je vous propose une autre série bien différente des précédentes.
Différentes de par le lieu : nous quittons le nord de la Seine pour la Basse Normandie et plus précisément Bellème, charmante bourgade du perche Normand (Orne). Là, les briques sont rares et laissent place à la pierre. Bellème comporte une ville haute avec de nombreuses petites ruelles pavées. Comme souvent les photos sont réalisées dans un délai assez court, lors de ma pause de midi ou le sandwich remplace le restaurant et me permet de me dégager un peu de temps.
Ces photos sont différentes par la technique utilisée : matériel argentique teuton (R8 + Elmarit 28) et film noir et blanc. J'ai opté pour le couple APX 100 développé dans du Rodinal qui est en passe de devenir pour moi le "gold standard" pour la sensibilité 100 ISO.
Photos réalisées en juin 2008, par temps couvert.
Vue "typique" du type d'architecture retrouvée au niveau de la ville haute
Solive. La maison derrière le mur semblait toujours habitée. J'ai pourtant l'impression que l'ajustement avec le mur n'est pas très jointif
Fenêtre (ou porte ?) murée avec un appareil hétéroclite de pierres et de briques plates. Je n'ai pas pu centrer le sujet, il y avait des fils électriques beaucoup plus récents qui passaient
Détail. L'éclairage oblique met cette fois en relief la pierre
J'apprécie ton goût pour la quête de détails, qui amène à une pratique très minimaliste de la photo, comme avec ta vue de ce grand mur entre cour et rue, élément de base du paysage villageois de ces régions, et d'ailleurs d'une grande partie des ensembles bâtis ruraux français.
On observe sur ce mur une zone sombre à mi-hauteur, probablement liée à la zone d'évaporation de l'humidité circulant dans le mur par capillarité. Ceci peut-être renforcé par le rejaillissement de l'eau de pluie depuis le revêtement de la rue, ainsi que par le ruissellement de l'eau depuis les pierres de couvrement, le mur étant protégé ainsi en partie haute, mais pas sur toute la hauteur.
Sur la deuxième image, en effet, l'ajustement entre la poutre et le mur n'est certainement pas très jointif, car c'est à peu près impossible, le bois effectuant des dilatations et retraits. Les mortiers et plâtre côté intérieur font office d'étanchéité à l'air, l'épaisseur courante de ce type de mur permettant d'avoir éventuellement quelques infiltrations ponctuelles au droit de la poutre en cas de pluie battante.
Sur la troisième, il s'agit certainement d'une porte. On trouve rarement ce type d'arc pour des fenêtres. Mais comme elle a été bouchée en deux fois, peut-être le premier bouchement en pierre, qui forme une allège, a-t-il été fait dans le but de créer un appui de fenêtre, ultérieurement supprimé lorsqu'on a bouché totalement cette baie.
Tes désirs sont des ordres.
J'avais envie de mettre en scène ces différences de couleur de pierres, la terre utilisée en liant, le bois du linteau et la courbe intéressante de la fibre, d'où l'adoption de très gros plans, par opposition aux photos que j'ai pu faire antérieurement, dont le but était pédagogique.
Merci, j'avais bien compris l'aspect pédagogique ( j'aurais du le préciser ), j'aime mieux cette dernière, le contraste avec le bois, des matières différentes et vieillies
C'est là que l'échange à travers un forum prend tout son sens : après examen de mes photos de ce jour là à tête reposée, j'ai trouvé intéressantes les vues de très près, en plongées dans les matières, et n'ai pas vraiment reconnu ce que j'aurais aimé montrer avec les vues plus larges, raison pour laquelle je n'en ai pas conservé dans cette sélection.
Finalement, tu préfères celle que j'avais écartée, signe que l'on est souvent médiocre lecteur de ce qu'on fait soi-même !
J'aurais fait le même choix que Coignet en optant pour "La matière" plutôt que pour une photo anecdotique, dont on peut se demander pourquoi elle n'est pas plus explicite (cadrage plus large), et qui correspond moins bien au thème du fil.
J'aime tout particulièrement la première photo, avec ces pierres de 3 couleurs différentes, le tout dans une belle lumière de fin d'après midi .
