé beaucoup de temps à m'occuper d'églises ces derniers mois.
Un inventaire des église médiévales du Lot va paraître en janvier, je fais parti des contributeurs.
j'ai aussi quelques chapiteaux, mais pas aussi beaux que ceux qu'on peut voir en Auvergne.
Séniergues
Fajoles
St Pierre Toirac
St Michel de Banières recto
St Michel de Bannières verso
"En effet, il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement...", Thomas d'Aquin
"La séduction qu'exerce sur nous la sculpture romane vient de cette vie débordante que l'observation analytique de la nature n'a pas encore figée en canons, en expressions, en attitudes; c'est une véritable ruée de formes qui se bousculent et se compénètrent sur les voussures, les trumeaux, les tympans et les piédroits. Tout est venu confluer depuis les origine de l'humanité pour enrichir ce prodigieux vocabulaire : mythes païens et scènes chrétiennes, débris de l'antique, ornementation barbare, formes byzantines, sassanides, assyriennes, voire sumériennes, car le vieux répertoire zoomorphe des cylindres-sceaux de Summer trouva ici son ultime métamorphose". Germain Bazin - Histoire de l'art (Massin éditeur).
Vézelay Je résume :
La tradition attribue à un certain comte Girard et à sa femme Berthe la création vers 858 de Vézelay.
Au début du XIe, une rumeur se répand que les reliques de sainte Marie Madeleine y accompliraient des miracles.
En 1060, une bulle pontificale Léon IX reconnait la présence des reliques de sainte Marie-Madeleine à Vézelay. Pendant 250 ans, ces reliques exercent une extraordinaire force d'attraction et la colline devient un passage obligé sur le chemin de Compostelle.
Mais en 1295, le pape Boniface VIII reconnait au monastère provençal de Saint Maximin la possession exclusive des reliques de sainte Marie-Madeleine, accentuant le déclin de Vézelay. Comme quoi, les papes peuvent se tromper .
Mais décadence ne veut pas dire appauvrissement, car l'abbaye possède de très nombreux biens fonciers que les abbés commendataires saignent à blanc en menant grand train. Puis ce sont les dégradations de la révolution. Au début du XIXe, l'église est en piteux état.
Elle est alors restaurée par Eugène Emmanuel Viollet le Duc, engagé dès 1839 par Prosper Mérimée dont il était un proche collaborateur. Viollet le Duc avait alors 25 ans. Il était autodidacte et passionné par l'architecture médiévale. Son travail à Vézelay est quelquefois contesté mais globalement, il est plutôt jugé qu'il a été assez fidèle à ce qu'il a trouvé. L'élément le plus contesté de sa restauration est le tympan neuf du porche Ouest (jugement dernier), entièrement inventé par le sculpteur Pascal. "Misérable pastiche" qui n'a rien à voir avec l'original trouvé sur place.
Quoiqu'il en soit, la manière d'envisager la restauration des bâtiments a beaucoup évoluée en un siècle et demi et nous devons être redevables à Viollet le Duc pour ce qu'il a accompli à Vezelay.
"A gauche du chapiteau, Moïse est en train de faire passer le grain à travers un moulin. L'apôtre Paul, à droite, s'empresse de recueillir ce grain à l'aide d'un sac. La forme de ce moulin n'est pas laissée au hasard : il s'agit d'une roue portant en son centre une croix. Le grain versé par Moïse symbolise donc l'ancienne loi - la Thora que Moïse avait reçue comme loi de vie pour tout Israël - qui passée à travers le corps du Christ livrant sa vie sur la croix, peut alors devenir loi nouvelle" (Vézelay - Édition La Pierre d'Angle).
Beaucoup de chapiteaux étaient en très mauvais état. Ils ont été déposés au Musée de l’œuvre et remplacés par des copies.
Édité 1 fois par Pythéas mardi 3 janvier 2012 à 20h53
Merci pour ce beau fil, qui promet de riches heures.