Les rendus (couleur et texture) sont superbes. On reconnait le savoir-faire de notre ! Bravo, vraiment !
La photo plus large, ouverte sur le ciel, me plait moins, car plus banale, et moins bien équilibrée, il me semble , même si je comprends le souhait de HB d'en voir davantage...
Retour hier devant l'un des murs qui ouvre ce sujet, photographié initialement en 2006.
Maison paysanne isolée entre Apt et Roussillon.
Les cadrages sont plus larges et l'herbe a poussé !
Belle série laurent. Merci car tu sais combien j'apprécie cette thématique.
Comme toujours des cadrages tirés au cordeau et une mise en valeurs de la texture par un éclairage adapté (tu as la chance d'avoir une lumière que nous n'avons pas ou peu dans nos régions septentrionales).
la première (mise en valeur de la pierre) et la 3ème (mise en situation du mur)sont mes préférées.
Par contre la dernière me semble un poil surex avec un éclairage un peu plat par rapport aux autres.
Merci pour vos commentaires.
Fred76 : La dernière n'est pas du tout surexposée. Si vous la percevez ainsi, c'est que ma préparation n'est pas bonne ! Il ne manque rien sur le fichier raw d'origine. J'ai voulu la rendre lumineuse et pas trop contrastée, peut-être au détriment du relief et de la texture des pierres les plus claires ?
Je remettrai mon fichier sur l'ouvrage.
Marielle : l'arbre est toujours là, c'est l'heure qui est différente.
J'ai néanmoins repris un tout petit peu le fichier suivant la remarque de Fred76.
Voici la confrontation de la photo de 2006 et de celle d'aujourd'hui.
J'en ai refait plusieurs, et j'ai trouvé amusant, rétrospectivement, de voir que j'avais fini par refaire presque le même cadrage que trois ans plus tôt. En été 2006, l'herbe n'était pas ainsi présente, probablement avait-elle été fauchée, et de plus brûlée par la chaleur de l'été.
La photo de 2006 a été faite en début d'après-midi, et celle de 2009 en fin de matinée.
été 2006 - Leica R4 - 2/90 R
printemps 2009 - Nikon D700 - 1,8/85 F
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EDIT : j'ai remplacé les fichiers
Édité 1 fois par coignet vendredi 3 avril 2009 à 15h08
C'est rigolo, je préfère quant à moi celle du printemps 2009 : la couleur verte de l'herbe tranche et met davantage en perspective les pierres rouges (quel beau mur !), tandis que l'ombre de l'arbre sur celle de 2006 m'a toujours un peu génée...
Comme quoi des goûts et des couleurs...
Mais tout ça est très subjectif sur une imagette Jpeg.
Il serait intéressant de comparer des tirages.
A défaut, peux tu nous faire comparer des CROP 100%
Je ne veux surtout pas ouvrir de débat stérile mais, dans le domaine précis de l'architecture, je trouve que les optiques Leica sont bien supérieures à celles de chez Nikon : absence totale de distorsion, piqué, et plus subjectif, couleurs au rendu plus fidèle. J'ai aussi de vieilles optiques Nikon (non AI) dont le rendu est plaisant pour le portrait ou le paysage. Bref, l'archi est un domaine exigeant qui permet de faire rapidement la différence entre les matériel
Il faut dire que contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là, un bon numérique avec une bonne optique ne "brûle" pas les blancs ou les zones claires.
Voici une copie d'écran dans Capture One :
Mais, lorsqu'on cherche du dynamisme sur une réduction en jpeg, la recherche de valeur flirtant avec le blanc est beaucoup plus difficile qu'en argentique, pour une raison simple que j'ai pourtant mis quelques mois de pratique à comprendre : il n'y a pas de grain. En argentique, la présence de ce grain fait que même dans les zones très claires, lorsque du détail a été saisi, il y a des grains vraiment plus foncés que la valeur dominante d'origine qui perdurent même lors d'un traitement un peu vigoureux en contraste au tirage ou au scannage. En revanche, en numérique, il n'y a pas de grain, et pour conserver la perception de matière, le travail des nuances doit être beaucoup plus fin et il est, —avec mon expérience actuelle—, plus difficile, surtout sur une image réduite pour l'écran qui perd forcément beaucoup d'informations.