J'aime beaucoup les chapiteaux d'églises, véritables livres d'images qui racontent tant d'histoires avec une telle simplicité - et tellement d'ingéniosité artistique !
Si vous en avez d'autres à nous montrer
Celle-ci, déjà postée ailleurs, est un peu "hors sujet" (puisque ce n'est pas un intérieur d'église, mais de cloître) , mais totalement d'actualité pour ses Mages :
J'aime beaucoup les chapiteaux d'églises, véritables livres d'images qui racontent tant d'histoires avec une telle simplicité - et tellement d'ingéniosité artistique ! Si vous en avez d'autres à nous montrer
Environ 150 chapiteaux jalonnent l'église de Vézelay. Je n'en ai pris qu'un en photo, car j'ai préféré acheter un bon livre explicatif sans lequel il est impossible pour un profane de saisir le sens de ces sculptures.
J'aime bien retenir en photos quelques éléments caractéristiques d'un lieu, sans chercher à être exhaustif.
Voici par exemple un autre souvenir de Saint Vital (VIème siècle) à Ravenne. Il s'agit d'une mosaïque située sur la voûte de l'abside. Le Christ est assis sur le globe terrestre. A ses côtés, deux anges de blanc vêtus. A sa droite, Saint Vital s'apprête à recevoir la couronne des martyrs. Du côté opposé, l'évêque Ecclésius offre au Rédempteur la maquette de l'église. La scène entière se déroule dans un paysage paradisiaque, parsemé de fleurs. En bas (en partie coupés sur la photo) jaillissent les quatre fleuves du Paradis (Résumé des commentaires figurant dans le guide "La Basilique de Saint Vital - Franco Cosimo Panini).
"Dans les mosaïques ravennates, l'esthétique orientale a vaincu l'esthétique grecque : formes sans modelé s’aplatissant sur la surface abstraite du fond d'or; les mouvements variés de la vie se figent en quelques attitudes solennelles; des figures empruntées à la nature il ne reste plus que des schémas stylisés; la situation de trois quarts disparaît pour faire place aux seules positions de front et de profil; la répétition voulue des gestes et des attitudes, la disposition en frise rappellent les décors de céramique émaillée des Achéménides, le goût des compositions rigoureusement symétriques suggère au spectateur le retour de toutes les formes de la création à l'unité éternelle. Le paysage disparait; seuls quelques accessoires de dimensions restreintes suffisent à situer la scène représentée" (Germain Bazin - Histoire de l'art - Massin éditeur).
Ce que dit le Michelin : "Le Christ en majesté trône parmi les symboles des Évangiles, tandis qu'au dessous deux groupes de six agneaux (les apôtres) sortent de deux villes dotées de tours : Jérusalem et Bethléem" (pas bien visibles sur ma photo, pour ne pas dire pas discernables du tout...).
J'allais poser quelques questions quant à cette façon "originale" de se présenter ainsi au photographe mais ...
.... c'est Solange qui s'est pris le "vent divin"
Puisqu'il s'agit d'un sujet dans lequel Nel et Pythéas nous avaient proposé des séries intéressantes, aurons-nous le plaisir, autour de quelques intermèdes et entremets tromerriens, de connaître quelques autres chapiteaux, nefs et colonnes ?
Cela nous soulagera de la peine du monde.
L'église de Perse est située sur le chemin de Compostelle, au bas de l'Aubrac, dans la vallée du Lot.
Elle a été construite essentiellement aux XI et XII siècles, dans un style roman très pur.
Après toute cette pierre fort belle, un peu de bois.
Du bois des églises de la Champagne Humide, entre Saint-Dizier et Troyes. Bâties aux 16ème et ultérieurement avec les matériaux disponibles sur place, c'est à dire pas de pierre sauf pour les paroisses les plus riches.
Ici à Lentilles, du bois comme dans les Maramures ou plus généralement les Carpathes de l'Ouest, mais aussi de l'argile disponible localement en quantité.