Il serait intéressant de comparer des tirages. A défaut, peux tu nous faire comparer des CROP 100%
Oui, je le peux. J'ai repris exprès les fichiers d'origine. Mais il faut bien avoir en tête qu'un "crop" ne renseigne pas sur le rendu d'un tirage.
Détail des fichiers
Scanner de film Nikon, Leica R4 et 2/90 :
Nikon D700 et 1,8/85 :
Au passage (et ceci n'a rien à voir avec le fait que ce soit numérique ou non), il est très intéressant de voir l'influence de l'orientation du soleil sur les modelés, et donc sur la lisibilité des informations des photos.
Fred76
Par grand soleil avec une lumière dure et de fortes zones contrastées, j'ai tendance, en numérique, à sous exposer de - 0,3 à - 0,6 IL. Fais tu pareil ?
Non, je ne le fais pas. Comme en argentique, je rectifie légèrement manuellement la mesure moyenne de la cellule, ou fais la mesure sur les zones les plus claires, et travaille en manuel. J'aime conserver mes réglages choisis, que ce soit avec une cellule à main, ou avec un boîtier comme celui-ci. En grande majorité des cas, je suis très content des résultats. Il reste juste à apprendre encore à obtenir le meilleur des résultats enregistrés, qui sont très très bons avec ce matériel.
Fred76
J'aurai tendance à avoir la même réaction que HB. Je trouve la première plus piquée que la seconde.
Comme on le voit ci-dessus avec les détails, elle ne l'est pas. Pour avoir la sensation de piqué en réduisant autant un fichier, il faut accentuer, sinon, c'est très très mou, surtout sur ce genre d'images fourmillant de détails. Pour cette petite confrontation de ces deux images, j'ai repris tout à l'heure le fichier TIF d'origine du cliché de 2006. Lorsque je l'ai réduit, il manquait justement plus de sensation —subjective— de piqué que ce que j'avais obtenu avec le Nikon. Je trouve que la réduction d'un fichier numérique détruit moins cet aspect là des choses, que la réduction d'un fichier issu de scanner de film. Voici les fichiers repris, et réduits avec accentuation exactement identique :
Scanner de film Nikon, Leica R4 et 2/90 :
Nikon D700 et 1,8/85 :
Fred76
Mais tout ça est très subjectif sur une imagette Jpeg.
Oui, comme dit juste ci-dessus, car en fait, la sensation de piqué est due à la manière dont j'ai réglé, à l'œil faillible, l'accentuation finale de la réduction pour l'écran. Dans ce cas, la lumière étant très différente lors de ces deux prises de vues, et la dernière ayant eu un soleil plus agressif, il est très difficile d'en juger.
Fred76
Je ne veux surtout pas ouvrir de débat stérile mais, dans le domaine précis de l'architecture, je trouve que les optiques Leica sont bien supérieures à celles de chez Nikon : absence totale de distorsion, piqué, et plus subjectif, couleurs au rendu plus fidèle.
C'est ce qui m'avait amené à Leica, et c'est la raison pour laquelle j'ai conservé et modifié mon 15mm Leica R pour l'utiliser en baïonnette Nikon F.
Dans le cas présent, le 85 mm f1.8 n'a pas de distorsion. Concernant les autres que j'utilise actuellement, le 50mm Ai en a un peu plus qu'un summicron de 50mm. Le 25mm Zeiss, pas plus que le 24mm Leica R.
On parle bien entendu de la gamme R, car dans la gamme M, la distorsion est beaucoup plus présente.
Concernant les couleurs, la gamme R est très homogène en rendu, c'est surtout ça qui fait la différence. Les optiques sont calées pour pouvoir être utilisées les unes après les autres en diapo et rendre les mêmes températures de couleur, généralement un peu chaudes.
Les Nikon Ai sont, de ce point de vue, plus hétérogènes.
Néanmoins, il faut comparer des optiques d'une même génération. Ainsi, les récentes Leica R ont une température de couleur beaucoup plus froide que les anciennes.